pourquoi compter les victimes de l’attaque du Hamas était si difficile – Libération
L’ampleur du massacre du 7 octobre a longtemps rendu difficile la mesure de son ampleur exacte. Et aujourd’hui encore, un an plus tard, différents chiffres circulent concernant le bilan, même si tout le monde s’accorde sur un total proche de 1 200 morts, dont une grande majorité de civils.
Durant le premier mois qui a suivi les attaques du Hamas sur le sol israélien, le 7 octobre 2023, le bilan humain était très incertain : aucune source officielle présentant la liste des victimes, leur nom, leur sexe, leur âge ou leur statut (civil, militaire) ou la police). Une première estimation évalue le nombre de victimes à environ 1.400. Cependant, tous les corps n’ont pas été retrouvés, ni ceux découverts identifiés.
Mi-novembre, les autorités israéliennes ont revu sensiblement à la baisse ce premier bilan, passant de 1 400 à 1 200 morts. Comme nous l’expliquions dans un article publié début novembre, sur « environ 1.400 corps » parmi les victimes amenées aux morgues, un nombre important appartenait en fait à des assaillants venus de Palestine.
Bien qu’encore provisoire, ce bilan établissait alors environ deux tiers de civils parmi les victimes, et suffisait alors à réfuter les allégations colportées sur les réseaux sociaux qui, minimisant la part de civils tués, affirmaient que la majorité des morts du 7 octobre étaient des militaires. . . Dès les premiers jours qui ont suivi l’attaque, le Hamas a toujours soutenu que les civils n’étaient pas visés, malgré d’innombrables preuves du contraire.
Inversement, les précisions progressivement apportées sur le bilan ont également permis de mettre à mal des éléments de la propagande israélienne, et notamment l’allégation macabre des 40 bébés tués par le Hamas dans le seul kibboutz de Kfar Aza, invalidée par toutes les informations disponibles : en décembre, La Sécurité sociale évalue ainsi le bilan total des morts de l’attaque à 695 civils israéliens (hors forces de sécurité), dont 36 mineurs, dont deux bébés.
Le bilan n’a cessé d’évoluer ces derniers mois, l’identification de certains restes humains étant extrêmement longue. Ainsi, 17 personnes, initialement présumées otages, ont finalement été identifiées comme ayant été tuées sur le sol israélien, et n’en étant jamais reparties. Au bilan s’ajoutent également les noms de personnes dont les corps ont été transportés à Gaza (37 personnes), et qui ont été reconnues assassinées le 7 octobre. Parmi elles, on peut citer l’Allemand-Israélien Shani Louk (passé de otage présumé vivant d’un otage décédé le 30 octobre), ou la franco-israélienne Ruth Perez (le 5 novembre). A l’inverse, une fillette de 8 ans initialement considérée comme morte s’est révélée, un mois plus tard, parmi les otages – et a depuis été libérée.
Au moins 806 civils tués le jour J
Les décomptes des victimes civiles effectués par les autorités israéliennes excluent notamment les membres de la police et des services de sécurité nationale (Shin Bet). Respectivement, 60 et 6 victimes. Cette catégorisation peut faire débat puisque, comme le note Human Rights Watch dans un rapport publié en juillet 2024, les policiers et les membres des équipes d’intervention rapide qui n’ont pas un rôle de combat permanent « sont normalement (considérés) comme des civils au sens des lois de la guerre ». A noter également que les membres des équipes de sécurité des kibboutz locaux qui avaient le statut de réservistes de l’armée sont désormais comptés parmi les « membres des forces armées » par les autorités, et non plus comme des civils.
L’incertitude persiste, un an après les attentats, sur le nombre exact de civils tués le 7 octobre (hors police et forces de sécurité). Actuellement, en croisant les différentes bases de données publiques israéliennes avec celles diffusées par les familles des victimes, le décompte semble provisoirement établi à environ 806 individus, toutes nationalités confondues.
Outre cinq pompiers et neuf membres des services de santé (Maguen David Adom, équivalent israélien de la Croix-Rouge) également dénombrés séparément par les autorités israéliennes, près de 800 identités de victimes sont recensées par les différentes sources officielles. Avec quelques imprécisions. Ainsi, sur le site du ministère israélien des Affaires étrangères, la transcription en alphabet latin de certains patronymes hébreux, thaïlandais ou chinois semble avoir donné lieu à la présentation de quelques doublons (une dizaine). A l’inverse, plusieurs victimes dont le statut est confirmé par des sources indépendantes sont encore, à ce jour, absentes de cette source de référence. Par ailleurs, en consultant les bases de données publiques des sites dédiés à la généalogie, on peut identifier différents noms de personnes déclarées mortes le 7 octobre dans les kibboutzim attaqués, dont certaines (pour la plupart des civils non israéliens) ne figurent encore sur aucune liste officielle. Nos investigations n’ont, pour l’instant, pas permis de déterminer s’il s’agit d’une erreur de la part des généalogistes ou du côté du recensement officiel israélien.
A ce jour, le ministère dénombre 778 identités civiles distinctes, auxquelles s’ajoutent les 14 pompiers et membres du Magen David Adom, soit 792 individus. Un chiffre auquel s’ajoutent au moins les noms de 14 personnes dont la mort dans les attentats est confirmée par plusieurs sources indépendantes, mais qui ne figurent pas encore dans cette liste officielle. Soit l’estimation minimale de 806 civils (au sens restreint) tués le jour J, citée plus haut. Un chiffre qui inclut les victimes dont les corps ont été transportés à Gaza, mais exclut les personnes décédées en captivité (quatorze confirmés à ce jour).
Selon un décompte réalisé plus tôt cette année par l’Agence France Presse, au moins 282 des civils tués dans les attaques étaient des femmes, soit plus d’un tiers de ces victimes.
Près de la moitié des civils tués lors du festival Nova
Sur les 778 noms de victimes civiles « à l’exclusion des pompiers et des services de santé » présentés sur le site du ministère israélien des Affaires étrangères, il y a eu 374 personnes tuées (369 en supprimant les doublons), soit près de la moitié des victimes civiles, lors de la fête de Nova. . Le ministère israélien estime à ce jour que 66 ressortissants étrangers (hors doubles nationaux israéliens) ont été assassinés le 7 octobre : 39 Thaïlandais, dix Népalais, quatre Philippins, quatre Chinois, deux Sri Lankais, un Britannique, deux Érythréens, un Cambodgien, un Allemand, un Soudanais et un Canadien. Il semble cependant que certains ressortissants étrangers ne soient pas encore comptabilisés par les autorités.
Enfin, selon les données disponibles, environ 311 militaires sont morts directement dans les combats du 7 octobre. Comme mentionné ci-dessus, il existe plusieurs victimes initialement comptées comme « civiles » sur les listes officielles, et dont le statut a changé après que l’armée les a reconnues. , à titre posthume, en tant que « soldats tombés au combat », car ils étaient réservistes et membres des équipes de sécurité locales dans leur kibboutz.
Rien que les 7 et 8 octobre, 296 membres des forces de défense israéliennes ont été tués. Quatorze autres sont morts dans les deux jours suivants (sans qu’il soit encore possible de savoir si ces décès résultent de blessures datant du jour même de l’attaque, ou si elles sont survenues lors des premières manœuvres de représailles). On note également qu’un militaire est décédé le 27 octobre, des suites directes des blessures qui lui ont été infligées le jour des massacres.