Divertissement

Pourquoi Clisson aime tant l’événement et ses « gros nounours » de festivaliers

À Clisson (Loire-Atlantique),

Clisson, ses vignobles, ses airs toscans, et… son Hellfest. Dès jeudi et pendant quatre jours, le dolce vita fera une petite pause dans cette commune de Loire-Atlantique située au sud de Nantes. Par trains complets et longues files de voitures, quelque 150 000 festivaliers se rendront à la 17e édition du plus grand événement de musique extrême d’Europe. Des décibels à gogo, des cheveux longs, du Metallica et des looks improbables qui en effrayeraient sûrement plus d’un non-initié. Mais pas Colette, 71 ans, que nous avons rencontrée sur le parvis de la gare de Clisson, entièrement relooké pour l’occasion. « Le metal, ce n’est pas vraiment ma musique », rigole timidement cette dame aux cheveux courts, plus Florent Pagny que Megadeth. « Mais les jeunes sont contents. Ils ne me dérangent pas, au contraire, ils font vivre ! »

La gare de Clisson relookée pour le Hellfest 2024.– J. Urbach / 20 Minutes

Comme elle, c’est le refrain repris par tous lorsque l’on déambule dans les rues pavées de cette charmante ville de 7 000 habitants, déjà habituée à recevoir des touristes. Non loin du château surmonté d’un superbe pin parasol, Nadège et sa tante Monique disent aussi attendre avec impatience « l’événement de l’année ». « On adore l’ambiance, l’ambiance est conviviale », affirment sans hésiter les deux femmes de 54 et 79 ans. A part toujours les mêmes grincheux, personne ne critique ici. » La nièce a même une anecdote qui ferait grincer des dents de nombreux Parisiens aigris en cette période olympique. « Comme chaque année, la route menant à mon commerce est coupée car elle est à côté du site du festival », raconte Nadège. Eh bien, les collègues vont jusqu’au bout, et sans broncher ! Qu’est-ce qu’on ne ferait pas pour le Hellfest, hein… »

« Les idées reçues sont tombées »

A l’office de tourisme de Clisson, on parle d’une « histoire d’amour » entre les locaux et cet événement musical. Une romance qui tourne comme du fer puisqu’elle remonte à 2007, un an après le festival (qui avait marqué Rezé et Le Mans les années précédentes) lancé sur son site actuel, ouvert toute l’année à la promenade. « Les troubles ont continué cette année-là, avec notamment beaucoup de pluie et de boue », raconte Marine Priou, chargée de communication à l’office de tourisme. Voyant les festivaliers complètement trempés, les Clissonnais ont spontanément ouvert leurs portes, proposant un café, une douche… Les a priori sur ces « grands barbus effrayants » s’effondrent à ce moment-là. L’image des gros nounours, dans le respect et l’échange, a pris le dessus, et est depuis restée ancrée. »

Le Leclerc de Clisson aux couleurs du Hellfest.– J. Urbach / 20 Minutes

A tel point que les habitants ont souhaité s’impliquer les années suivantes auprès du patron Ben Barbaud, originaire du pays. Difficile de se promener dans Clisson sans rencontrer un ou plusieurs des 3 000 bénévoles, recrutés via une association locale. « Les places coûtent cher », confie Alexandra, qui s’est longtemps occupée à contrôler les billets au pied de la célèbre cathédrale. Quand on voit tout cela de l’intérieur, c’est encore plus agréable, comme une sorte de parenthèse. Cette année, je ne fais pas de bénévolat mais je reste là, évidemment ! Voir les banderoles en ville, tout le monde arriver, ça fait quelque chose. Et je suis presque sûr que, comme à chaque fois, tout se passera bien. »

« Une bonne clientèle »

Sous les halles, on confirme aussi qu’on peut attendre sans crainte des festivaliers, des gens « globalement respectueux ». Mais surtout des gens qui consomment et c’est aussi ce qui séduit Aimé et Régine, qui tiennent depuis quatre ans un bar tabac dans le cœur historique. « Au lieu de vingt fûts de bière par semaine, on va passer à vingt par jour », sourit le patron. C’est une bonne clientèle : certains économisent toute l’année pour se faire plaisir. » D’autres commerçants ont compris « les retombées touristiques et économiques » et ont déjà relooké leurs vitrines.

A l’image de l’hypermarché Leclerc, un passage obligé notamment pour les nombreux campeurs, où trônent depuis plusieurs jours des palettes de bières au premier plan. Un petit panneau a également été posé pour informer les riverains des horaires où il ne faut pas aller faire ses courses… Car tout le monde n’a pas envie de croiser la foule. « A l’époque, on allait au Hellfest, mais maintenant les billets sont devenus trop chers, avec trop de monde, rapporte un quinquagénaire poussant son caddie. Alors là je fais mes courses, et puis c’est tout, je ne sors plus de chez moi ! » Au milieu des guitares, toutes bien accordées, il fallait bien qu’il y ait une note dissonante.

Malagigi Boutot

A final year student studying sports and local and world sports news and a good supporter of all sports and Olympic activities and events.
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