Pourquoi c’est important. Le procès du Français Laurent Vinatier, détenu à Moscou, s’ouvre ce mardi
Le procès de Laurent Vinatier, le chercheur français arrêté à Moscou début juin, s’ouvre ce mardi dans la capitale russe. Selon une note publiée par la justice moscovite, il est jugé pour « manquement aux obligations relatives aux personnes désignées comme ‘agents étrangers’ ». Des accusations plus graves avaient été redoutées un temps, le Comité d’enquête russe ayant également soupçonné le Français d’avoir collecté des informations sur les activités militaires russes.
Un spécialiste de la Russie
Laurent Vinatier, 48 ans, est un spécialiste de la Russie et de l’espace post-soviétique. Au moment de son arrestation, il travaillait pour une ONG suisse, le Centre pour le dialogue humanitaire, dont la mission est de « prévenir et résoudre les conflits armés par le dialogue et la médiation », en dehors des canaux diplomatiques officiels.
En tant que chercheur, il a notamment étudié le conflit en Tchétchénie, et les phénomènes diasporiques qui en découlent, dans le cadre d’une thèse soutenue en décembre 2008 à l’Institut d’Études Politiques de Paris. Il a également enseigné les relations internationales pendant plusieurs années tout en développant des missions de conseil politique et est l’auteur de plusieurs ouvrages : L’islamisme en Asie centrale (Armand Colin, 2002), La Russie et l’impasse tchétchène (Armand Colin, 2007) et Russie : de Poutine à Medvedev (Unicom, 2008).
Un contexte de tensions entre Paris et Moscou
Son arrestation début juin intervient dans un contexte de tensions croissantes entre Paris et Moscou au sujet du conflit ukrainien, et au lendemain de l’arrestation en région parisienne d’un Russe d’origine ukrainienne soupçonné de préparer une action violente liée à une entreprise « terroriste » en France.
Plusieurs occidentaux arrêtés en Russie
Ces dernières années, plusieurs Occidentaux, notamment Américains, ont été arrêtés en Russie et ont fait face à de graves accusations, Washington dénonçant des prises d’otages pour obtenir la libération de Russes détenus à l’étranger.
Le 1er août, l’Occident et la Russie ont procédé au plus important échange de prisonniers depuis la fin de la guerre froide, parmi lesquels le journaliste américain Evan Gershkovich et l’ancien Marine Paul Whelan, libérés par Moscou. L’accord a permis la libération de 16 personnes détenues en Russie et en Biélorussie en échange de huit Russes détenus aux Etats-Unis, en Allemagne, en Pologne, en Slovénie et en Norvège, ainsi que des deux enfants d’un couple d’espions. Paris a ensuite appelé Moscou à libérer immédiatement les autres personnes toujours « détenues arbitrairement en Russie », dont Laurent Vinatier.
Cinq ans de prison
Depuis, Laurent Vinatier est en détention provisoire. Lors d’une première audience, le 8 juin, il a reconnu ne pas s’être enregistré comme « agent de l’étranger », expliquant qu’il ignorait qu’une récente loi russe l’y obligeait. Ce mardi, il sera jugé par le tribunal Zamoskvoretsky, à Moscou. Il risque cinq ans de prison.
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