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Pourquoi c’est important. Indemnisation chômage des frontaliers : l’Unédic en a « ras-le-bol »

Pourquoi c’est important. Indemnisation chômage des frontaliers : l’Unédic en a « ras-le-bol »

Face à une situation « insupportable », l’Unédic en a « ras-le-bol ». L’organisme chargé de piloter l’assurance chômage a publié mardi une note dénonçant les centaines de millions d’euros que coûte chaque année l’indemnisation des frontaliers. En effet, un Français résidant dans son pays et travaillant à l’étranger perçoit le chômage en France s’il perd son emploi.

En 2023, 77 000 frontaliers auront été indemnisés par l’Unédic. La plupart ont travaillé en Suisse (61%) et au Luxembourg (22%) avant de se retrouver au chômage, pays où les salaires sont nettement plus élevés qu’en France. Comme la France doit les indemniser au prorata de leur salaire antérieur, ces chômeurs coûtent très cher : 800 millions d’euros l’an dernier, soit 10 000 euros par « frontalier chômeur ». « C’est énorme, c’est plus que le surplus qu’on va réaliser cette année », s’exaspère Jean-Eudes Tesson, président de l’Unédic.

« Ubuesque, injuste, malsain et contre-productif »

L’organisation – dont le financement est assuré par les cotisations de tous les employeurs et salariés – a effectivement dépensé un milliard d’euros pour indemniser les frontaliers en 2023. Mais elle a récupéré 200 millions d’euros grâce à un accord européen (datant de 2010 et étendu à la Suisse en 2012). ), qui impose au pays de travail de rembourser jusqu’à cinq mois d’allocations de chômage au pays de résidence.

Trop peu pour Jean-Eudes Tesson, qui pointe un système « épouvantable, injuste, malsain et contre-productif » qui « n’incite pas » ceux qui en bénéficient « à retrouver rapidement un emploi ». «Ils préfèrent s’installer dans une situation de chômage en France en attendant de trouver du travail en Suisse ou au Luxembourg», observe-t-il. « Les durées de chômage des travailleurs frontaliers sont donc beaucoup plus longues que celles des autres. » Et coûte d’autant plus cher pour l’Unédic.

« L’assurance chômage n’est pas conçue pour payer les retraites »

« L’assurance chômage n’est pas conçue pour payer les retraites », prévient Jean-Eudes Tesson. « Ce n’est pas bon pour l’emploi, car les entreprises françaises voisines ne trouvent pas de main d’œuvre. Et ce n’est pas bon pour les habitants, car la présence de frontaliers, qui ont un plus grand pouvoir d’achat même lorsqu’ils sont au chômage, augmente le coût de la vie et les prix de l’immobilier, notamment en Haute-Savoie », ajoute le président de l’Office du chômage. gestionnaire d’assurance.

L’agacement est d’autant plus palpable au sein de l’Unédic que ce sujet s’ajoute au sensible de la baisse des indemnités des exonérations. Depuis l’année dernière, l’État peut puiser dans les recettes de l’assurance chômage, notamment pour financer France Travail (successeur de Pôle emploi). En 2023, ces prélèvements s’élèvent à deux milliards d’euros, sur un excédent de 3,5 milliards. « On pensait que l’État allait s’occuper du sujet des frontaliers, mais il préfère nous faire les poches. En même temps, il vole nos surplus et ne fait rien pour les faire augmenter », estime Jean-Eudes Tesson.

Il demande donc au nouveau gouvernement de compenser le surcoût induit par l’indemnisation des travailleurs frontaliers. «Soit l’Etat choisit de nous donner 800 millions, soit il renégocie les accords avec les autres pays européens et la Suisse. C’est comme lorsque Macron disait qu’il suffisait de traverser la rue pour trouver un travail. On dit  »il y a 800 millions devant nous pour l’Unédic, il faut s’en servir »’, dit-il.

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