Depuis cette année, tous les niveaux du primaire doivent être soumis à une évaluation nationale. Une mesure contre laquelle protestent certains enseignants.
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Le vendredi 20 septembre est le dernier jour où les enseignants peuvent faire passer les évaluations nationales aux élèves de toutes les classes du primaire. C’est une première : pendant longtemps, elles ne concernaient que les CP et CE1. Elles ont été ajoutées l’année dernière pour les élèves de CM1 et cette année, elles concernent donc tous les niveaux.
Mais ces évaluations sont vivement critiquées par une partie du monde enseignant. Plusieurs syndicats, dont le Snuipp, ont appelé à ce qu’elles ne soient pas réalisées et ont organisé une journée de grève à ce sujet début septembre. De fait, certains enseignants s’opposent aux instructions ministérielles et les boycottent.
Ces évaluations nationales touchent à des valeurs qui sont chères à ces enseignants. « Ils sont un peu déconnectés de la réalité »commente un professeur de CM1. Une ligne rouge selon lui : « Même en CE1, il y a beaucoup d’élèves qui ne sont pas encore pleinement entrés dans la lecture. Alors les mettre face à une tâche de lecture dès le début de l’année, c’est les mettre tout de suite en échec. »
Ces évaluations impliquent des exigences par niveau de classe alors que l’école est organisée par cycles qui regroupent plusieurs niveaux : CP/CE1/CE2 pour le cycle 2, CM1/CM2/6e pour le cycle 3, ce qui permet justement des apprentissages sur le long terme.
Tous les élèves ne progressent pas au même rythme, rappellent ces enseignants qui critiquent aussi la portée des questions. Exemple avec la lecture où l’on mesure la vitesse, plus que la compréhension : « Ce n’est pas intéressant. Il y a des enfants qui vont lire vite et qui ne comprendront pas du tout ce qu’ils lisent. Cela leur donne de mauvaises habitudes. Tout est chronométré, ils ont 10 secondes pour faire ceci, une minute pour faire cela, etc… »dénonce cette enseignante de CM1.
Certains parents finissent même par faire bachoter leurs enfants pour qu’ils réussissent mieux à ces tests, ce qui fausse les résultats. Ces évaluations sont donc source de stress, elles prennent du temps qui pourrait être consacré à l’apprentissage, elles dénoncent les enseignants et vont à l’encontre de leur liberté pédagogique.
Mais refuser une instruction ministérielle n’est pas sans conséquences pour ces agents publics, explique ce directeur d’une grande école de la région parisienne : « Cette année, il y a un peu plus de pression avec des menaces : ‘On va en parler à la hiérarchie, ça va figurer dans ton dossier’. La notion de résistance est aussi dans le conseil des professeurs et dans le collectif. C’est une forme de résistance pédagogique. » C’est pour ces raisons que dans certaines écoles la décision a été prise collégialement.