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pourquoi certaines piscines sont-elles plus rapides que d’autres ?

C’est la seule date limite pour se qualifier pour les Jeux Olympiques de Paris 2024. Les championnats de France de natation se dérouleront à Chartres de ce dimanche 16 juin jusqu’au vendredi 21 juin, où les nageurs français participant aux différentes épreuves seront désignés nageurs cet été.

Chaque centième de seconde compte dans cette discipline où les records du monde ne cessent de tomber. Des progrès notamment liés à l’évolution des piscines olympiques devenues « de plus en plus efficace »souligne Rémi Carmigniani, chercheur à l’École des Ponts ParisTech.

La natation est l’une des disciplines olympiques depuis le début des Jeux modernes en 1896, mais la compétition se déroulait initialement en « le large », à l’image de certains événements prévus cet été dans la Seine. Les premières piscines olympiques apparaissent lors des Jeux de 1908 à Londres.

Plus profond donc plus rapide ?

Une piscine olympique mesurait alors 100 m de long, 15 m de large, et accueillait quatre nageurs. Ces piscines « n’étaient pas très rapides »rappelle le chercheur parce que « Les nageurs étaient relativement rapprochés et il n’y avait ni séparation ni chutes. Il y a donc eu beaucoup de troubles. ».

La profondeur était alors d’à peine 1,40 m au fond du bassin. Or, l’évolution de ces données est un des facteurs qui ont permis d’améliorer les performances des piscines olympiques. Son évolution s’accompagne en effet de records : en 1932, à Los Angeles, lorsque les piscines atteignent 2 m de profondeur, « dix records olympiques ont été battus dans onze épreuves disputées »se souvient Rémi Carmignani.

UN « un énorme progrès » liée à une plus grande profondeur qui réduit les turbulences de l’eau qui rebondit au fond. Aujourd’hui, la profondeur d’une piscine olympique établie par la Fédération Internationale de Natation (FINA) est au minimum de 2 m ; il est même recommandé qu’il atteigne 3 m.

Gouttières, conduites d’eau… Des dispositifs aux effets relatifs

La stabilisation de l’eau s’avère être un facteur important pour améliorer les performances d’une piscine, et donc celles des nageurs. Des gouttières ont été ajoutées aux bords à partir de 1976 « pour absorber les vagues », précise Rémi Carmignani. Les couloirs sur les côtés ont alors été considérés « défavorable » pour les nageurs, car ils faisaient rebondir les vagues dans la piscine.

Mais l’ajout de gouttières ne change pas grand-chose pour les épreuves olympiques en raison de leur spécificité. Aux Jeux olympiques, les deux couloirs extérieurs sont fermés pour ne pas pénaliser les nageurs, car le phénomène de vagues ne peut être entièrement brisé par la présence des gouttières.

Les conduites d’eau, ces chaînes de flotteurs en plastique, sont également présentes aujourd’hui dans les piscines olympiques pour dissiper les vagues générées par les nageurs. « Le but est qu’il n’y ait plus de vagues dans le couloir lorsque le nageur revient dans l’autre sens »précise Rémi Carmignani. « Mais il n’est pas vrai de dire que les lignes de flottaison rendent toutes les courses équitables. »

En effet, les lignes de flottaison ne permettent pas d’éliminer totalement le phénomène de « drafting » : en 2008, Alain Bernard perd le relais 4 × 100 m face à l’Américain Jason Lezak qui surfait sur sa vague. Quatre ans plus tard, c’est au tour de Yannick Agnel qui remporte le relais après avoir profité de la vague de son concurrent américain Ryan Lochte. « Les conduites d’eau ne permettent pas encore de rendre chaque couloir indépendant pour faire une course sans interaction »conclut le chercheur.

Améliorer les performances du nageur

Aider les nageurs à nager plus vite, c’est leur permettre de prendre plus de vitesse, notamment grâce aux starter blocs. Les plongeoirs surélevés sont apparus pour la première fois lors des Jeux Olympiques de Berlin en 1936, et n’ont cessé depuis d’évoluer (matériau utilisé, inclinaison). La dernière modification date des Jeux de Pékin en 2008, lorsqu’une plaque inclinée, à l’instar des cales de départ en athlétisme, fut ajoutée, permettant aux nageurs d’y placer leur pied arrière pour améliorer leur appui.

Autre élément important, le virage et son appui sur le mur. Son importance est connue depuis longtemps, estime Rémi Carmignanii. Lors des Jeux Olympiques de 1932 à Los Angeles, lors de l’épreuve du 400 m nage libre, le Français Jean Taris « a été rattrapé à chaque instant par un Américain Clarence Crabbe », il explique. Résultat : il rate la médaille d’or d’un dixième de seconde. Si la poussée contre le mur «permettait d’accélérer les nageurs dans les virages»il note, « Les Français ont mis du temps à maîtriser cette technique à l’époque ».

Enfin, la question de la température de l’eau est également déterminante pour optimiser les performances des nageurs. C’est pourquoi le thermostat d’une piscine olympique affiche précisément 26 degrés. Même si cela peut paraître froid à ceux qui ont froid, cette température offre aux nageurs une meilleure viscosité de l’eau, leur permettant de nager plus vite grâce à moins de résistance.

William Dupuy

Independent political analyst working in this field for 14 years, I analyze political events from a different angle.
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