Santé

Pourquoi avons-nous particulièrement faim sur la plage ? La science l’explique

« Chéris, des beignets ! » Les commerçants ne s’y trompent pas : qu’elle soit faite de sable fin ou de galets, la plage rime aisément avec faim. Et il est difficile d’y résister : le pique-nique, tout comme le goûter qui le suit souvent, sont à la fois des repas réconfortants et des activités agréables. Mais pourquoi la faim est-elle plus envahissante, urgente et systématique sur la plage qu’ailleurs ? Les experts en nutrition expliquent qu’en plus du besoin primaire de manger qui se déclenche inévitablement, une journée au bord de la mer active plusieurs ressorts biologiques et psychologiques.

« Je pense que nous sous-estimons l’effort que nous faisons lorsque nous allons à la plage »déclare Lisa Moskovitz, diététicienne et présidente du NY Nutrition Group, interviewée par le Washington Post. « Tout planifier, porter les chaises, marcher sur le sable… Parfois, on a déjà deux heures d’activité physique dans les jambes quand on s’assoit enfin sur sa serviette. » Voici donc l’explication biologique principale : même quand on y va pour se détendre, le simple fait d’aller à la plage nous donne faim.

Une fois sur place, rien ne s’améliore. Le beach tennis, la natation, le volley-ball, la construction de châteaux ou encore la pêche aux coquillages sont autant de sports qui augmentent encore l’appétit, ajoute Avery Zenker, diététicienne en Ontario (Canada). Un effet accentué par la déshydratation, fréquente sur le sable. Nos deux spécialistes notent que nous avons tendance à prendre la soif comme un signal de faim, et à nous tourner vers le sandwich plutôt que vers la bouteille d’eau. Certains réussissent même le tiercé gagnant en buvant une bière. Non seulement c’est déshydratant, mais « L’alcool stimule l’appétit chez de nombreuses personnes »déclare Lisa Moskovitz.

Par beau temps, les hommes ont une raison supplémentaire d’avoir faim à la plage. Le taux de ghréline, l’homologue de l’appétit, augmente dans leur organisme après vingt-cinq minutes d’exposition au soleil, selon une étude menée par des chercheurs de l’université de Tel Aviv (Israël) – les femmes ne sont pas concernées. Si les causes exactes restent obscures, Alix Le Calvez, diététicienne psychonutritionniste à Bordeaux (Gironde) citée par Ouest-France, estime « La ghréline pourrait être impliquée dans la protection du corps contre les dommages causés par l’exposition au soleil »parce qu’elle « aide à prévenir les maladies cardiovasculaires en réduisant la pression artérielle, l’inflammation et l’atrophie du muscle cardiaque ».

Un cocktail de détente, d’ennui et de nostalgie

Les envies de plage ont aussi des causes psychologiques. Lisa Moskovitz les associe tout simplement au plaisir : manger, comme aller à la plage, en est un. Une combinaison hédoniste des deux permet à beaucoup d’entre nous de profiter pleinement de l’instant. « Nous nous disons : « Waouh, je passe une superbe journée, il fait beau. Qu’est-ce qui pourrait rendre la situation encore meilleure ? La nourriture. » Et si ce n’est pas une démarche volontaire, un véritable effet domino peut se déclencher. Selon Avery Zenker, voir d’autres personnes manger, en plus du sentiment de détente et d’un certain ennui de n’avoir finalement rien à faire, nous pousse souvent à aller manger un morceau.

Mais cette nourriture apporte plus de réconfort que de nutriments. C’est là que le psychologique rencontre le biologique. Manger uniquement des snacks transformés, riches en sucres ajoutés, est agréable mais ne satisfait pas la faim, contrairement à un vrai pique-nique composé de légumes, de houmous et d’un sandwich. « En fait, c’est parce que votre corps a envie de plus (d’aliments nutritifs) ou parce que ce que vous mangez crée une réaction de glycémie. »analyse Lisa Moskovitz.

Sur la plage, la faim peut enfin être une question d’associations. Sarah Herrington, nutritionniste à Phoenix, aux États-Unis, dit que tout comme nous avons envie de chapon à Noël, « Nous associons certains lieux à certains aliments ». Il peut donc être difficile de changer de comportement si vous avez pris l’habitude de manger à la plage. La faim se manifestera pour vous le rappeler, comme une souris de laboratoire qui attend une récompense en répétant un certain comportement.

« Pour beaucoup de gens, la plage joue sur la nostalgieconfirme Lisa Moskovitz. Nous l’associons à l’enfance, à l’époque où nous allions jouer et où nos parents nous apportaient plein de friandises. Cela nous fait penser à la nourriture et nous donne faim. »

Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.
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