pourquoi avons-nous des doutes
Le stand Renault au Mondial de l’Auto sera bien rempli avec la présentation de la Renault 4 et le lancement de la R5 électrique. La marque y dévoilera cependant son concept Emblème, qui se veut extrêmement peu polluant… mais qui utilise une pile à combustible à hydrogène, ce qui laisse songeur. Voici pourquoi.
Renault fera tourner tous les cylindres au Mondial de l’Automobile de Paris qui ouvre ses portes à la mi-octobre. Présentation de la Renault 4 E-Tech, lancement de la R5 électrique, exposition de la R17 restomod… Bref, il ne faut pas s’ennuyer, mais la marque a décidé d’en rajouter.
Pour aller plus loin
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Un communiqué annonce l’arrivée du concept Emblème, une étude visant à démontrer comment une voiture peut réduire de 90 % ses émissions polluantes au cours de son cycle de vie. Il y a cependant un problème : il utilise une pile à combustible.
Style attrayant et aérodynamique
Ce Renault Emblème prend la forme d’un « break de tir » mesurant 4,80 mètres (dont 2,90 m d’empattement) et seulement 1,52 m de haut. Tout est fait pour maximiser l’aérodynamisme, avec cette ligne de toit plongeante, l’absence de rétroviseurs, de jantes spécifiques ou de fond plat. Le Cx (coefficient de pénétration dans l’air) est annoncé à 0,25, ce qui n’est pas exceptionnel, mais le SCx (par rapport à la surface frontale de la voiture) doit être bien plus avantageux. Reste qu’il n’est pas communiqué.
D’un point de vue design, cet Emblem innove avec des éléments de style absents de la gamme actuelle. Les lignes gagnent en souplesse, tandis que les optiques retravaillent le losange, logo historique de Renault. Des éléments que l’on pourrait retrouver dans les futures productions de la marque.
Une empreinte carbone incroyablement faible
Cette Renault Emblème, plus que présenter une jolie carrosserie, se veut le porte-drapeau de la stratégie de décarbonation de la marque. Pour ce faire, tout a été fait pour limiter les émissions polluantes sur tout le cycle de vie de la voiture – depuis l’extraction des matériaux nécessaires à sa fabrication en passant par son utilisation jusqu’à son recyclage.
Ainsi, Renault clame fièrement que son Emblème n’émettra que 5 tonnes de CO2e du berceau à la tombe (après 200 000 km d’utilisation), un chiffre en baisse de 90 % par rapport à la production actuelle. Par exemple, une Mégane E-Tech fait 24 tonnes, un Volvo EX30 fait 22 tonnes.
Pour cela, tous les éléments ont été optimisés. On parlait d’aérodynamisme, mais Renault a aussi annoncé avoir travaillé sur le poids, avec « seulement » 1 750 kg (ce qui n’est pas beaucoup pour une voiture électrique de cette taille). La motorisation est évidemment au cœur du sujet.
Motorisation : un sujet épineux
Le Renault Emblème est ainsi équipé d’une batterie NMC (nickel-manganèse-cobalt) de 40 kWh, associée à un moteur électrique de 218 ch (160 kW) dépourvu de terres rares, une habitude chez Renault. Mais désormais, cette batterie est associée à un autre système de propulsion : une pile à combustible.
En théorie, cela permet d’aller plus loin sans vraiment se soucier de la recharge de la batterie (Renault annonce 350 kilomètres d’autonomie avec un réservoir plein d’hydrogène, auxquels il faudrait ajouter environ 300 km avec la batterie). À nos yeux, on se demande cependant comment ce choix technique est compatible avec cette réduction de 90 % des émissions polluantes promise par la marque.
Les exemples dans notre direction abondent. Aux Jeux olympiques et paralympiques de Paris, 120 scientifiques ont vivement critiqué le choix de Toyota de déployer ses voitures à hydrogène. La raison : la production extrêmement polluante de cet H2. Même en utilisant une électricité 100 % renouvelable (ce qui est loin d’être le cas actuellement), les signataires ont affirmé, reprenant les travaux du GIEC, qu’il faut trois fois plus d’énergie pour rouler une voiture à hydrogène qu’une voiture électrique à batterie.
Au cœur du sujet : le rendement global d’un moteur à hydrogène. Renault annonce avoir poussé celle de sa pile à combustible à 60 % pour ce concept, mais, globalement, on estime que seulement 33 % de l’énergie initiale parvient aux roues d’une voiture à hydrogène – contre 77 % pour une batterie de voiture électrique. alimenté. L’Académie des sciences, membre de l’Institut de France, a rendu un avis similaire en avril 2024.
Mais ne fermons pas la porte trop tôt à ce concept : Renault, via sa branche Ampère dédiée aux motorisations électriques, annonce une présentation complète de cet Emblème. « fin octobre »où l’on peut découvrir en détail les choix techniques et les méthodologies de travail derrière ce concept. Peut-être aurons-nous de bonnes surprises ?