Jordan Bardella espérait voir son visage sur 581 panneaux publicitaires implantés dans les stations françaises. Mais lundi 28 octobre, Mediatransports, l’agence de publicité de la SNCF, a annoncé qu’elle renonçait à diffuser des publicités pour Ce que je recherche (Éditions Fayard), le nom de l’autobiographie du président du RN, qui sortira le 9 novembre. L’affiche promotionnelle montrant le visage de Jordan Bardella en noir et blanc porte atteinte, selon la direction, « aux principes de neutralité » qui lui sont imposées.
Jordan Bardella immédiatement dénoncé « acte de censure ». Imité par son allié des dernières législatives, Eric Ciotti. Mardi 29 octobre, dans l’émission C’est à vous France 5, l’ex-président de LR dénoncé « la domination des syndicats d’extrême gauche » qui auraient censuré le livre de Bardella, même s’ils n’auraient jamais pensé à faire de même, selon lui, s’il s’agissait d’un livre de Jean-Luc Mélenchon.
Les journalistes Anne-Elisabeth Lemoine et Patrick Cohen ont rappelé que cette décision ne correspond qu’à l’application de la réglementation Mediatransports qui prévoit que « tout message publicitaire à caractère politique (…) est interdit ». Un argument qui n’a pas convaincu Ciotti, le qualifiant de « énorme blague ».
Dans la journée de mercredi, les internautes ont également accusé l’agence de publicité de double langage, notant que Mediatransport avait déjà affiché dans ses stations des publicités pour des livres de Nicolas Sarkozy, Ségolène Royal, ou encore Philippe de Villiers, ancien candidat à l’élection présidentielle de 2007 et soutien d’Eric Zemmour lors de celui de 2022.
Mercredi après-midi, Jordan Bardella a également rédigé, également sur « liste de livres politiques » avoir bénéficié « sans problème d’affichage dans les stations ». Et de citer les livres de Nicolas Sarkozy, de Ségolène Royal, de l’ancien chef d’état-major des armées Pierre de Villiers, ainsi que deux ouvrages des journalistes Gérard Davet et Fabrice Lhomme sur Nicolas Sarkozy et Emmanuel Macron. Preuve, selon Jordan Bardella, que l’argument du règlement Mediatransports invoqué par Patrick Cohen contre Eric Ciotti est un « gros mensonge ».
Hier à @cavousf5parement @eciottiPatrick Cohen a affirmé, avec aplomb, qu’il n’y avait pas d’exposition de livres politiques dans les gares SNCF, et que le règlement de l’agence de publicité l’interdisait.
Ce n’est pas un fait : c’est un mensonge flagrant.
Peut-il… pic.twitter.com/VRAAhxdaiC
– Jordan Bardella (@J_Bardella) 30 octobre 2024
Mediatransports avait déjà, dans le cadre de la polémique, répondu en partie à ces propos sur l’exposition de livres par d’autres personnalités politiques dans les gares. Interrogé par France Inter sur le cas du livre le temps des combats (éditions Fayard) de Nicolas Sarkozy, l’agence de publicité a répondu : « Il y a une grosse nuance. Il s’agissait d’un livre de mémoire écrit par un ancien président qui n’avait plus de mandat. Même explication au parisien sur les livres des deux finalistes de l’élection présidentielle de 2007 : « Pour Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal, il s’agissait d’œuvres de mémoire, dans un contexte différent en raison de la position de ces personnalités politiques à cette époque. » Et Mediatransports insiste, a contrario, sur le fait que le travail de Jordan Bardella est « C’est certes une autobiographie, mais elle est écrite par un homme politique, président d’un parti ».
Contacté par VérifierActualités concernant les autres exemples donnés par Jordan Bardella, Mediatransports ne nous a pas répondu. Cet article sera mis à jour s’il y a une réponse. On peut noter, concernant les frères Pierre et Philippe de Villiers, que l’un est militaire et n’a jamais occupé de mandat, et que l’autre n’a plus de mandat politique depuis 2014. Quant à Gérard Davet et Fabrice Man, leur cas semble rien de comparable, tous deux étant journalistes politiques.