Pour Stéphane Sitbon-Gomez de France Télévisions, « l’audiovisuel public doit coopérer, pour bien faire notre métier »
Aux côtés de Delphine Ernotte, dont il est le tout premier fidèle et dont il a dirigé le cabinet, Stéphane Sitbon-Gomez supervise les programmes et les antennes de France Télévisions. Alors que le deuxième mandat de son patron expire en août 2025, et la campagne pour sa reconduction à la présidence du groupe audiovisuel public – voire à la future holding de l’audiovisuel public (France Télévisions, Radio France, France Médias Monde et l’INA) – s’annonce très tendu, M. Sitbon-Gomez fait le bilan des dix dernières années et se projette sur les prochaines.
Mercredi 20 novembre, le Parlement a adopté la loi réformant le financement de l’audiovisuel public. Soulagé ?
Le risque budgétaire représentait une menace réelle pour notre indépendance, mais aussi pour notre capacité à anticiper l’avenir. Alors oui, nous sommes soulagés. Mais l’essentiel pour nous est que le Parlement dans son ensemble, le ministre, mais aussi les parlementaires de tous bords, ont confirmé leur attachement à un audiovisuel public fort. Cette loi ne résout pas tout et n’enlève rien au contexte économique difficile, ni à la question des réformes structurelles.
La ministre de la Culture, Rachida Dati, compte effectivement remettre au plus vite dans les affaires son projet de détention, voire de fusion, de l’audiovisuel public. Est-ce aussi votre combat ?
Entre 2018 et 2022, à la demande de l’État, nous avons économisé 400 millions d’euros. C’est colossal. D’autant que, dans le même temps, il nous a été demandé de tripler la place de la proximité sur nos antennes, d’augmenter la part consacrée à la jeunesse, d’amplifier nos efforts en matière d’information, d’information continue et de lutte contre les fake news et, enfin, de double investissement dans le numérique. J’ajouterai que dans le même temps, nous avons augmenté nos investissements dans la création de 390 millions à 440 millions d’euros. Nos obligations dans le cinéma s’élevaient à 55 millions d’euros, nous sommes passés à 80 millions. Nos missions continuent de croître, ce qui est très bien. Mais il faut du temps et des moyens pour les réaliser. Il est certain qu’une gouvernance unique accélérera les transformations.
Comment ?
Prenons l’exemple concret de la fusion de France 3 et France Bleu qui est, pour moi, la plus grande révolution du service public depuis cinquante ans. Si on additionne les points forts des deux antennes, on sera plus puissant. Aujourd’hui, France 3 ne couvre pas suffisamment les zones périurbaines, rurales et suburbaines. Ensemble, nous aurons une couverture territoriale beaucoup plus resserrée et une capacité de production d’informations bien plus forte. Alors qu’il y a quelques années on s’interrogeait encore sur son identité, depuis 2020, France 3 a pleinement assumé sa vocation de chaîne régionale : nous avons porté les matinales de France Bleu sur les antennes de France 3, afin de renforcer l’hyperproximité. Avant même d’en récolter les bénéfices en termes d’audience, c’est un signal adressé au public pour qu’il sache que sa chaîne est ancrée.
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