Le parlement polonais a adopté une loi visant à modifier les règles d’engagement du personnel militaire polonais à la frontière avec la Russie et la Biélorussie après une série d’incidents impliquant des migrants.
Cette loi a fait l’objet d’un large consensus parmi les parlementaires polonais. 401 députés ont voté pour, 17 contre. Le Parlement a adopté un texte assouplissant les règles d’engagement des militaires, gardes-frontières et gendarmes aux frontières entre la Pologne, la Biélorussie et la Russie, soumises à une intense pression migratoire.
Adopté en deuxième lecture le 11 juillet, le texte exonère de toute responsabilité les militaires qui utilisent leurs armes à la frontière, en situation de légitime défense, mais aussi de manière préventive, lorsque la vie, la santé et la liberté des membres des forces de sécurité sont menacées dans le cadre d’une « attaque directe et illégale contre l’inviolabilité de la frontière de l’État ».
Comme le rapporte le quotidien polonais Gazette de Wyborcza, Le projet de loi a été vivement critiqué par certaines associations qui le voient comme une « droit de tuer ». Le journal polonais explique que le gouvernement avait initialement prévu d’exonérer les militaires de toute responsabilité pénale pour tout acte constituant un crime commis lors d’une opération à la frontière. Le gouvernement a ensuite lui-même modifié son texte pour préciser les circonstances dans lesquelles la responsabilité des militaires pourrait être réduite.
Le Parlement polonais a adopté cette loi après une série d’incidents impliquant des militaires polonais et des migrants. En mars, trois soldats polonais ont été poursuivis par la justice de leur pays pour avoir tiré à balles réelles sur des migrants traversant la frontière biélorusse. Cette décision judiciaire a suscité une vive condamnation de la part de l’opinion publique. Elle a été dénoncée par de nombreuses personnalités politiques.
En mai, un soldat polonais a été poignardé à mort alors qu’il tentait d’empêcher des migrants d’entrer sur le territoire polonais derrière une clôture. L’incident a suscité l’indignation en Pologne et a même conduit le Premier ministre Donald Tusk à déclarer que les forces de sécurité aux frontières pouvaient désormais utiliser leurs armes contre les migrants. Le PiS, le parti conservateur d’opposition à la coalition libérale au pouvoir, avait accusé le gouvernement de « persécuter les soldats polonais » et de « déshonorer l’uniforme polonais »comme l’a également rapporté le Gazette de Wyborcza.
17 000 tentatives de traversées
Moscou et Minsk, accusés de déstabiliser délibérément les frontières de l’UE, exercent une pression migratoire constante sur la Pologne depuis l’automne 2021, lorsqu’une grave crise diplomatique a éclaté entre l’UE et la Biélorussie. La France avait accusé le chef de l’État biélorusse d’être à l’origine d’une « trafic » des êtres humains « intelligemment organisé » avec des pays tiers, vers l’Union européenne, via la Turquie et Dubaï. L’Union européenne accuse les dirigeants biélorusses d’avoir orchestré l’afflux de migrants.
Selon les gardes-frontières polonais, plus de 17 000 tentatives de passage illégal depuis la Biélorussie ont été détectées depuis le début de l’année. La Pologne envisage de renforcer sa présence militaire à la fois dans l’enclave russe de Kaliningrad et en Biélorussie.
L’objectif est de soutenir les gardes-frontières mais aussi de renforcer la frontière orientale de l’OTAN dans le contexte de la guerre en Ukraine. « Actuellement, il y a près de 6 000 soldats » mais « À terme, il y en aura jusqu’à 17 000, dont 8 sur place et 9 000 en réserve. »prêt à être déployé sur place dans les 48 heures, formant « une force de réaction rapide aux frontières »« Nous sommes déterminés à renforcer la sécurité de nos frontières avec la Russie et la Biélorussie », a déclaré le chef d’état-major de l’armée polonaise, le général Wieslaw Kukula. Dans le cadre de ce projet, Varsovie investira plus de deux milliards d’euros dans la sécurité et la fortification de sa frontière avec la Russie et la Biélorussie, avait récemment annoncé le Premier ministre Donald Tusk.