Santé

« Pour que les enfants ne se sentent plus jamais seuls » : les premiers pas du robot Miroka en radiothérapie pédiatrique à l’ICM, à Montpellier

Le prototype sera adapté aux besoins des soignants et aux demandes des enfants à intégrer dans le parcours de soins. Il s’agit d’une première mondiale.

 » Je suis ici aujourd’hui pour faire connaissance et vous présenter ce que je ferai bientôt. Mon rôle sera d’accompagner les enfants lors de leurs séances de radiothérapie et tout au long de leur parcours thérapeutique. Je serai là pour leur offrir une présence rassurante et leur apporter leur expérience est moins stressante » : Miroka, le robot compagnon humanoïde, a donné sa première conférence de presse, ce mercredi 16 octobre, à l’ICM Val d’Aurelle, centre dédié aux soins contre le cancer, à Montpellier.

Au lendemain de l’annonce de son arrivée, dans le cadre de la conférence MedVallée, le robot, au cœur d’une expérimentation qui sera unique au monde, était très attendu.

D’une hauteur de 1,26 mètres (pour 27 kg) « la carrure d’un enfant de 6-7 ans »précise Samuel Benveniste, co-directeur de la société parisienne Enchanted Tools, qui l’a développé, le prototype a mis le sourire sur les visages des soignants confrontés au quotidien à la détresse des enfants atteints de cancer, et de leurs familles.

Miroka ne fera pas de miracle, le prototype sera progressivement intégré à la vie du service.

«C’est le projet de tout un parcours thérapeutique»

Quatre microphones, deux caméras 3D, une batterie qui lui permet de tenir huit heures d’autonomie, une intelligence artificielle embarquée, un visage sympathique et une voix douce… Miroka (ou Miroki, pour la version masculine du robot), sera « instruit » lors de ses premiers mois à l’ICM, explique le professeur David Azria, directeur du Siric Montpellier cancer (site de recherche intégrée sur le cancer), qui soutient l’innovation, avec des ingénieurs robotiques du Lirmm et de l’IES (Institut électronique et systèmes), en interaction avec l’équipe Enchanted Tools.

Les partenaires sont unis dans un accord signé ce mercredi. « Pour ma part les robots, je me suis arrêté chez Grendizer »sourit l’oncothérapeute.

L'ICM, représenté par son directeur général Marc Ychou, et Samuel Benveniste, d'Enchanted Tools, ont signé une convention.
L’ICM, représenté par son directeur général Marc Ychou, et Samuel Benveniste, d’Enchanted Tools, ont signé une convention.
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«Nous n’allons pas l’envoyer tout de suite en radiothérapie, c’est le plan de tout un parcours de soins. Que peut-il dire, que ne pas dire, comment va-t-il réagir à ce que diront les enfants, dans les rayons ? Miroka doit d’abord pouvoir accueillir les enfants et les accompagner. Le problème avec la radiothérapie, c’est que l’enfant, et parfois c’est un bambin de 5 ans. , est laissé seul pendant dix minutes dans une pièce où aucun autre humain ne peut entrer. Il continue les séances sur un mois. Il est gêné car la dose de rayonnement est délivrée au millimètre près. Malgré tous nos efforts, certains sont très anxieux. C’est dur de voir ces enfants pleurer sous la machine. J’espère qu’ils ne se sentiront plus jamais seuls. »explique le Dr Welmant.

Le Dr Julien Welmant, radiothérapeute spécialisé en pédiatrie à l'ICM, a introduit le robot dans l'unité de radiothérapie.
Le Dr Julien Welmant, radiothérapeute spécialisé en pédiatrie à l’ICM, a introduit le robot dans l’unité de radiothérapie.
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« C’était un rêve, ça devient réalité »

Ce sera une expérience unique : «C’était un rêve, il devient réalité. Cela n’a jamais été fait au monde. » conclut le médecin, passionné, quant à lui, par le monde des robots.

« Plus fort la vie » mobilisé pour financer

Le robot ne serait jamais arrivé à Montpellier sans la mobilisation de la Bessanaise Sandrine Moustardier et de son association « Plus fort la vie », créée suite au décès de sa fille des suites d’un cancer, en 2014, à l’âge de 23 ans. « Très émue », Sandrine Moustardier, soutenue par Laeticia Halliday sur cette opération, se mobilise pour porter des projets innovants à l’ICM. Kevin Ortiz, commerçant au Cap d’Agde, également membre de l’association, a également été très actif. La collecte, qui a atteint 120 000 euros, finance l’achat du robot prototype et les premiers frais inhérents à l’intégration du robot dans l’unité pédiatrique.

Chaque année, une vingtaine d’enfants sont soignés à l’ICM, et une cinquantaine est vue en consultation.

Miroka devrait être prêt à les rencontrer début 2025, espèrent les médecins. Ophélie Romagnoli, opératrice radio, est enthousiaste : « On a hâte, ça va être sympa ! Les enfants viennent dans nos bras, pleurent, crient, ça rajoute du stress. Le robot peut être notre allié. »

Samuel Benveniste, co-fondateur d'Enchanted Tools, souhaite développer le prototype.
Samuel Benveniste, co-fondateur d’Enchanted Tools, souhaite développer le prototype.
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Samuel Benveniste, co-créateur d’Enchanted Tools : « Réhumaniser les soins »

« C’est une expérience » : co-créateur, avec Jérôme Monceaux (le « papa » de NAO et Pepper, robots éducatifs développés dans sa précédente entreprise, Aldebaran), de la start-up Enchanted Tools, créée en 2021, Samuel Benveniste reste prudent.

« Il aurait été plus simple d’arriver avec un robot immédiatement efficace, qui n’aurait peut-être pas été adapté aux demandes des soignants »rappelle l’ingénieur, qui a travaillé dix ans dans des Ehpad, où Miroka et Miroki pouvaient également être déployés, des travaux sont en cours avec l’AP-HP, à Paris : « Tout l’enjeu est de parvenir à une industrialisation à grande échelle, qui permettra de vendre un produit à un prix plus accessible, à 30 000 euros »l’ingénieur se projette, espère « approbation en 2025 »et annonce un objectif ambitieux : « Nous tablons sur 100 000 robots vendus dans les dix prochaines années ».

En attendant, c’est un « belle aventure qui commence »depuis Paris, où la start-up emploie une centaine de personnes. Elle ouvrira une « usine ouverte », un lieu qui permettra de découvrir le monde des robots et de se familiariser avec l’IA.

Et ce n’est pas qu’une question de machines, assure Samuel Beneviste : « Nous voulons un robot robuste, utile et social. Nous travaillons avec une éthique forte. Les robots sont là pour faire tout ce que les gens ne veulent pas faire. A l’AP-HP, c’est testé dans un service ou des postes. sont fermés faute de personnel.

L’ingénieur prend le sujet à l’envers des débats habituels : « Notre objectif est de réhumaniser les soins, et s’il y a un robot, il y aura plus d’humains. »

Miroka porte bien son nom, dans une traduction non littérale du japonais : « Voir le merveilleux chez l’autre ».

Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.
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