Les actionnaires de Tesla ont un vote important à réaliser avant l’assemblée générale du 13 juin. Cela pourrait changer l’avenir de la marque. Ainsi, les plus grands partisans de Tesla travaillent dur pour influencer le vote en faveur d’Elon Musk. C’était l’éditorial du bulletin d’information Watt Else du 29 mai.
Si vous pensez que les élections européennes ou américaines sont le parfait symbole de jeux d’influence, je vous propose une plongée au cœur de l’univers des actionnaires de Tesla pour une master class sur le sujet. Le 13 juin prochain, date de la prochaine assemblée générale de Tesla, le résultat d’un vote « pour » ou « contre » pourrait bien changer l’avenir de la marque américaine, même si l’avis n’est que consultatif.
Les actionnaires de Tesla doivent trancher sur plusieurs éléments, mais celui qui cristallise le débat n’est autre que la rémunération astronomique en actions d’Elon Musk pour son travail depuis 2018. Le patron de Tesla mérite-t-il l’enveloppe d’une valeur de 56 milliards de dollars suspendue par décision de justice ? Les fans les plus dévoués disent forcément oui, mais des voix discordantes se font également entendre. Les deux camps font tout leur possible pour défendre leur position et la promouvoir.
Qui veut la tête d’Elon Musk ?
A l’issue de ce vote, Elon Musk pourrait ressortir soit renforcé dans sa position de leader incontesté de Tesla, soit désavoué dans ce rôle et poussé vers la sortie.
Outre cette question de rémunération, les actionnaires doivent aussi valider un changement d’état du siège de Tesla : du Delaware au Texas. Ce caprice d’Elon Musk fait également suite aux poursuites concernant son indemnisation annulée. L’homme d’affaires estime qu’il n’aurait pas été poursuivi de la même manière au Texas qu’au Delaware, la couleur politique de ces Etats étant différente.
Le maintien du frère d’Elon, Kimbal Musk, au conseil d’administration est également en jeu. La perte de ce précieux soutien d’Elon Musk pourrait entraver la liberté d’action du fantasque PDG.
Véritable campagne de lobbying
Depuis plusieurs semaines, la communication s’est intensifiée de la part des deux camps. Même Tesla fait pression pour un vote. Cela a également fait la Une de Reuters, Bloomberg ou encore Les Échos en France. Si les médias parlent souvent d’investisseurs qui invitent à l’opposition à la rémunération, les fans de la marque ont lancé une toute autre campagne d’évangélisation sur les réseaux.
Les actionnaires de Tesla les plus « matriciels » se retrouvent, sans surprise, sur le réseau social X (anciennement Twitter). Suivez simplement le hashtag #$TSLA pour les trouver. Sur la plateforme, les discussions s’enflamment vite dès que le constructeur est critiqué. Mais ce qui ressort le plus, c’est la multiplication des audioconférences en direct pour aborder l’épineux sujet du vote. Pendant des heures, certains vous expliqueront qu’il faut voter « pour » et vous diront pourquoi. Attention, les avis contradictoires sont autorisés, mais seulement si vous disposez d’un portefeuille d’actions bien garni et d’arguments concrets.
A la tête de ce mouvement, un certain Omar, connu sous le pseudonyme de @WholeMarsBlog, est dans tous les débats, tel un gourou adjoint d’Elon Musk. Il n’est pas le seul. Mais j’ai écouté certains de ces lives et il était systématiquement au cœur des discours. Pire, alors que je l’avais déjà écouté en direct mardi 29 vers 22h, je l’ai retrouvé sur un autre espace de discussion le lendemain à 7h. Un peu flippant !
Un soupçon de chantage affectif
Parmi les arguments largement utilisés par les plus grands partisans de Musk, il y en a un qui ressort dans le discours appelant à voter « pour » les 56 milliards de rémunération. A savoir : Elon Musk pourrait quitter Tesla s’il n’obtient pas ce qu’il demande. Présenté ainsi, il a de quoi faire trembler plus d’un propriétaire d’actions Tesla en imaginant la chute inexorable de la valeur de l’action.
La probabilité que cela soit vrai est proche de zéro. Pour s’en convaincre, il suffit de revenir sur le passé de l’homme d’affaires, qui n’est vraiment pas du genre à lâcher si facilement ses jouets. Toutefois, les investisseurs ne veulent pas prendre le risque de voir Elon Musk abandonner Tesla pour passer à xAI (comme le dit la rumeur), pour faire ce qu’il veut en matière d’IA, de conduite autonome ou de robotaxis. Beaucoup voteront certainement « pour ». À suivre.
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