Quand l’Amérique éternue, la planète attrape froid. Et depuis le début de l’année, les ventes aux Etats-Unis sont froides, notamment pour Stellantis et Volkswagen qui n’en ont pas vraiment besoin en ces temps.
Aux Etats-Unis, VW a vu ses ventes de voitures électriques baisser de 15% au premier trimestre, et alors que les problèmes s’envolent, l’Allemand vient de voir les 5.500 salariés de son usine de Chattanooga, dans le Tennessee, où les ID4 souffrent sur le marché. , affilié à l’UAW. Un geste qui, s’il fait bondir la direction du groupe, risque de faire le bonheur des salariés de l’unité de production en question qui ont voté à 73% pour cette adhésion.
Une augmentation de salaire de 25% ?
Comment une simple carte syndicale pourrait-elle rendre heureux celui qui la possède ? Car ce même syndicat UAW a obtenu, dans les usines Stellantis, Ford et General Motors, en novembre dernier, une augmentation de 25 % des salaires des salariés de ces sites. Et nul doute qu’à Chattanooga, cette belle augmentation a été déterminante sur le taux d’adhésion. Et nul doute aussi que les nouvelles recrues demanderont prochainement à leur direction une augmentation de salaire du même ordre.
Du coup, d’autres constructeurs étrangers, également présents dans le sud des Etats-Unis, et qui ne disposaient jusqu’à présent d’aucun personnel syndiqué à l’UAW, craignent une contagion. Et ils n’ont pas tort. Dans une dizaine de jours, les salariés de l’usine Mercedes de Tuscaloosa, en Alabama, voteront pour adhérer également au syndicat, et on a une petite idée du résultat. Chez Hyundai et Toyota, des discussions sont également en cours.
Il s’agit donc d’un avantage non négligeable qui pourrait être perdu par les marques non américaines. Car jusqu’à présent, ils n’étaient pas soumis aux mêmes règles salariales que trois grands, puisque leur personnel n’est pas membre de l’UAW. Résultat : des salaires bien inférieurs chez ces constructeurs étrangers. On estime qu’un travailleur syndiqué coûte à son employeur 65 $ de l’heure, alors que le même travailleur, dans une usine sans monopole syndical, coûte entre 45 $ et 55 $, selon sa qualification.
Une situation qui ne survient d’ailleurs pas dans un moment de pure euphorie tant pour les étrangers que pour les locaux. Tout le monde baisse ses attentes, notamment en matière d’électricité, domaine dans lequel toutes les marques ont massivement investi. Malgré l’aide du gouvernement fédéral à travers l’IRA, elles n’ont pas dépassé 8 % des ventes totales en 2023, alors qu’elles ont atteint 14,6 % en Europe en 2023.
Quant au thermique, il est également en déclin. Un gros problème pour Stellantis. Car les ventes de ses marques américaines (Dodge, Ram, Jeep et Chrysler) sont en baisse depuis le début de l’année et sont en baisse de 15 %. Pourtant, aux Etats-Unis, la galaxie a réalisé l’an dernier 88 milliards de chiffre d’affaires sur les 189 milliards au total. Autant dire que les profits américains sont plutôt vitaux. De plus, Stellantis ne peut pas compter sur le reste de la planète pour compenser. Car là encore, les volumes hors Amérique sont en baisse de 13 %.
On comprend donc mieux la suspicion des marchés boursiers, qui ont fait chuter le titre Stellantis de 12%, comme on comprend les mises en garde du groupe Volkswagen qui, en livrant ses bons résultats 2023, prévoyait un vent mauvais pour 2024. Un vent qui est souffle de l’Amérique.
