« Pour l’emploi, c’est catastrophique » : les logements neufs continuent de s’effondrer – 30/04/2024 à 13h59
Le nombre de permis de construire délivrés n’avait pas été aussi bas depuis 32 ans.
Le nombre de permis de construire a poursuivi sa baisse inexorable en mars, enfonçant un peu plus le secteur dans une crise qui s’annonce durable, alors que les conséquences sur l’emploi commencent à se faire sentir.
Entre avril 2023 et mars 2024, 358 600 logements ont été autorisés à la construction, soit
19,8% de moins que sur les 12 mois précédents
, selon les statistiques publiées mardi par le ministère de la Transition écologique. Ce nombre est historiquement bas. Selon la Fédération Française du Bâtiment (FFB),
il faut remonter à 1992 pour constater une activité aussi faible.
Dans le détail, les maisons individuelles ont fait l’objet de 129.200 autorisations (-22,2%), tandis que les logements collectifs en ont obtenu 229.300 (-18,4%). Mais l’individu est encore plus lourdement touché qu’il n’y paraît, car le nombre de permis pour ces logements continue de s’éroder mois après mois, alors qu’il se stabilise dans le collectif.
Situation tendue en Île-de-France et en Paca
Une explication peut être trouvée dans
la fin du prêt à taux zéro pour les logements individuels
le gouvernement souhaite moins encourager ce type d’habitat, qui accentue l’étalement urbain avec des conséquences environnementales délétères.
Au sein de l’habitat collectif, les résidences (étudiants, seniors…) se portent plutôt bien avec une baisse de « seulement » 8,8 %.
Les Hauts-de-France et la Bretagne s’en sortent un peu mieux
que les autres régions de France, avec des baisses respectives de 4,8 % et 8,7 %.
Les régions les plus tendues, l’Île-de-France et Provence-Alpes-Côte d’Azur, ont connu des baisses significatives du nombre de titres délivrés avec respectivement -26,1% et -28,8%.
Le nombre de chantiers démarrés, qui suit traditionnellement celui des permis de construire, continue également de plonger, avec 283 200 mises en chantier entre avril 2023 et mars 2024, soit une baisse de 23,3 %.
Un chiffre qui est également historiquement bas.
Le ministère de la Transition écologique prévient cependant que ce dernier chiffre est plus discutable en raison d’une collecte plus fragmentée des données sur les mises en chantier.
« Pas de rebond avant fin 2026 »
« Pour l’emploi, c’est catastrophique »
a alerté le président de la FFB, Olivier Salleron, selon qui 300 000 emplois seront perdus dans le secteur du BTP en trois ans par rapport à début 2023. « Le bâtiment est un paquebot : quand il avance, il entraîne tout le monde. Aujourd’hui, le paquebot est à l’arrêt, et il faudra des années pour le redémarrer », a déclaré Olivier Salleron, qui ne le voit pas.
« pas de rebond avant fin 2026 ».
Plusieurs développeurs ont annoncé des plans sociaux, tandis que de petits acteurs déposent le bilan.
Les causes de la crise sont multiples. Premièrement, les chocs externes.
Les prix des matériaux de construction ont grimpé
depuis la pandémie de Covid et cette situation s’est aggravée avec la crise énergétique suite à la guerre en Ukraine.
La hausse des taux d’intérêt
a également compromis la capacité des ménages à investir dans l’immobilier.
Quant au gouvernement, il est régulièrement accusé de faire
économies budgétaires sur le logement
en réduisant progressivement les mesures de soutien à la construction (prêt à taux zéro, abri fiscal Pinel, financement des logements sociaux…).
Des normes environnementales plus strictes
visant à construire des bâtiments moins consommateurs d’énergie et plus adaptés au réchauffement climatique, ont également rendu la construction plus coûteuse, soulignent les organisations patronales.