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« Pour le vomi, c’est entre les buissons »… Nous avons suivi une séance de recrutement des futurs soldats

D’une voix forte et ferme, le sergent Titouan prévient : « Pour le vomi, ça se passera entre les buissons ou derrière les voitures, mais pas devant la porte. » Le militaire sait par expérience que le test d’endurance cardiorespiratoire de Luc Léger, réalisé à 8 heures du matin – c’est-à-dire au frais et juste après le petit-déjeuner – laisse généralement des traces chez les candidats à l’armée.

Ils sont une quarantaine ce mardi matin à participer aux épreuves physiques à la caserne Nansouty de Bordeaux, le centre commun de recrutement du Sud-Ouest. L’épreuve de Luc Léger, qui consiste à courir le plus longtemps possible entre deux lignes espacées de 20 mètres, tout en respectant un rythme de course qui s’accélère à chaque minute, n’a cette fois-ci eu raison de l’intérieur de personne. Mais plusieurs des futures recrues, d’une vingtaine d’années environ, ont raté leur chance de peu. Ils ont tous fini à genoux.

« Pas là pour les envoyer dans les tuyaux »

Mattéo a bien géré l’épreuve, même s’il a été un peu déçu de sa prestation. « On attaque à partir de 8h30, dans le froid, pas échauffé, donc on est un peu pris de court, explique-t-il. Mon résultat est en dessous de ce que je peux faire, mais il reste acceptable. » Julie s’était beaucoup entraînée, mais le stress a eu raison de la jeune femme, qui « rêvait de s’engager dans l’armée » depuis l’âge de 4 ans. « Je me suis réveillée avec une boule au ventre ce matin, et les examens étaient un peu tôt, il faisait un peu froid », nous a-t-elle raconté en larmes, persuadée d’avoir « tout gâché ». » Elle sera rassurée un peu plus tard à la fin des tests psychotechniques.

Après le Luc Léger, place aux tractions pour les hommes, à la poulie pour les femmes. L’objectif est d’évaluer les muscles du haut du corps. Les épreuves sportives se terminent par une série de squats. « Rien n’est inacceptable dans ces tests », affirme un évaluateur, mais les résultats permettront par la suite d’orienter le candidat vers le bon régiment. « On ne va pas affecter un jeune peu sportif dans une unité où le physique est primordial. Nous ne sommes pas là pour les envoyer à la punchline. »

« Rien n'est prohibitif dans les événements sportifs » indique un recruteur.
« Rien n’est prohibitif dans les événements sportifs » indique un recruteur.-Mickaël Bosredon

« Les tests physiques permettent d’évaluer les capacités des candidats évidemment, mais pas seulement », ajoute un autre militaire. L’état d’esprit est également important, on le remarque quand quelqu’un fait l’effort de repousser ses limites. Cela peut compter, surtout lorsque le candidat vise des unités très exigeantes comme la BSPP (Sapeurs-Pompiers de Paris).

« Est-ce que je lui donne une arme ? »

L’évaluation des candidats à la caserne Nansouty se déroule sur deux jours, répartis en quatre demi-journées. « Ici, on évalue, on ne sélectionne pas », insiste le lieutenant-colonel Gérald, chef du service évaluation et information. Même s’il y a encore ceux qui échouent : ceux qui ne passent pas l’étape de la visite médicale – environ 5 % par an – et ceux qui ont un profil psychologique trop fragile – un ou deux par mois. « La question que je me pose lorsqu’on me présente un candidat au profil dépressif est : dois-je lui donner une arme ? » fait remarquer l’officier.

Après l’étape de l’examen médical et des tests d’aptitude physique, vient le test de personnalité, qui se déroule à travers un questionnaire de 170 questions. Enfin, les tests cognitifs permettent d’évaluer les capacités intellectuelles du candidat, ce qui permettra notamment une orientation vers la catégorie de sous-officier, sous-officier ou officier. Mais l’affectation ne sera pas décidée par le groupe de recrutement et de sélection, ce sera le rôle du conseiller en recrutement, dans un second temps.

« Révéler les compétences du candidat »

« Ici, notre objectif est de révéler les capacités du candidat et de l’informer », résume le lieutenant-colonel. Qui souligne qu’ils « arrivent souvent avec des idées fixes sur l’armée : ils aimeraient généralement être commandos ou parachutistes, mais ce ne sont pas forcément des sports de masse, donc il faut réorienter un certain nombre d’entre eux. » Cela tombe bien, « il y a 400 métiers dans l’armée, donc il y a presque de quoi satisfaire tout le monde. » « On profite du fait qu’ils soient dans une caserne pendant deux jours et une nuit pour leur donner des informations, on leur parle des valeurs de l’armée, aussi du fait de devoir entrer au contact de la mort. … Tout cela change leur façon de penser. »

« Nous essayons d’avoir des informations sur la manière dont ils vont se comporter dans la vie associative, leur rapport à l’autorité, s’ils ont déjà été amenés à commander une équipe », ajoute le major Mehdi, qui passe les tests de personnalité. Le candidat a généralement une idée de l’arme qu’il souhaite rejoindre – infanterie, cavalerie, génie, etc. – que l’on ciblera s’il a le profil qui correspond. »

Le centre de recrutement de Nansouty voit transiter chaque année quelque 4 000 candidats, participant au recrutement de 16 000 personnes par l’armée chaque année.

Cammile Bussière

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