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Pour le pétrole et pour le pire : la guerre en Ukraine fait de l’Arabie Saoudite et de la Russie des « frères ennemis »

Il n’y a qu’un pas entre alliés et ennemis, et il pourrait bien être franchi avec la guerre en Ukraine. Pourtant, les deux pays membres de l’Opep+, alliance stratégique de pays producteurs et exportateurs de pétrole qui tend à maintenir un prix stable du baril de brut, la Russie et l’Arabie saoudite semblent se regarder avec mépris ces derniers mois.

Les sanctions occidentales résultant de l’attaque de Moscou sur Kiev sont loin d’être étrangères à cette nouvelle situation, explique le média russe en exil The Insider. Le pétrole russe est devenu persona non grata pour les acheteurs occidentaux, sauf pour les plus audacieux, qui misent sur le brut ouralien transporté par la « flotte noire » russe. Mais globalement, l’Occident se détourne de Moscou.

La production russe s’est donc orientée vers un marché plus gourmand et complaisant : l’Asie, et force est de constater que les affaires ont fonctionné. En 2023, pour la première fois depuis 2018, Moscou est devenue le premier fournisseur de pétrole de la Chine, avec 107,2 millions de tonnes vendues sur l’année, rapportait alors Bloomberg. Une première depuis 2018. La tendance est également à la hausse en Inde : selon Vortexa, en mai 2023, la Russie représentait 40 % des importations pétrolières du pays. En revanche, l’Arabie saoudite, par l’intermédiaire de sa compagnie pétrolière nationale Aramco, a fourni 86 millions de barils à la Chine en 2023, soit moins de 15 % des importations de brut de l’Inde.

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OPEP+ mais pas plus

Les deux pays courtisent l’Asie, quitte à bloquer la machine OPEP+. Car la tentation est forte, pour les deux, d’augmenter la production nationale de barils de pétrole pour faire baisser les prix et attirer les clients.

Problème intrinsèque dans un monde qui obéit à la loi du marché : si l’offre augmente, les prix baissent, et c’est aussi ce qui a poussé les pays de l’OPEP+, touchés par la baisse mondiale de la demande de pétrole pendant la pandémie de Covid-19, à s’engager en avril 2020 pour réduire leur production de barils pour endiguer la chute des prix.

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Dans tous les cas, personne n’a intérêt à baisser les prix de manière excessive, sinon on vendra à perte. Si toutefois l’Arabie saoudite et la Russie devaient s’engager dans une lutte d’influence sans merci sur le marché asiatique à travers une course à la production de barils, cela se traduirait par une défaite pour Moscou, analyse The Insider. L’Arabie saoudite a la capacité d’augmenter rapidement sa production de plus de 3 millions de barils par jour, a rappelé le royaume en février, quand la Russie ne peut monter que de 500 à 700 barils supplémentaires par jour. En outre, le pays de la péninsule arabique serait dans une meilleure position pour obtenir des prêts bon marché auprès des États-Unis.

La Russie dans un équilibre précaire

Il est probable que la lutte n’en arrivera pas là. En fait, l’Inde, notions-nous début mai, semble hésiter à poursuivre sa nouvelle lune de miel avec Moscou, compte tenu de la vague de sanctions occidentales affectant le brut de l’Oural. Comme Business Insider l’a récemment rapporté à la suite de Bloomberg, trois grandes raffineries du pays, Indian Oil, Bharat Petroleum et Hindustan Petroleum, ont rompu les accords ou les négociations avec Rosneft pour l’approvisionnement à long terme en brut russe. De 40 % des importations totales indiennes en 2023, le pétrole russe est tombé à 28 % en mars 2024, résume Voratex.

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Dans le même temps, plusieurs banques chinoises ont renforcé la surveillance des paiements impliquant des entités russes, craignant d’éventuelles répercussions de la part de l’Occident. Cette situation a permis à l’Arabie Saoudite de récupérer 1% supplémentaire du marché, note The Insider.

Pour Moscou, se brouiller avec Riyad et l’OPEP+ reviendrait aussi à se tirer une balle dans le pied, alors que le pays est « protégé » par l’organisation. Tant que les autres pays producteurs n’augmentent pas leur production, les barils russes restent nécessaires pour satisfaire la demande mondiale d’or noir, et obligent l’Occident à ne pas limiter plus radicalement les exportations russes. Mais l’équilibre est fragile, et la guerre en Ukraine, un curseur périlleux.

Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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