Pour la première fois, l’Ukraine a frappé des cibles sur le sol russe avec des missiles américains
Depuis de nombreux mois, l’administration du président américain Joe Biden a toujours été très claire. Les Ukrainiens pouvaient utiliser des armes et munitions d’origine américaine contre des cibles russes, à condition que ces dernières se trouvent sur le sol ukrainien occupé. Si une bombe fournie par les États-Unis venait à toucher le sol russe, toute aide future à Kiev pourrait être remise en question.
Pendant plus de deux ans, l’Ukraine a respecté les termes de cet accord, privilégiant les drones suicides artisanaux pour ses campagnes hors de son territoire. Des attaques pas particulièrement encouragées par la Maison Blanche, qui y voyait un risque d’escalade du conflit. Mais depuis jeudi 30 mai, les consignes américaines ont changé.
Les récentes frappes russes dans la région de Kharkiv, au nord-est de l’Ukraine, ont modifié la position des États-Unis, une évolution déjà amorcée et espérée par l’Ukraine depuis plusieurs semaines. « Pendant un mois, des frappes aveugles ont déplacé des dizaines de milliers de civils et en ont tué des dizaines. Samedi 25 mai, les Russes ont bombardé un magasin de bricolage dans cette ville (Kharkiv, ndlr) de 1,4 million d’habitants, tuant dix-huit personnes, dont deux enfants.explique le journaliste David Axe, pour le magazine Forbes.
Jeudi 30 mai, la Maison Blanche a officiellement levé son interdiction formelle de cibler des cibles en Russie, effaçant ainsi une ligne rouge qui réduisait considérablement la capacité de réponse de Kiev. Un haut responsable américain a déclaré « Le président Joe Biden a confié à son équipe la tâche de veiller à ce que l’Ukraine puisse utiliser les armes américaines pour contre-attaquer dans la région de Kharkiv, afin de riposter lorsque les forces russes l’attaquent ou se préparent à l’attaquer ».
En revanche, à l’instar de la France et de l’Allemagne qui ont également changé de position sur le sujet au même moment, les États-Unis refusent toujours que les frappes de l’Ukraine avec les missiles qu’ils lui fournissent soient menées en profondeur sur le territoire russe : « Notre position sur l’interdiction de l’utilisation d’ATACMS ou de frappes profondes à l’intérieur de la Russie n’a pas changé. »
L’oblast de Belgorod, une cible stratégique
Mais en ce qui concerne les lance-roquettes multiples d’origine américaine M142 Himars, il n’y a plus de contrainte de cet ordre. Dans la nuit du vendredi 31 mai au samedi 1euh En juin, l’Ukraine a orienté ses M142 Himars vers la ville russe de Belgorod, à 32 kilomètres au nord de la frontière russo-ukrainienne, dans l’ouest de la Russie.
« Il s’agit d’une étape bienvenue qui nous permettra désormais de mieux protéger l’Ukraine et les Ukrainiens contre le terrorisme russe et les tentatives d’extension de la guerre », » a immédiatement déclaré le président ukrainien Volodymyr Zelensky. Les médias russes ont effectivement rapporté que des sirènes de raid aérien avaient retenti à Belgorod, précisant que quatorze roquettes avaient été abattues par les systèmes de défense aérienne.
Belgorod et ses environs n’ont pas été touchés par hasard et ce n’est pas la première fois que la ville russe est visée par des attaques ukrainiennes. Or, pour ce faire, les munitions de fabrication américaine n’avaient jamais été utilisées jusqu’au week-end dernier.
C’est dans cette région que se situe la base opérationnelle des forces nordistes de l’armée russe, dont la mission première depuis le 10 mai est de mener des assauts sur les villes frontalières ukrainiennes, avec l’objectif probable d’ouvrir la voie vers Kharkiv.
De récents mouvements de troupes russes, à quelques kilomètres à l’ouest de Belgorod, « pourrait indiquer la formation d’un groupe d’attaque dans la région de Belgorod », selon une analyse livrée le 27 mai par le groupe de réflexion Center for Defence Strategies. Frapper cette zone devrait donc permettre à Kiev de limiter la portée des futures attaques russes.