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Pour la première fois, l’hélium est sorti du sol français pour lancer des filières d’avenir

Pour la première fois, l’hélium est sorti du sol français pour lancer des filières d’avenir


Entre pâturages à vaches et forêts épaisses, la petite unité de production inaugurée cette semaine à Saint-Parize-le-Chatel (Nièvre), extrait de l’hélium, ce gaz non toxique et ininflammable, devenu incontournable dans l’électronique et l’aéronautique.

Le hameau de Fonts-Bouillants, qui porte bien son nom, abrite depuis des millénaires des sources d’eau gazeuse. Selon la légende, des thermes romains y auraient été installés après la guérison d’une Légion entière de la lèpre. Au XIXe siècle et jusqu’en 1975, ces eaux étaient exploitées comme eaux minérales. L’ancien président Félix Faure en était, dit-on, très friand.

Mais la « Fontaine des Vertus » était depuis longtemps tombée dans l’oubli. Jusqu’à ce que deux ingénieurs fondent en 2017 la société 45.8 Energy, basée à Metz, qui vise à produire une « L’hélium européen et souverain »selon leur credo.

Une empreinte carbone « incomparable »

L’hélium provenant de l’étranger constitue à la fois « absurdité écologique et économique »déplore la start-up : les 32 millions de mètres cubes consommés en Europe de l’Ouest, deuxième marché mondial, sont entièrement importés, principalement des Etats-Unis, du Qatar et d’Algérie.

Pour être transporté sur une longue distance, l’hélium doit être liquéfié à une température de -269 degrés, « donc ça demande beaucoup d’énergie »explique à l’AFP Antoine Petat, responsable des opérations chez 45.8 Energy. Et l’opération doit être inversée une fois que le gaz arrive chez les clients : « Nous le liquéfions, nous le transportons et nous le regazéifions pour l’utiliser. »

En revanche, en l’extrayant en Europe même, à proximité des consommateurs et donc sur de courtes distances, 45.8 Energy peut transporter l’hélium à l’état gazeux. « L’empreinte carbone est incomparable »assure Antoine Petat.

Sans parler du coût économique, puisque le prix de l’hélium importé a triplé au cours des cinq dernières années.

Le ballon olympique

Ce gaz est devenu indispensable à de nombreux secteurs. Bien plus que les usages récréatifs pour lesquels on le connaît, comme la plongée ou les ballons, dont celui transportant la vasque des Jeux olympiques et paralympiques de Paris, l’hélium est indispensable dans l’électronique, notamment les semi-conducteurs, la fibre optique, les laboratoires, etc.

« L’hélium est un gaz clé »souligne Jacques Pironon, chercheur CNRS au laboratoire GéoRessources de Nancy. A tel point que l’Union européenne « l’a répertorié comme une ressource essentielle » en 2023, rappelle-t-il. D’ici 2030, 10% de l’hélium devra être extrait localement dans l’UE, a décrété l’Union.

« Il faut vraiment sortir de cette vision importatrice, car l’empreinte carbone est déplorable. Aujourd’hui, il ne devrait y avoir qu’un seul mot d’ordre. : recentrer la production »estime ce spécialiste des ressources gazières.

Dans cette quête de « souveraineté »45.8 Énergie a découvert à l’été 2018, lors de l’étude des rapports géologiques de plus de 200 sources naturelles en France, que des gaz s’échappaient des Fonts-Bouillants.

« Nous avons voulu venir voir par nous-mêmes et, effectivement, nous nous sommes rendu compte que ces sources émettaient bel et bien de l’hélium en forte concentration. »se souvient Nicolas Pélissier, cofondateur et président de 45.8 Énergie.

45.8 Énergie découvert à l’été 2018, lors de l’étude de rapports géologiques, que des gaz s’échappaient de Fonts-Bouillants 45,8 Énergie

En 2021, un permis de recherche a été accordé et, après plusieurs levées de fonds (31,5 millions d’euros au total), la petite entreprise innovante a inauguré mercredi la première unité de production d’hélium d’Europe de l’Ouest, à Fonts-Bouillants.

Plusieurs gisements potentiels sur le territoire

« Aujourd’hui, c’est une unité pilote, donc c’est encore modeste. Mais nous travaillons déjà sur une production industrielle. »explique Nicolas Pelissier, devant un forage en cours qui analyse le sol jusqu’à 1 300 mètres de profondeur en bordure d’un champ bordé de forêts.

« Nous avons identifié plusieurs gisements potentiels sur le territoire. L’objectif est que la production amène jusqu’à 15 % des besoins français en hélium »selon le président.

« C’est important »juge Jacques Pironon. « Oui, il y a du potentiel en Europe, même s’il est encore difficile d’en avoir une vision claire. »

GrP1

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