pour la millième fois depuis 1995, les familles des disparus se sont rassemblées pour exiger la vérité
Un rassemblement hautement symbolique samedi en Turquie : pour la 1 000e fois, des proches de « disparus » se sont rassemblés sur l’avenue Istiklal à Istanbul. Un rassemblement interdit, mais qui a lieu chaque semaine depuis 1995
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Depuis près de 30 ans, l’image n’a pas changé : chaque samedi, mères, filles, frères ou fils de personnes disparues après avoir été placées en garde à vue dans les années 1980 et 1990, se rassemblent avec la photo de leur proche et un œillet rouge dans leur main.
Leurs revendications non plus, au sein du groupe connu sous le nom de « Mères du samedi », n’ont pas changé. : sachez ce qui s’est passé, et jugez les responsables s’ils sont encore en vie. Leur manifestation est la plus ancienne de Turquie et l’une des plus anciennes au monde. « Cette situation est une honte pour la Turquiedénonce Faruk Eren, dont le frère Hayrettin n’a plus donné signe de vie depuis sa garde à vue en 1980. Nous recherchons les tombes de nos proches et à la place, pour 1 000 semaines, l’Etat continue de nous dire que personne n’a disparu en garde à vue. »
Depuis 2018, les rassemblements sont interdits et régulièrement réprimés. Mais Faruk Eren insiste : les enjeux de leur double quête, justice et vérité, sont loin de concerner uniquement les familles des disparus.
« Si l’État ne se confronte pas à ce passé et ne reconnaît pas la vérité, la Turquie ne connaîtra jamais la démocratie. »
Mais depuis trois ans, ces familles en quête de justice sont elles-mêmes jugées et risquent la prison pour « violation de la loi sur les manifestations ».
La 1 000e manifestation des « Mères du samedi » à Istanbul : reportage d’Anne Andlauer