Cinq ans et demi après un scandale à résonance mondiale, l’affaire LOL League n’en est plus une de justice : la dernière procédure s’est terminée après un accord entre Libérer et Vincent Glad, l’un de ses anciens journalistes, licencié à l’époque. Cet accord a été conclu au cours de l’été, a appris l’Agence France-Presse (AFP) de sources concordantes, mercredi 2 octobre. Contactées, les deux parties se sont refusées à tout commentaire.
Conclusion de la procédure judiciaire « cimente une fois pour toutes la thèse d’une frénésie médiatique » Dans cette affaire d’accusations de cyberharcèlement visant notamment des journalistes, avait déclaré à l’AFP en 2019, sous couvert d’anonymat, l’une des personnes accusées.
Aux termes de cet accord, Libérer a abandonné son recours après une décision des prud’hommes de Paris en 2022 favorable à M. Glad, qui devient donc définitive. Le 12 juillet 2022, les prud’hommes ont condamné le quotidien à verser au total près de 52 000 euros au journaliste pour licenciement sans motif réel et sérieux et de manière vexatoire.
La Ligue LOL est le nom d’un groupe Facebook privé, créé en 2010 par M. Glad, qui regroupait une trentaine de membres dont de jeunes journalistes et communicants. En février 2019, après un article du service de vérification de LibérerCheckNews, ce groupe était accusé d’avoir commis du cyberharcèlement au début des années 2010 sur le réseau social Twitter (désormais nommé X), principalement à l’encontre de militantes féministes.
Ces accusations ont conduit au licenciement rapide de plusieurs membres du groupe. Ayant ses racines dans le petit milieu du Twitter parisien, cette affaire a eu une résonance médiatique mondiale. Cela avait provoqué des débats sur le sexisme dans le journalisme et la violence en ligne.
« Infraction insuffisamment caractérisée »
Toutefois, côté justice, l’enquête du parquet de Paris pour harcèlement a été classée sans suite en février 2022, pour « infraction insuffisamment caractérisée ». Aux prud’hommes, avant la décision favorable à M. Glad, le magazine Les Inrockuptibles a été condamné en septembre 2021 pour le licenciement sans motif réel et sérieux d’un rédacteur en chef membre du groupe. Enfin, en juin 2023, Libérer et un autre journaliste licencié, Alexandre Hervaud, sont parvenus à un accord pour clore leur litige devant les prud’hommes. M. Hervaud a été débouté en première instance et a fait appel.
Suite à la dynamique des enquêtes menées par les sites L’ADN et Next INpact début 2020, puis Marianne en 2021, plusieurs médias ont conclu ces dernières années que « Un battage médiatique sans précédent » dans cette affaire. Ils ont souligné le fait que la Ligue LOL avait été décrite à tort comme l’instigatrice d’actions coordonnées de cyberharcèlement, menées par tous ses membres.
« En réalité, seuls quelques membres (…) ont été accusés de plaisanteries obscènes, de photomontages grossiers ou de moqueries répétées, et non le groupe dans son ensemble.avait ainsi reconnu le journal américain New York Times dans une correction publiée en avril 2021.
En France, Arrêt sur images a procédé fin 2021 à une relecture critique de son reportage. «C’est un cas d’école de battage médiatique, les proportions que ça a pris sont folles»avait déclaré son ex-médiateur, Loris Guémart, à l’AFP en février, à l’occasion du cinquième anniversaire de l’affaire. Images figées « ne dit pas que l’affaire ne méritait aucun article »a-t-il souligné. « Mais cela ne méritait ni le ton de la plupart des articles, ni le volume de contenus médiatiques publiés ».
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« La fin des débats est une grande étape mais les traces qui subsistent en ligne constituent un fardeau monstrueux pour la réputation de personnes dont l’honneur a été souillé en 2019 »a assuré mercredi l’un des suspects à l’AFP, en pointant notamment la page Wikipédia consacrée à l’affaire.