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pour Julie Fabre, sélectionneuse des Bleues, « ce nouveau règlement nous permet de gagner des médailles » – Libération

pour Julie Fabre, sélectionneuse des Bleues, « ce nouveau règlement nous permet de gagner des médailles » – Libération
Nouvelle épreuve, objectivation de la notation… La Fédération a rebattu les cartes de la discipline, juste avant les Jeux olympiques. Julie Fabre qui entraîne l’équipe de France, alors que les épreuves olympiques débutent ce lundi 5 août.

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L’équipe de France de natation artistique est décidément sur une pente ascendante. Après avoir remporté trois médailles de bronze aux Championnats d’Europe en 2022, elle a poursuivi sur cette lancée aux Jeux européens en 2023. Même si elle est toujours à la traîne par rapport à ses concurrentes chinoises, japonaises et américaines au niveau international, le plafond de verre commence à se fissurer, grâce aux récents changements de règles de la natation artistique, explique Julie Fabre, coach de l’équipe de France.

Comment votre discipline est-elle évaluée dans une compétition comme les Jeux Olympiques ?

Lors d’un programme, différentes personnes fournissent la notation. Il y a d’abord les juges, qui évaluent deux critères. Un premier jury note l’exécution, c’est-à-dire la hauteur au-dessus de l’eau, les alignements, la similitude des mouvements… Un autre donne une note sur l’impression artistique : sur la chorégraphie, la musicalité, la manière dont les athlètes exécutent, leur attitude. Et puis il y a les contrôleurs, qui pénalisent la désynchronisation et la difficulté s’il y a des ratés par rapport à ce qui a été annoncé. Ainsi, les contrôleurs appuient sur un buzzer à chaque fois qu’ils voient une erreur de synchronisation. À la fin de la prestation, cela donne une pénalité qui sera déduite de la note totale. D’autres contrôleurs sont chargés de vérifier si chaque élément annoncé est bien exécuté ou non. S’il est bien exécuté, la note de difficulté de l’élément est multipliée par la note des juges. S’il n’est pas bien exécuté, une note de 0,5 est appliquée. (par défaut, quel que soit l’élément produit, ndlr).

Est-ce sur ce dernier critère d’évaluation que la réglementation a évolué ?

Oui. Il y a deux ans, un gros changement a été apporté à la cotation de la difficulté, un critère encore assez flou, assez ambivalent. Il concerne tous les portés et figures qui se déroulent avec les jambes au-dessus de l’eau. Toute la difficulté a été codifiée : chaque élément réalisé vaut des points. Ce changement apporte une stratégie différente d’avant : le but est de présenter des mouvements qui valent le plus de points possible, puisque ces points sont ensuite multipliés par la note des juges.

La réglementation a-t-elle changé sur d’autres points ?

Un nouveau programme acrobatique a été ajouté pour les épreuves par équipes. Il s’agit d’un ballet qui doit comporter sept portés. Les portés sont classés par famille, et il faut en présenter un par famille. Dans ce ballet, on ne se préoccupe pas de voir les nageurs lever les jambes au-dessus de l’eau.

Cette nouvelle épreuve est une victoire pour l’équipe de France, avec sa médaille d’or aux Jeux européens. Plus généralement, tous ces changements sont-ils bénéfiques pour les Françaises ?

Jusqu’il y a deux ans, l’ouverture du classement international était encore très restreinte. Cette nouvelle dynamique nous permet de gagner des médailles. Par le passé, on était confronté à des portés qui tombaient sur des équipes en tête du classement, et on ne voyait pas où elles avaient été pénalisées dans le score. Aujourd’hui, ce n’est plus possible, elles seront forcément pénalisées.

Penses-tu pouvoir gagner alors ?

Nous espérons monter sur le podium, mais nous ne visons pas une place précise, que ce soit pour les épreuves en duo ou par équipes. La première place semble difficile à atteindre car nous avons encore une équipe chinoise clairement au-dessus, mais pas à l’abri de manquer quelque chose non plus.

Vous disiez que le critère de difficulté était jusqu’à présent ambivalent, cela a-t-il contribué à le clarifier ?

Le plus important c’est qu’il y a eu une prise de conscience que nous ne pouvions plus rester dans un système basé uniquement sur les notes des juges, sans une évaluation précise de ce qui est réalisé dans l’eau en termes de difficulté. Cela objective et standardise la notation, donc nous sommes sur la bonne voie.

Qu’est-ce que cela signifie pour les nageurs ?

Même si on contrôle nos performances, on ne sait pas à l’avance quel score de difficulté vont présenter nos concurrents. On a généralement ces scores la veille d’une compétition. Et si on se rend compte qu’on n’a pas assez tapé fort dans ce qu’on propose en difficulté, on sait qu’on ne montera pas sur le podium. On a jusqu’à la veille au soir de la compétition pour changer notre carte de difficulté, pour pouvoir décider des coups de poker et se dire qu’on y va à fond.

Quelles autres qualités sont requises pour être un bon nageur artistique aujourd’hui ?

C’est un sport physiquement sale, qui l’est devenu encore plus avec ces nouvelles règles. Pour être un bon nageur artistique, il faut évidemment avoir des qualités artistiques, mais aujourd’hui, ce n’est plus ce qui domine notre sport. Ce qui domine, c’est de pouvoir faire des choses très difficiles qui demandent beaucoup de force abdominale, beaucoup d’endurance, beaucoup de vitesse, tout en retenant sa respiration. Il faut pouvoir tourner, la tête en bas, les jambes en l’air, faire le plus de rotations possibles, verticales ou obliques, parce que c’est ce qui vaut le plus de points. On passe un temps monstrueux sous l’eau, en retenant sa respiration, donc c’est terrible.

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