Pour EDF, « beaucoup de choses positives » se produisent depuis l’accord sur le prix de l’électricité post-Arenh
Pour atteindre cet objectif, convaincre les consommateurs du bien-fondé de sa politique commerciale sera cependant crucial pour EDF, notamment sur le prix de l’électricité à partir de 2026, c’est-à-dire après l’extinction du mécanisme de régulation. Arenh actuel. Devant les médias réunis à son siège parisien, le groupe s’est donc livré à une argumentation en défense de l’accord de novembre 2023 conclu avec l’État sur le futur cadre de régulation de ce prix, malgré les nombreuses critiques exprimées à son encontre par les industriels et certains observateurs. .
Le timing n’était sans doute pas anodin comme l’avait évoqué le ministre de l’Économie Antoine Armand lors des Assises de l’Industrie de L’Usine Nouvelle. « un point public prochainement sur l’état de l’accord et la nécessité ou non de rediscuter certains paramètres ». « Nous verrons » ce qui ressortira de cette clause de révision « mais il nous semble qu’il y a beaucoup de choses positives » depuis la conclusion de cet accord qui concerne l’électricité d’origine nucléaire, a déclaré Marc Benayoun.
Signatures de nouvelles lettres d’intention attendues pour les contrats à long terme
Le point de l’accord sur lequel le dirigeant semble le moins à l’aise concerne les contrats à long terme avec les industriels électro-intensifs, les contrats d’allocation de production nucléaire (CAPN). Dans les colonnes de L’Usine Nouvelle en octobre, Nicolas de Warren, président de l’association des industriels énergivores Uniden, appelait à ce que le sujet soit abordé avant le premier anniversaire de l’accord. Pour l’instant, cinq lettres d’intention ont été signées pour un peu plus de 10 TWh de consommation annuelle. Leur durée est généralement de 15 ans mais l’un de ces contrats est prévu pour 18 ans.
« Nous sommes arrivés au terme des négociations avec ces cinq clients mais nous avons d’autres négociations très avancées avec des signatures attendues d’ici quelques jours et 24 négociations engagées au total », a déclaré Marc Benayoun. Reste que ces lettres d’intention ne sont pas encore des contrats signés noir sur blanc. Une remarque qui a semblé quelque peu irriter le représentant d’EDF. « Ce sont des quasi-contrats ! Ces documents sont très structurés et déterminent la quasi-totalité des critères économiques du contrat, y compris le paiement de l’acompte. Certes, il s’agit encore de lettres d’intention car la signature finale correspond au moment où les clients doivent payer l’acompte à l’avance, donc ils souhaitent que ce soit le plus proche possible du début des livraisons, plutôt vers fin 2025. » » argumenta-t-il.
Offre à prix réduit pour la deuxième phase d’Exeltium
Certains contrats de longue durée débuteront le 1er janvier 2026, mais d’autres débuteront plus tard car ils concernent des projets industriels qui doivent encore voir le jour ou monter en puissance. Un bon connaisseur du dossier s’est également étonné par L’Usine Nouvelle de l’utilisation par EDF de la lettre d’intention signée avec GravitHy pour afficher sa volonté de respecter l’accord, dans la mesure où ce site industriel n’est pas encore construit. Mais le tissu industriel existant a également besoin de prix bas.
Dans une interview accordée à Échosla ministre déléguée chargée de l’énergie Olga Givernet avait également déclaré qu’il faudrait « dix » lettres d’intention pour les contrats à long terme. Selon notre expert en la matière, l’accord de novembre dernier prévoyait même une telle offre commerciale pouvant aller jusqu’à 40 TWh de consommation. « Cet ordre de grandeur de 40 TWh correspond à la demande des industries électro-intensives. L’idée des contrats à long terme est de sécuriser la moitié de ces volumes, soit 20 TWh ou un peu plus. Cela correspond au souhait exprimé par la vice-ministre Olga Givernet. Les contrats signés aujourd’hui représentent la moitié de cet objectif. a déclaré Marc Benayoun. L’accord de 2023 prévoit également la mise en œuvre de la deuxième phase du contrat entre EDF et le consortium d’industriels électro-intensifs Exeltium. « Nous avons déposé une offre ferme il y a quelques semaines. Nous verrons si cela est accepté ou non. a déclaré Marc Benayoun à ce sujet.
« Nous sommes au-delà de nos attentes sur les contrats à moyen terme »
EDF se satisfait davantage d’un autre outil prévu dans l’accord de novembre 2023, les contrats à terme de fourniture sur un horizon de quatre ou cinq ans. Environ 3 600 contrats de ce type ont été signés pour un volume d’environ 17 TWh en 2028 et 9 TWh jusqu’en 2029. EDF met en avant une durée moyenne des contrats pour ses clients de 41 mois en 2024, soit plus de trois ans. « Les clients signent en moyenne pendant un an de plus qu’avant. Nous sommes au-delà de nos attentes sur les contrats à moyen terme car nous parlons d’une nouvelle offre qui n’existait pas auparavant. Il y a quelques années, personne n’achetait d’électricité pendant plus de trois ans en France et c’était le plus souvent deux ans. s’est félicité Marc Benayoun.
Si la proportion de ces contrats signés avec des constructeurs est source d’inquiétude, « un peu plus de la moitié » concernent les entreprises de ce secteur, a assuré Nelly Recrosio, directrice d’EDF pour la clientèle entreprises. Ces contrats sont également conclus dans un contexte « niveau de prix attractif »a souligné Marc Benayoun. Fin octobre, les prix sur le marché de gros se situaient entre 62 et 65 euros le mégawattheure pour une livraison entre 2026 et 2029.
Principales exportations d’électricité en 2024
La baisse des prix et de la demande, tirée par l’efficacité énergétique et la baisse de production des industries électro-intensives, rendent l’accord de 2023 exigeant pour EDF, a rappelé Marc Benayoun. « Cela nous oblige à optimiser notre système industriel et nos coûts » a-t-il estimé. C’est notamment cette baisse de la demande qui explique l’estimation d’EDF d’exportations nettes d’électricité de 90 TWh à fin 2024, « un chiffre record pour le système électrique français », selon Marc Benayoun.
Pas sûr cependant que cet exercice d’autosatisfaction d’EDF convainque les industriels. Courant octobre, l’association des grands consommateurs d’électricité et de gaz CLEEE s’est félicitée dans un communiqué de la suppression en commission des Finances du mécanisme de taxation des trop-perçus d’EDF en cas de hausse des marchés. Ceci est prévu dans le texte initial du budget 2025 et découle également de l’accord de novembre 2023. Qualifié de « peu protecteur », le système « ne nous protégera pas de la prochaine crise » du prix de l’électricité, critiqué l’association. En séance, les députés ont finalement rejeté le nouveau mécanisme fin octobre. Dans un communiqué publié début novembre, l’Association française indépendante de l’électricité et du gaz (Afieg), qui regroupe les entreprises des énergies alternatives comme TotalEnergies Electricité et Gaz France ou les filiales françaises de Vattenfall et Alpiq, affirme de son côté que La mise en œuvre de l’accord entre l’Etat et EDF ne « permet pas aujourd’hui de concilier intérêts des consommateurs, couverture des coûts historiques du nucléaire et concurrence respectée sur le marché de détail ».
Une chose est sûre, EDF proposera en tout cas des tarifs réglementés de l’électricité pour toutes les petites entreprises à partir de février 2025, conformément à une loi promulguée en avril dernier. Mais l’ampleur de l’évolution des clients vers ce prix de vente réglementé « C’est très difficile » anticiper, selon Nelly Recrosio. « Ce retour se fera progressivement car un client professionnel disposant d’une offre de marché doit verser une indemnité de résiliation anticipée. Cela dépendra également du positionnement tarifaire de ce prix réglementé de vente par rapport aux offres du marché.conclut-elle.