Pour Charles Noakes, ce titre est « la meilleure façon de remercier mes parents »
Le Français de 27 ans, champion paralympique de badminton lundi, avait du mal à mesurer l’importance de sa performance, ému en pensant à son père et à sa mère.
A l’Arène Porte de la Chapelle
Charles, comment te sens-tu avec cette médaille d’or autour du cou ?
Charles Noakes : C’est l’un des plus beaux jours de ma vie. C’est quelque chose d’incroyable. Je suis très ému, très fier d’être français, très fier d’avoir fait comme Lucas Mazur et d’avoir remporté cette médaille d’or. C’était très important pour moi de gagner car cela fait cinq ans que je travaille presque tous les jours, 35 heures par semaine pour un seul moment, celui-là. Là, je n’ai pas de mots et je n’arrive toujours pas à y croire. Gagner devant ma famille, mes amis et la France entière, c’est magique. Aujourd’hui, j’ai réalisé mon rêve et je vais profiter de l’instant.
Vous avez également gagné avec style…
Dans le premier set, j’ai eu un peu de mal mentalement. En fait, j’étais un peu stressé (sourire). Il y avait beaucoup de monde, il y avait une ambiance de folie et en face de moi, j’avais un adversaire qui jouait très bien, qui faisait très peu de fautes. C’était très important de gagner ce premier set pour gagner la bataille mentale. Ensuite, dans le deuxième set, j’ai été meilleur et j’ai vraiment insisté sur son côté revers, qui est un peu son point faible. J’ai su saisir l’opportunité et j’ai senti qu’il commençait à craquer un peu, donc j’ai ramené l’ambiance avec le public parce que je savais que ça pouvait faire la différence. Aujourd’hui, je remercie le public qui a été formidable avec moi pendant tous mes matchs. Il y a des gens qui ont fait le déplacement tous les jours depuis Nantes pour me soutenir. Cela montre qu’ils ont un grand cœur, une grande générosité.
Est-ce qu’il y a aussi un sentiment de soulagement d’avoir réussi ?
Oui, d’une certaine manière. Je sors de cinq années de travail acharné. En 2019, j’ai intégré le CREPS de Nantes pour pouvoir m’entraîner dans les meilleures conditions pour essayer d’être champion et je suis très heureux d’y être parvenu à Paris.
C’est aussi une revanche sur la vie car j’ai eu des moments difficiles dans ma carrière, des moments de doute, des moments de défaite…
Charles Noakes
Savez-vous que vous êtes désormais devenu une tête d’affiche du para badminton aux côtés de Lucas Mazur ?
Lucas m’a fait confiance il y a quelques années, il m’a toujours soutenu et encore aujourd’hui, il m’a montré la voie. Je suis très fier de l’avoir comme sponsor sportif. Il a toujours été là dans les moments difficiles. C’est la première finale que je remporte en simple dans un tournoi international. C’est aussi une revanche sur la vie car j’ai connu des moments difficiles dans ma carrière, des moments de doute, des moments de défaite… J’ai failli abandonner aussi. Mais il y a beaucoup de gens qui ont cru en moi et qui ont voulu que je m’épanouisse. Je les remercie énormément car sans eux, je ne serais pas là.
Vous insistez aussi beaucoup sur le rôle de vos parents…
Oui, là, j’ai juste envie de leur faire un gros câlin. Cette médaille, c’est la meilleure façon pour moi de les remercier. Mes parents, ils sont avec moi tous les jours depuis 27 ans, et ça n’a pas toujours été facile. Sans leur soutien quotidien, je n’y serais pas parvenue. J’ai une photo d’eux sur ma montre et ils ont été comme un médicament. Je me bats aussi pour eux. Je veux qu’ils soient fiers d’avoir un fils qui est champion paralympique.
Vous aurez désormais un rôle inspirant pour les jeunes…
Oui. Je suis très impliquée dans tout ce qui sensibilise au handicap et au handisport. Je veux montrer aux autres que nous pouvons tous réaliser nos rêves, quelles que soient nos différences. Aujourd’hui, je me suis donné les moyens de réussir, tout en étant bien entourée, ce qui est aussi important. Il faut croire en soi et aller jusqu’au bout.
Vous avez beaucoup travaillé sur le plan mental avec un psychologue…
Oui. Pendant longtemps, ma force mentale a été mon point faible. Physiquement, je suis forte. Au niveau de la détente, je suis forte. Au niveau du jeu, je sais jouer au badminton. Mais mentalement, j’étais en dessous. Au niveau de l’expérience aussi car je ne joue au badminton que depuis six ou sept ans. Je suis encore jeune dans la discipline. Je savais que la clé pour gagner était dans le mental, qui représente 70% de la performance sportive. Ce n’est pas toujours facile de contrôler ses émotions.
Un mot sur l’ambiance de cette pièce…
La France a fait un travail extraordinaire dans l’organisation de ces Jeux Paralympiques. Quand on voit des tribunes pleines dans chaque discipline, c’est incroyable. La France a réussi sa mission et je pense qu’on peut la placer sur la plus haute marche du podium en termes d’organisation. Ces Jeux resteront à jamais gravés dans ma mémoire.