Après huit ans de procédure, vingt hommes du district de Calderdale ont été reconnus coupables d’abus sexuels et de viols, perpétrés sur des jeunes filles âgées de 12 à 16 ans.
Dans le Yorkshire, le tribunal de Bradford a condamné vingt hommes pour une série de viols collectifs, commis sur quatre jeunes filles âgées de 12 à 16 ans entre 2001 et 2010. Une information jusqu’alors tenue secrète par la justice britannique, que la police du West Yorkshire a été autorisée à révéler. ce mercredi 6 novembre. Au terme de six procès portant sur trois affaires différentes, le tribunal a condamné les vingt agresseurs à 219 ans de prison. Cela représente une moyenne de 11 ans de prison par agresseur. Sur les 20 condamnés, 19 portent des noms à consonance indo-pakistanaise. Une affaire qui pourrait s’ajouter à une longue liste de scandales impliquant des réseaux pédophiles d’origine asiatique au Royaume-Uni.
Les condamnations révélées ce mercredi font partie d’une série d’enquêtes ouvertes en 2016 par la police du West Yorkshire. Les viols ont tous eu lieu dans le quartier de Calderdale. Deux adolescentes, alors âgées de 13 à 16 ans, ont été violées et menacées entre 2006 et 2009. Une troisième jeune fille, âgée de 13 ans, a été violée à plusieurs reprises entre 2002 et 2006. Enfin, en 2018, la police a ouvert une dernière enquête pour une quatrième victime. , violée entre 2001 et 2002.
Le courage des victimes
La Bradford Crown Court a condamné tous les accusés. En octobre 2021, cinq agresseurs ont été condamnés à des peines allant de 42 mois à 11 ans de prison. Parmi eux, Shahzad Nowaz, 45 ans, et Nadeem Nassir, 44 ans, ont été reconnus coupables de viol et de menaces de mort. Au fil des procès, les condamnations se succèdent. En janvier 2022, quatre autres prévenus ont été jugés et condamnés, dont Nadeem Adalat, 39 ans, dont la peine a été portée à 16 ans de prison après appel. Reconnu coupable d’avoir violé à cinq reprises la même adolescente, Malik Quadeer, 67 ans, a été condamné à 22 ans de prison, la peine la plus lourde parmi les accusés.
La responsable de l’enquête, Claire Smith, s’est félicitée « le courage des victimes ». « En raison de restrictions légales, il n’a pas encore été possible de rendre publics les faits. » « Je salue les peines prononcées contre ces agresseurs pour les abus odieux dont ces jeunes filles ont été victimes », a-t-elle ajouté.
Embargo médiatique
Ce n’est pas la première fois que de grands scandales sexuels sont placés sous embargo médiatique. Une loi de 1981 autorise les juges britanniques à « reporter la publication de tout article faisant état d’une procédure judiciaire ». Au pays des tabloïds, l’objectif est d’éviter qu’une couverture médiatique trop sensationnaliste n’influence les jurés. Une raison que le tribunal de Leeds a invoquée en 2018 dans l’affaire du viol collectif à Huddersfield.
Cette année-là, les Britanniques apprennent la condamnation d’un gang pakistanais pour 22 viols commis sur 11 adolescentes dans le Yorkshire. La justice britannique avait interdit à la presse d’évoquer cette affaire. Une décision que le militant nationaliste Tommy Robinson n’a pas respectée. Condamné à 13 mois de prison pour outrage à magistrat, le militant a diffusé une vidéo en direct depuis l’extérieur du tribunal. Il a finalement été libéré en août 2018, après avoir obtenu gain de cause en appel.
Scandales au Royaume-Uni
Le choix des institutions d’ignorer les agissements des bandes criminelles a provoqué d’énormes scandales au Royaume-Uni. À Rochdale, Rotherdam et Telford, des scandales sexuels à grande échelle ont particulièrement choqué l’opinion publique.
En 2018, le Sunday Mirror a révélé l’un des cas de pédophilie les plus marquants de Grande-Bretagne. Selon le tabloïd, un millier d’enfants, dont le plus jeune âgé de 11 ans, ont été victimes d’agressions et de viols, parfois collectifs, depuis les années 1980 à Telford. Les victimes sont essentiellement des jeunes filles blanches, issues de la classe ouvrière. Deux enquêtes policières ont eu lieu, l’une en 2012, l’autre en 2019, et ont débouché sur une dizaine d’incarcérations. Par peur d’être accusées de racisme, les institutions sont accusées d’avoir tenté de minimiser, voire d’étouffer l’action de ces bandes criminelles. En juillet 2022, la police de Mercie occidentale, qui aurait refusé à cinq reprises d’ouvrir une enquête, a finalement présenté ses excuses à toutes les victimes des abus, admettant qu’elle ne leur avait pas fourni suffisamment d’aide et de protection.
Dans un pays qui doute de son modèle multiculturel, ces scandales exacerbent les tensions migratoires au Royaume-Uni, qui a connu en août dernier ses pires émeutes depuis plus d’une décennie.