Possible « suspect », « témoins non interrogés », véhicule mystérieux… La veuve du proviseur du collège retrouvé mort à Lisieux conteste la version du tribunal
Stéphane Vitel, 48 ans, a été retrouvé mort après le déclenchement d’une alarme anti-intrusion dans son établissement. Deux jeunes ont reconnu y être entrés, mais la justice a écarté l’hypothèse criminelle.
L’affaire a été agitée l’été dernier. En août 2023, Stéphane Vitel, directeur de collège de 48 ans, est retrouvé mort dans son établissement de Lisieux, au petit matin. Il s’y est rendu après le déclenchement d’une alarme anti-intrusion alors qu’il partait en vacances avec sa femme et ses enfants. C’est ce dernier, ne le voyant pas revenir, qui a découvert son corps dans les parties administratives du collège Pierre-Simon de Laplace.
L’autopsie suivante a démontré que le cadavre de Stéphane Vitel présentait « lésions cutanées »un traumatisme crânien « côté gauche »UN « épanchement cérébral » et des ecchymoses. Quant à l’enquête, elle avait déterminé que deux jeunes âgés de 17 et 19 ans étaient entrés au collège après un « soirée alcoolisée »mais avaient quitté les lieux avant l’arrivée de Stéphane Vitel, selon les limites de leurs téléphones.
Le parquet de Caen a ainsi décidé d’écarter l’hypothèse pénale, en raison d’une pathologie cardiovasculaire que la victime, apparemment décédée d’une crise cardiaque, ignorait. Un choix que ne comprend pas aujourd’hui la veuve du proviseur, qui se demande si un tiers n’était pas présent dans le collège entre 6h34 et 6h52, vendredi 11 août, lorsque son mari prenait possession des lieux.
« Ça ne rentre pas »
À FigaroJeanne Vitel, accompagnée de son avocat Me Marand-Gombar, dénonce ce vendredi 14 juin «des conclusions judiciaires qui paraissent infondées»et un fichier qui « comporte de nombreuses zones grises ». «Ça ne rentre pas. Si l’on regarde la dernière phrase de la conclusion générale de l’autopsie, qui dit « présence de multiples lésions hémorragiques, cérébrales, superficielles et cutanées », nous ne pouvons pas y parvenir seuls. Je n’y crois pas »proclame-t-elle. « Comment le piste criminelle cela aurait-il pu être exclu ?
A l’époque, Jeanne Vitel expliquait déjà à Figaro qu’elle avait vu « une lumière allumée à l’étage quand vous arrivez » avec sa famille, et a mentionné une voiture blanche « fête orageuse » du lieu des faits. Selon elle, la piste automobile n’a pas été creusée. « Le véhicule dont j’ai parlé, parce qu’il semblait suspect, circulant à très grande vitesse juste après l’agression présumée de mon mari, semble néanmoins apparaître dans d’autres déclarations »elle dit. « Déjà, la veille du drame, un véhicule du même modèle et de la même couleur était impliqué dans une autre infraction. Il a été pourchassé par la police à 23 heures parce qu’il roulait en sens inverse sur un rond-point. Cependant, il n’a pas été retrouvé. A-t-il été fouillé ?
« Suspect possible »
Jeanne Vitel, qui a eu accès au dossier d’enquête, cite également pêle-mêle des « témoins essentiels » qui n’aurait pas été interrogé par les autorités. Ainsi, l’un d’eux, qui s’est présenté à la police fin août 2023 et a affirmé savoir qui était « Dans » le collège le matin du drame, n’aurait pas été convoqué, bien qu’il ait nommé un « suspect possible ». « Un étudiant prétend connaître le nom du conducteur de ce véhicule blanc dont j’ai parlé. Cet étudiant le nomme. C’est le même nom que celui mentionné dans le témoignage dont je parle plus haut, et qui figure au dossier. L’étudiant a également déclaré qu’il y avait une barre de fer dans le coffre.poursuit Jeanne Vitel, qui a demandé « pour que cette personne soit entendue au plus vite ».
De la « Les adolescents qui ont déclaré qu’ils étaient au collège au moment de leur décès n’ont toujours pas été interrogés. Ils entretiennent des liens étroits avec les accusés du cambriolage.elle déclare également Figaro. Et pour continuer : « Les personnes qui ont communiqué le 11 août au matin sur un réseau social avec les deux accusés d’intrusion et de dégradations n’ont pas été interrogées, ni même recherchées. Les deux accusés de l’effraction dans le collège ont passé des appels de quelques secondes à plusieurs personnes à des moments proches de celui du décès. Les personnes appelées n’ont pas été interrogées. », a-t-elle déploré. Enfin, selon Jeanne Vitel, « Un jeune homme a dit « ce qui est arrivé à ce sale salaud était une bonne chose » le matin du 11 août ».
Le procureur de la République de Caen, Joël Garrigue, a répondu dans un communiqué à « zones grises » évoquée par la veuve de Stéphane Vitel. « A ce stade de l’enquête, les enquêteurs (…) ont exploré et explorent encore toutes les pistes sérieuses. » La famille du directeur espère une expertise et des auditions supplémentaires. « Je dois montrer à mes enfants que je mène le combat pour obtenir la vérité sur la mort de leur père »confie Jeanne Vitel. « Je ne peux pas me reconstruire sans cette vérité. »