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PORTRAIT. Qui est Yassine Belattar, l’humoriste engagé présent avec Emmanuel Macron au Maroc ?

Parmi les plus de 130 personnes composant la délégation d’Emmanuel Macron au Maroc, le nom de Yassine Belattar a été largement commenté, notamment par la droite et l’extrême droite. Absent initialement de la liste officielle de la délégation, il a été aperçu à la cérémonie d’accueil du chef de l’Etat, à Rabat, en présence du roi Mohammed VI, au début d’une visite d’Etat de trois jours.

Comédien très engagé et proche d’Emmanuel Macron, cet homme médiatique depuis des années est une figure de la lutte contre l’islamophobie.

Chroniqueur et humoriste engagé

Agé de 42 ans, Yassine Belattar est né à Conflans-Sainte-Honorine, dans les Yvelines, de parents marocains. Il est franco-marocain. Le public l’a découvert vers la fin des années 2000 à la radio, lorsqu’il débute comme chroniqueur à la station Générations 88.25. Ce média, particulièrement spécialisé dans le hip-hop, souhaite alors créer un « du lien social dans les quartiers », comme l’expliqueAFP à l’époque.

Yassine Belattar, animateur de la radio « Générations 88.2 » pose le 29 novembre 2007 à Paris. | AFP

Yassine Belattar, animateur de la radio « Générations 88.2 » pose le 29 novembre 2007 à Paris. | AFP

Devenu comédien et participant à plusieurs émissions, Yassine Belattar travaille ensuite pour des émissions de télévision ou de radio. Il a animé Le spectacle Belattar sur France 4ou même le matin de Mouvement en 2010. Il travaillera également pour Comédie + Ou Radio Nova.

En 2017, il est le premier comédien à se produire au Bataclan depuis les attentats terroristes de 2015. François Hollande assiste alors au spectacle.

Il est retiré de son émission quotidienne Les 30 glorieux deux ans plus tard, après avoir été inculpé en 2019 pour menaces de mort et harcèlement moral contre des personnes du monde du spectacle.

L’humoriste a été condamné en septembre 2023 à quatre mois de prison pour menaces de mort et crimes visant plusieurs personnalités du monde du spectacle. Une condamnation dont il n’a pas fait appel.

Ces dernières années, Yassine Belattar a fait quelques apparitions dans les médias, comme en mars 2019, lorsqu’il participait à un débat contre Éric Zemmour sur Cnews. La même année, il démissionne de LCI où il assurait une chronique hebdomadaire suite à un entretien sur la chaîne du polémiste d’extrême droite et futur candidat à la présidentielle.

Yassine Belattar en débat avec Éric Zemmour sur CNews, en mars 2019. | RICCARDO MILANI / HANS LUCAS / HANS LUCAS VIA AFP

Yassine Belattar en débat avec Éric Zemmour sur CNews, en mars 2019. | RICCARDO MILANI / HANS LUCAS / HANS LUCAS VIA AFP

On l’a d’ailleurs vu à plusieurs reprises ces dernières années sur les plateaux de Cyril Hanouna dans Ne touche pas à mon message Et Équilibrez votre messagedébattre par exemple avec Jordan Bardella. Il assume son statut de comédien très engagé.

Entendu par Emmanuel Macron et reçu à l’Élysée

Yassine Belattar lutte contre l’islamophobie, le racisme et l’extrême droite. De confession musulmane, il a participé à une marche contre l’islamophobie en 2019.

Interrogé par Ouest de la France en 2018, il parlait des relations entre la police et les jeunes. « Oui, les policiers ne supportent plus d’être insultés. Oui, certains peuvent friser le burn-out. Oui, les gens des quartiers sont maltraités, insultés aussi et ont peur de la police, contrairement aux gens des centres-villes. Si nous devons tenir une réunion, c’est le moment. Et je suis prêt à donner un coup de main pour animer les débats », dit-il alors.

Il est considéré comme l’un des porte-parole des quartiers. Les discours de Yassine Belattar sur les banlieues lui ont valu l’attention d’Emmanuel Macron, qui l’a nommé en 2018 au Conseil présidentiel des villes, destiné à alimenter la réflexion de l’exécutif sur les quartiers prioritaires. De quoi faire la lumière sur ses liens avec le président, qu’il connaît depuis 2010. Il a claqué la porte en 2019, déplorant les propos du ministre de l’Éducation Jean-Michel Blanquer concernant le voile.

Yassine Belattar, lors d’une marche contre l’islamophobie, le 10 novembre 2019. | JÉRÔME LEBLOIS / HANS LUCAS VIA AFP

Yassine Belattar, lors d’une marche contre l’islamophobie, le 10 novembre 2019. | JÉRÔME LEBLOIS / HANS LUCAS VIA AFP

En novembre 2023, Yassine Belattar a été reçu par des conseillers d’Emmanuel Macron, après l’attentat sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas en Israël et peu avant la grande marche contre l’antisémitisme en France à laquelle le chef de l’Etat a décidé de ne pas participer.

Lire aussi : Yassine Belattar à l’Élysée avant la marche contre l’antisémitisme : on vous explique la polémique

Il a été interrogé à cette époque par BFMTV sur ses liens avec le président. « J’ai connu Emmanuel avant Macron (…). Je connais le président de la République mais cela n’en fait pas un interlocuteur privilégié ou un ami. Je n’ai pas le poids que tu as réclamé ces derniers jours », Yassine Belattar a ensuite expliqué, lorsqu’on lui a demandé s’il avait demandé au président de ne pas participer à cette marche. « Nous sommes tous choqués par ce qui se passe, des deux côtés du mur. » a-t-il ajouté à propos de la guerre entre Israël et le Hamas.

Le 6 juillet, juste avant le second tour des élections législatives anticipées, il déplorait sur Instagram que la France soit devenue « un pays si fragile dans sa diversité ». « Je ne me suis jamais senti aussi français de ma vie et mon bulletin le confirmera. Je ne me suis jamais senti aussi marocain parce que ton racisme m’y oblige aussi », ajoute-t-il ensuite.

Très critiqué par la droite et l’extrême droite

Les critiques de droite et d’extrême droite avaient déjà été vives en novembre 2023. Elles reviennent depuis ce déplacement au Maroc. Plusieurs personnalités l’ont accusé de proximité avec l’islamisme.

« Comment ce soi-disant comédien, condamné pour menaces de mort, proche des antisémites du CCIF (Collectif contre l’islamophobie en France), peut-il être présent à un déplacement d’une telle importance en compagnie du président de la République ? C’est aussi irrespectueux envers la France que envers le Maroc. » a par exemple déploré le président du Rassemblement national, Jordan Bardella, sur le réseau social

Son alliée Marion Maréchal a également affirmé que sa présence faisait « Honte à la délégation française en visite dans le pays ami du Maroc ».

L’entourage du président a répondu qu’il était un « Personnalité franco-marocaine », tel que relayé parAFP. Tout en gardant un peu leurs distances : leur entourage a assuré que leur présence dans la délégation ne valait pas la peine « ne soutenez en aucun cas ses idées ».

Quant à lui, Yassine Belattar a répondu sur Instagram. « Un moment historique. Pas besoin de faire d’histoires, » il a écrit en se disant  » fier «  et arborant les drapeaux marocain et français.

Cammile Bussière

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