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Portance, rythme inefficace, toit fermé… Comment Nadal a été apprivoisé par Zverev

DÉCRYPTION – Malgré l’enjeu, Alexander Zverev s’est montré très solide lundi pour assumer son statut de favori et sortir vainqueur du choc du premier tour face à Rafael Nadal.

Il est la tête de série numéro 4 de ce Roland-Garros et plus de 270 places d’écart au classement le séparaient de son adversaire du premier tour. Reste qu’Alexander Zverev n’a pas dû dormir tranquille dans la nuit de dimanche à lundi à l’idée d’affronter Rafael Nadal, 14 fois vainqueur du tournoi.

Entre un public engagé à 100% dans la cause de l’Espagnol et l’incertitude sur le niveau réel de ce dernier pour son grand retour en Grand Chelem, l’Allemand pouvait redouter son après-midi sur le court Philippe-Chatrier. Il s’est finalement montré très solide pour assumer son statut de favori et éliminer « Rafa » en trois sets (6-3, 7-6 (5), 6-3). Analyse d’une réussite en contrôle.

Un revers fiable pour contrer le lift du gaucher

Pour coincer ses adversaires depuis la ligne de fond et prendre l’avantage du terrain, Rafael Nadal a l’habitude d’utiliser son bras gauche pour poser des coups droits liftés sur les revers de ses adversaires. Le ballon rebondit très haut, au dessus de l’épaule, si bien qu’il est difficile de le ramener correctement, avec puissance. L’Espagnol doit une grande partie de ses titres à Roland-Garros à cette arme, mais elle n’a servi que peu ou pas ce lundi.

D’abord parce que l’Allemand est grand (1m98) et qu’il lui était donc beaucoup plus facile de contrôler la portance de « Rafa ». Aussi parce que son revers à deux mains, à la fois fiable et puissant, est l’un des meilleurs du circuit. Ce coup puissant, le plus souvent porté à plat, lui permet de devancer son adversaire. Sascha a réussi neuf revers gagnants, contre seulement trois pour Nadal.

Un jeu d’attaque de base très efficace

Malgré son grand gabarit, Alexander Zverev n’est pas fan du service volée et ses montées au filet sont rares. L’Allemand préfère rester derrière sa ligne de fond pour jouer en rythme. Au retour, il s’est toujours placé à deux bons mètres derrière sa ligne alors que le service de Rafael Nadal n’est pas l’un des plus puissants du circuit. Une stratégie qui lui a permis de gagner du temps dans sa préparation pour délivrer ses claques en coup droit et en revers. Il a très souvent pris le contrôle des échanges avec une excellente longueur de balle. Le pouvoir était de son côté ce lundi après-midi.

Alexandre Zverev
Stéphanie Lecocq / REUTERS

Nadal n’a pas eu beaucoup de temps pour dicter le jeu. Quand il l’a fait, il a eu du mal à dépasser Zverev, qui a utilisé à merveille les glissades pour s’ajuster et rattraper son retard. Rappelons que l’Allemand est un excellent joueur de terre battue, tout récent vainqueur de Rome pour la deuxième fois après 2017 et titré deux fois à Madrid (2018, 2021). Nadal s’est montré plus ouvert au filet à la fin du deuxième set et au troisième, ce qui a forcé Zverev à effectuer des tirs de passe. Un temps déstabilisé, le numéro 4 mondial s’est montré de plus en plus adroit dans l’exercice.

Un service bénéficiant des conditions de jeu

Nadal n’a pas souhaité disputer ce premier tour en night session. Et pour cause : les conditions diurnes sont censées profiter à son jeu puissant et à son coup droit lifté. Malheureusement pour lui, les températures plus fraîches qu’à l’habitude et le toit fermé ont créé une ambiance moins favorable pour lui et favorisé au contraire les frappes lourdes de son adversaire.

Et lorsque le toit est fermé, il n’y a ni soleil ni vent. De quoi profiter aux gros serveurs. Célèbre pour ses doubles fautes à répétition, Zverev en a commis (seulement) trois ce lundi, pour huit aces et deux services gagnants. Lorsqu’il ne pressait pas le revers de Nadal, il parvenait souvent à trouver des zones courtes ou croisées qui faisaient mal à l’Espagnol.

Alexandre Zverev
Yves Herman / REUTERS

Bonne gestion des moments clés

C’est la marque des grands. Alexander Zverev a su parfaitement gérer les moments importants de la rencontre. Breaké lors des deux derniers tours, il a su se recoller très vite à chaque fois, même si Rafael Nadal a semblé entamer une bonne dynamique en s’appuyant sur le soutien sans faille du court Philippe-Chatrier.

L’Allemand a également voulu donner le ton lors de ses jeux de service, entre les points. Il devait souvent attendre Nadal alors qu’il était encore dans le porte-serviettes. Une manière sans doute d’étouffer physiquement l’Espagnol, qui n’a plus ses jambes de vingt ans. Une stratégie gagnante.

Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.
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