Port Soudan, capitale de fortune d’un pays déchiré par la guerre
GRAND RAPPORT – Les chefs de l’armée régulière, des ambassades étrangères et des organisations internationales ont trouvé refuge dans cette ville portuaire située à 800 kilomètres de Khartoum, tout comme près de 250.000 civils déplacés par les combats.
Envoyé spécial à Port Soudan
Délabrés et blanchis par un soleil de plomb, les vieux bâtiments coloniaux du marché somnolent à l’écart des édifices modernes. Une rangée d’arches, surmontée de petites maisons en bois et tôle, se dresse, indifférente au développement urbain qui l’entoure. Au milieu des étals centenaires de fruits et légumes, des réfrigérateurs coréens et des moteurs de tuk-tuk indiens servent de marqueur temporel aux passants. Derrière, vers la mer, les grues métalliques du quai, larges et immobiles, prêtes à accueillir vraquiers et porte-conteneurs, dessinent le paysage portuaire.
Loin des lignes de front, située dans une zone contrôlée par l’armée soudanaise à plus de 800 kilomètres de la capitale, Khartoum, Port Soudan affiche une plate indolence face à la guerre qui ravage le pays. Le conflit entre l’armée régulière et les paramilitaires Forces de soutien rapide (RSF) du général Hemedti a pourtant placé la ville au centre du pays, transformant…