Population mondiale : le boom démographique n’aura pas lieu
La tendance se confirme : la population mondiale atteindra un pic bien avant la fin du siècle. A l’occasion de la Journée mondiale de la population, les Nations unies ont publié jeudi un nouveau rapport contenant les dernières projections de croissance démographique d’ici 2100.
L’augmentation de la population mondiale, qui devrait se poursuivre jusqu’au milieu des années 2080, laisse entrevoir deux tendances opposées. D’une part, la poursuite ou l’avènement d’un déclin démographique parmi les pays développés. D’autre part, le maintien d’une forte croissance démographique dans les régions les moins développées.
10,3 milliards d’habitants d’ici le milieu des années 2080
La tendance globale reste à la hausse, comme le prévoyaient les précédentes projections de l’ONU. La planète, qui comptait à peine 1 milliard d’habitants au début du XIXe siècle et 2,6 milliards en 1950, a franchi le seuil symbolique des 8 milliards d’êtres humains le 15 novembre 2022. Depuis, la population a augmenté d’environ 2,5 %, pour atteindre 8,2 milliards en 2024.
Selon le rapport de l’ONU, la population mondiale devrait encore augmenter de 25%, pour atteindre 10,3 milliards d’habitants d’ici le milieu des années 2080. Il s’agirait d’un pic. Elle devrait ensuite se stabiliser avant d’entamer un léger déclin pour atteindre 10,2 milliards en 2100.
Vieillissement et baisse de la fertilité
L’augmentation de l’espérance de vie, liée à la lutte contre la faim, à un accès facilité aux soins et aux progrès de l’éducation, explique en grande partie la croissance démographique. Selon les Nations unies, l’espérance de vie mondiale à la naissance a atteint 73,3 ans en 2024, contre 46,5 ans en 1950. Elle devrait passer à 77 ans en 2050.
Mais pour la première fois, la probabilité que la population mondiale atteigne son pic avant la fin du siècle a dépassé 80 %. En comparaison, ce scénario n’avait que 30 % de chances de se produire selon les projections du début des années 2010.
L’amélioration des conditions de vie s’accompagne d’une baisse de la fécondité. Le taux mondial de fécondité est passé de 3,31 enfants par femme en 1990 à seulement 2,25 en 2024. Il ne devrait pas dépasser 2,07 en 2050. Aujourd’hui, les deux tiers de la population mondiale vivent dans une région où la fécondité est inférieure à 2,1, le minimum pour assurer le renouvellement des générations. Les principales causes de cette baisse sont la scolarisation des jeunes filles et le recours généralisé à la contraception.
Déclin démographique
Le rapport de l’ONU met toutefois en évidence de larges écarts liés au niveau de développement. D’un côté, pas moins de 63 pays, regroupant 28% de la population mondiale, ont déjà connu leur pic démographique. Sans surprise, il s’agit des pays les plus développés – l’Allemagne, l’Italie et le Japon – confrontés à la double peine du vieillissement de la population et de la baisse de la natalité.
En 2024, l’âge médian de la population allemande sera de 44,9 ans, tandis qu’il sera d’environ 47,7 ans en Italie. En revanche, il ne dépassera pas 15,1 ans au Tchad et 14,5 ans au Niger. La Chine, l’État le plus peuplé du monde, a déjà dépassé son pic. D’ici trente ans, elle devrait perdre 200 millions d’habitants, soit 14 % de sa population.
L’ONU prévoit en outre que pour 48 pays – soit 10% de la population mondiale – ce pic sera atteint dans les trente prochaines années. Parmi eux, l’Argentine, le Brésil, l’Indonésie et l’Iran.
Croissance continue
En revanche, 126 pays, soit près des deux tiers, devraient poursuivre leur croissance démographique au-delà des trente prochaines années. Il s’agit notamment des pays les moins avancés comme le Mali, le Soudan et l’Afghanistan. La population de l’Afrique subsaharienne devrait augmenter des deux tiers d’ici 2050.
Le rapport réserve aussi quelques surprises. Ainsi, la France et le Royaume-Uni – dont les taux de fécondité en 2021 n’ont pas dépassé respectivement 1,83 et 1,56 – figurent parmi les États dont la population devrait continuer à croître jusqu’à la fin du siècle. Aux États-Unis, cette croissance devrait même se poursuivre au-delà de l’an 2100. Car l’immigration pourrait atténuer le déclin démographique dans pas moins de 50 États, notamment ceux de l’Union européenne.