Pompéi, à la recherche du temps perdu, avec Arte

Près de vingt ans après la fermeture du dernier grand chantier de fouilles de Pompéi, une équipe d’archéologues a entrepris, début 2023, d’abord pour répondre à une menace d’effondrement, une nouvelle et vaste campagne de fouilles, mettant au jour des vestiges qui personne ne s’y attendait. «  Le site a été fouillé aux deux tiers environ. Et nous avons dû nous préparer à une autre urgence. Mais on savait qu’au bout de cette artère principale de la ville, ensevelie sous quatre mètres de pierre ponce et de cendres, des choses restaient. Ce que nous ne savions pas, c’était quoi, dans quelles conditions et si l’entreprise dans laquelle nous allions nous lancer valait le temps, l’énergie et les ressources déployées. »se souvient un chercheur.

Une boulangerie presque intacte, un four à pain de taille spectaculaire, une laverie industrielle, un jardin, une villa, des salles de réception, des chambres, deux chapelles, de délicates fresques dont la première représentation de ce qui ressemble à une pizza, des meubles, un escalier en maçonnerie. en parfait état – voire unique en son genre -, des restes humains dont les postures témoignent de la violence et de la soudaineté du drame et même des graffitis invitant les visiteurs et employés à voter pour le propriétaire des lieux – esclave affranchi devenu entrepreneur – aux prochaines élections municipales.

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Dernier grand chantier

«  Les ondes des scanners révèlent les contours des vestiges mais se perdent vite dans la terre et ne permettent en aucun cas d’imaginer tout cela. »explique un archéologue. «  Plus surprenant encore, on s’est rendu compte que cette villa exhumée était en train d’être reconstruite sur les ruines de trois maisons plus anciennes, visiblement détruites lors du tremblement de terre survenu en 62, dix-sept ans avant l’éruption du Vésuve. »» ajoute avec enthousiasme le chef d’équipe. La question se pose de la valeur de ces recherches et de ce que Pompéi peut encore révéler, étant donné que de nombreux quartiers de la ville ont été fouillés à partir du milieu du XVIIIe siècle.

«  C’est probablement l’un des derniers grands projets depuis longtemps, question de budget, de pérennité et de priorités. »confirme Gabriel Zuchtriegel, nommé directeur du parc archéologique en 2021. Il existe en effet dans un rayon de trente kilomètres autour de la ville quelques grandes villas de type ferme, immédiatement liées à son exploitation, dont la mise au jour pourrait s’avérer extrêmement intéressante. Se pose aussi la question de la conservation des sites, dont on connaît l’ampleur, l’urgence liée, dans certains cas, à leur mauvais état.

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«  Continue-t-on à creuser sans certitude de découvertes majeures ou se rabat-t-on sur les nouvelles technologies pour analyser les corps, les matériaux, les objets ? ? Qui pourra financer les travaux nécessaires à l’entretien du site si l’on agrandit les fouilles ? ? Quelle est notre responsabilité en termes de possibilité et de durabilité pour les générations futures ? »s’interroge le patron des archéologues de Pompéi, dont les découvertes sont implacables. Toujours. La passion, la fascination demeure.

Alertée dès l’ouverture de ce projet rare, une équipe mandatée par la BBC, en collaboration avec Arte, a suivi pas à pas le travail des spécialistes, leurs découvertes, leurs analyses, les émotions fortes ressenties à chaque rencontre de ce quotidien figé depuis deux mille ans, si proches et si lointains. Le résultat est cette série documentaire en trois parties réalisée par Elena Mortelliti. Véritable enquête policière, Pompéi, ses nouveaux secrets est exceptionnelle par sa construction et la clarté de son rapport, scientifique, mais aussi terriblement émouvant car avant tout humain.