Une rentrée pas comme les autres. Reprise des travaux des commissions, journées parlementaires : les députés sont de retour au Palais Bourbon cette semaine, dans une ambiance morose après une dissolution éprouvante. Les élections législatives anticipées ont vu émerger une Assemblée aussi indispensable, faute de majorité absolue, que menacée de paralysie, tant elle est fracturée.
Situation baroque, les ministres de l’Economie et du Budget, Bruno Le Maire et Thomas Cazenave, tous deux démissionnaires, doivent être auditionnés ce lundi par la commission des Finances de l’Assemblée, en attendant la désignation de leurs remplaçants par le nouveau Premier ministre Michel Barnier. Puis, tout au long de la semaine, se tiendront les journées parlementaires de la France Insoumise (à huis clos), des différents partis du camp présidentiel (Renaissance, MoDem, Horizons), de LR, et du Rassemblement national.
« Climat lourd » à Renaissance
Mardi, les regards seront particulièrement braqués sur Renaissance, où l’ancien Premier ministre Gabriel Attal ouvrira les travaux des parlementaires du parti macroniste. « Je pense que l’ambiance va être difficile, après une dissolution, la perte de la majorité. Le climat est un peu lourd », convient le sénateur François Patriat.
L’ambiance devrait être plus chaleureuse en Savoie, sur les terres de Michel Barnier, où les parlementaires LR se réuniront de mercredi à vendredi. Les Républicains se sont retrouvés au centre du jeu politique avec seulement 47 députés, jusqu’à leur victoire à Matignon.
Les députés RN ont rendez-vous de vendredi à dimanche à Paris. L’occasion pour Marine Le Pen de répéter qu’elle souhaite qu’une session extraordinaire s’ouvre en septembre, et de clarifier ses lignes rouges à l’égard du nouveau Premier ministre, qu’elle garde sous sa tutelle. Le parti à la flamme a également promis de revenir fin octobre sur la réforme des retraites, qu’il veut abroger. Peut-être avec le soutien d’autres opposants ?
Le budget, le premier débat
La session ordinaire du Parlement s’ouvrira le 1er quoi qu’il arrive.euh Octobre. A l’ordre du jour, l’examen du budget, qui doit être adopté au plus tard le 31 décembre. En l’absence de majorité, le nouveau Premier ministre devra probablement recourir à l’article 49.3 de la Constitution, espérant éviter la censure.
Pour le reste, les députés s’attendent à une législature difficile, compte tenu de la difficulté d’obtenir une majorité dans une chambre divisée en trois blocs. Même si « des projets transpartisans peuvent émerger et des coalitions de circonstance peuvent se former », selon le député Ensemble pour la République, Mathieu Lefèvre.
Autres projets en cours
Gabriel Attal a laissé au nouveau Premier ministre un projet de refonte du système d’exonérations de cotisations sociales pour « démicardiser » la France. Autres chantiers qu’il espère voir aboutir : celui sur la justice des mineurs, sur la taxe lapin que devront payer les patients qui n’honoreront pas leurs rendez-vous médicaux, sur le logement et l’augmentation de la part des logements intermédiaires.
Les partisans du projet de loi sur la fin de vie – dont la première lecture s’est achevée en juin sans passer au vote – Le président sortant ne devrait pas manquer de reprendre le flambeau de ce long combat. Mais un leader du camp présidentiel s’inquiète d’une assemblée « ingérable et déraisonnable ».
De quoi faire craindre le retour en version XXL des débats houleux du dernier mandat. « Au gouvernement, il faudra prendre des gens au sang froid. Parce que si on s’amuse à mettre des boucs émissaires dans la fosse aux tigres, ils ne tiendront pas », prévient cette source.
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