Politique. Le gouvernement très (très) à droite de Michel Barnier
Il aura fallu attendre le journal de 20 heures, mais la composition du nouveau gouvernement a finalement été annoncée « avant dimanche », comme l’avait promis le Premier ministre. Et de la manière la plus classique, par la lecture de la liste de 39 noms, dont 19 ministres de plein exercice, par le secrétaire général de l’Élysée, Alexis Kohler.
Pas de famille pour Garnier
Sans surprise, et malgré la présence à la tête du protocole de l’ancien socialiste Didier Migaud, ce gouvernement penche clairement à droite. Cette tendance est personnifiée par l’arrivée à l’Intérieur du sénateur LR Bruno Retailleau, qui avait récemment provoqué une levée de boucliers à la gauche de la Macronie. Il aura pour mission de durcir la politique en matière d’immigration et de sécurité. La même levée de boucliers a en revanche empêché la nomination à la Famille de Laurence Garnier, opposante au mariage homosexuel. Elle a toutefois été repêchée de la Consommation. Et Horizons, qui en avait fait une « ligne rouge », se retrouve donc au gouvernement avec le MoDem, qui avait lui aussi hésité. Bruno Retailleau apparaît aussi politiquement comme l’homme fort de cette équipe, en l’absence de toute autre personnalité de premier plan. Comme prévu, aucun des chefs de parti n’a franchi le pas – Laurent Wauquiez (LR), Édouard Philipe (Horizons), François Bayrou (MoDem) et Gabriel Attal (EPR) soutiendront – et surveilleront – le gouvernement de l’extérieur.
Barnier et le budget
Michel Barnier assure le copilotage de plusieurs dossiers brûlants, avec des ministres qui lui sont délégués. Et d’abord le Budget avec Laurent Saint-Martin, un fidèle macroniste qui devra tenter de contenir un déficit en dérapage total. Mais aussi l’Europe avec Benjamin Haddad, et les Outre-mer avec Jean-Noël Buffet.
Parmi les absents, il faut donc aussi signaler la gauche. Michel Barnier et Emmanuel Macron ont tenté en vain d’attirer des figures comme les socialistes Valérie Rabault, Philippe Brun ou Patrice Vergriete : tous ont refusé, d’autant plus clairement après l’annonce de la présence de Bruno Retailleau. L’ancien député socialiste de l’Isère, Didier Migaud, qui a présidé la Cour des comptes et dirigé la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique, est donc le seul à gauche à avoir accepté l’offre – gagnant une première place au protocole. Il y a bien sûr quelques nouveautés dans les intitulés des ministres. Notons d’emblée que la simplification promise semble mal partie, puisque son titulaire Guillaume Kasbarian détient l’intitulé de portefeuille le plus long : Fonction publique, simplification et transformation de l’action publique.
Combien de temps?
Une nouveauté de ce gouvernement réside cependant dans le processus même de sa formation : il a été négocié au jour le jour et au grand jour pendant deux semaines entre le Premier ministre et les chefs de partis. Comme un rappel de la IVe République, à tout le moins le signe d’un régime plus parlementaire.
La question est désormais de savoir quelle sera la durée de vie de ce gouvernement promis dès samedi à une fin rapide par Jean-Luc Mélenchon (La France insoumise) et Jordan Bardella (Rassemblement national). Le Premier ministre fera sa déclaration de politique générale devant le Parlement le 1er octobre, sans préciser s’il demandera un vote d’approbation. Puis viendra très vite le projet de budget pour 2025, alors que le déficit de cette année menace d’atteindre 6 %. À chaque jour suffit sa peine, devait estimer le Premier ministre samedi soir. Il devrait expliquer ses choix dimanche soir dans un journal télévisé.
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