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polémique autour de la proposition du RN d’interdire les « métiers sensibles » aux binationaux

La mesure, déjà portée puis abandonnée par Marine Le Pen, a été précisée par Jordan Bardella, lors de sa présentation programmatique lundi.

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Le président du Rassemblement national, Jordan Bardella, le 24 juin 2024 à Paris lors de la présentation du programme RN pour les élections législatives.  (GEOFFROY VAN DER HASSELT/AFP)

A peine proposé, déjà (très) critiqué. Le Rassemblement national souhaite «pour prévenir«des personnes ayant la double nationalité à occuper»métiers extrêmement sensibles » a annoncé Jordan Bardella, lundi 24 juin, évoquant « les positions les plus stratégiques de l’État« .

Le leader du RN pour les législatives avait indiqué, lors de sa conférence de presse programmatique, «que les postes les plus stratégiques de l’État seront réservés aux citoyens français et aux ressortissants français« , à l’exclusion des binationaux. »Nous n’entendons pas remettre en cause la double nationalité (…). En revanche, nous entendons effectivement réserver un certain nombre d’emplois stratégiques dans des secteurs particulièrement liés à la sécurité et à la défense exclusivement aux citoyens français.« .

Or, ce principe de binationalité était une proposition de Marine Le Pen en 2022, qu’elle a finalement abandonnée. Aujourd’hui, le RN recycle donc son idée : Jordan Bardella imagine interdire les postes les plus stratégiques de l’Etat aux Français qui ont par ailleurs une autre nationalité. Quiconque aspire à devenir Premier ministre ne voit cependant pas pourquoi cette proposition offense certains : «Je ne vois pas la difficulté posée par l’interdiction des doubles nationalités. Peut-on imaginer aujourd’hui des Franco-Russes travailler au ministère des Armées ? Il existe aujourd’hui des postes contractuels, dans les secteurs stratégiques de la Défense ou de la sécurité où les intérêts français sont directement en débat, qui peuvent être binationaux. Cela concerne une minorité de personnes. L’idée est de protéger les intérêts français, d’éviter les tentatives d’ingérence« , a précisé Jordan Bardella.

Cette mesure d’interdiction portera sur « des emplois extrêmement sensibles, par exemple des personnes ayant la double nationalité russe pour occuper des postes de direction stratégique dans la défense« , a précisé le député Sébastien Chenu sur TF1, sans donner plus de précisions sur le type d’emplois concernés, mais précisant toutefois que la liste sera définie »par décret« .

La finaliste de l’élection présidentielle Marine Le Pen a souligné dans la soirée sur le réseau social « double nationalité« pourrait »occupent TOUS les emplois du secteur public, bien sûr ». « La restriction ne concernerait que quelques dizaines d’emplois très sensibles à des postes stratégiques dans la défense, le nucléaire ou le renseignement par exemple. Cette short list serait revue très régulièrement en fonction de l’actualité géopolitique et de ses conséquences pour notre pays.s », a-t-elle écrit.

Cette proposition, qui touche au sujet sensible de la nationalité, irrite la gauche : les élus dénoncent une proposition « raciste« et une usine de »sous-citoyen« , répond notamment le socialiste Boris Vallaud. « Dans la République, c’est l’excellence d’un parcours professionnel qui permet de devenir haut fonctionnaire, et non la « pureté » d’un arbre généalogique.« , il a répondu.

Aujourd’hui, un Français binational possède tous les droits et obligations attachés à la nationalité française. Actuellement, la double nationalité n’empêche pas l’accès aux emplois de la fonction publique. Certaines professions, dites « de souveraineté » car liées aux fonctions régaliennes de l’État (défense, budget, sécurité, diplomatie), sont réservées aux Français, qu’ils possèdent ou non théoriquement une seconde nationalité.

La décision de classer un poste en poste souverain est laissée à la discrétion de l’employeur, le plus souvent un ministère. Pour le reste, les ressortissants européens peuvent passer des concours et devenir fonctionnaires. Les étrangers non européens peuvent également être recrutés dans la fonction publique, mais uniquement en tant que contractuels, un statut moins protecteur que celui des fonctionnaires.

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