plusieurs festivals de musique appellent à bloquer le RN aux législatives
Le monde culturel est plongé dans une sorte de sidération depuis la dissolution de l’Assemblée nationale. Certains festivals ont pris position contre le RN, y voyant un danger pour la culture et les médias en cas d’accession au pouvoir.
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Depuis le résultat des élections européennes dimanche 9 juin, puis l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale, une sorte de sidération s’empare du monde culturel. Certains artistes n’ont pas hésité à prendre position, en signant une tribune ou en postant des messages sur leurs réseaux sociaux. Quinze syndicats du spectacle vivant ont appelé jeudi 16 juin, dans une déclaration commune, « à se mobiliser en faveur des candidats qui s’opposeront » à l’extrême droite lors des élections législatives. Les organisateurs de certains festivals ont également profité de cette occasion pour faire prendre conscience de ce que signifie à leurs yeux l’arrivée du RN au pouvoir.
Il n’y a même pas eu de débat. « On l’a fait tout de suite, c’était une évidence »» précise Fanny Bouyagui, la fondatrice d’Art Point M, qui chapeaute notamment le Festival NAME à Roubaix (Nord). « Oui, c’est l’histoire du festival et puis je viens d’une famille d’immigrés, mon père est sénégalais, ma mère est française, mes frères et sœurs sont tous ouvriers. Donc c’est qui ne vote pas au Front… parce que dans le Nord c’est quand même un peu catastrophique. »
Dans le communiqué publié sur Instagram, le festival électro réaffirme son opposition aux valeurs d’extrême droite, et défend l’inclusion et la liberté. Quelques heures auparavant, c’était le festival Art Rock, basé à Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor), qui avait diffusé un communiqué, parlant de « sinistre bruit de bottes ». « C’était nécessaire car nos métiers sont vraiment à l’opposé des valeurs défendues par l’extrême droite, explique Carol Meyer, sa directrice. Nous passons notre temps à travailler sur l’ouverture culturelle et sociale, sur la découverte. »
Elle co-préside également le concert De! qui a immédiatement signé un texte commun. Parmi les adhérents, les Eurockéennes ou les Vieilles Charrues, mais aussi des festivals japonais, canadiens et allemands. « On sait que lorsque l’extrême droite prend le pouvoir, la culture est immédiatement l’une des premières cibles. La culture et les médias, notamment publics… »
A Roubaix, Fanny Bouyagui s’est réjouie des réactions au message posté. « 99% de messages positifs. J’avais un gars qui me disait : ‘Tu oublies quelqu’un, ta bêtise’. » A ses côtés, Sabine Duthoit, co-organisatrice du NAME Festival, estime que« Il faut aussi que les acteurs culturels s’impliquent et incarnent quelque chose, des valeurs ». Et Carol Meyer, pour Art Rock et De concert !, n’en démord pas. « Évidemment, nous devons parler, et absolument tout le monde peut parler. L’art et la culture ont toujours été engagés et politiques.
Et tous ceux qui ont réagi savent qu’avec un public jeune, ils ont un rôle à jouer : inciter ceux qui ne l’ont pas fait dimanche à aller voter les 30 juin et 7 juillet, pour ne pas vivre un été en pleine forme avec la gueule de bois. .