Hépar, Perrier, Vittel, Contrex : la « qualité sanitaire » des eaux du groupe Nestlé n’est « pas garantie », selon un nouveau document confidentiel de l’Anses dévoilé par FranceInfo et « le Monde » ce jeudi 4 avril. La contamination concerne des bactéries , pesticides et Pfas.
Des eaux minérales naturelles, en théorie préservées de toute pollution, finalement moins transparentes. Un nouveau document de l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail), dévoilé par FranceInfo et le monde ce jeudi 4 avril confirme la contamination généralisée de plusieurs sources d’eau minérale française du groupe Nestlé.
Dans cette note remise au ministère de la Santé mi-octobre 2023, les experts évoquent un « niveau de confiance insuffisant » s’assurer « qualité sanitaire » des eaux du groupe (Perrier, Contrex, Vittel, Hépar, etc.). « Une surveillance étendue est nécessaire » précise ainsi le document confidentiel commandé par les agences régionales de santé du Grand-Est et d’Occitanie, deux régions où la multinationale est implantée.
Les notes d’expertise « un niveau de confiance insuffisant quant à l’évaluation de la qualité des ressources, notamment au regard de la variabilité de la contamination et de leur vulnérabilité microbiologique et chimique ». Et de lister les causes de contamination : « L’apparition a priori transitoire d’une contamination microbiologique d’origine fécale » dans les usines des Vosges et du Gard, des concentrations « parfois élevé » type de bactérie Escherichia coli sur de nombreux forages voire « des traces résiduelles » les pesticides ou Pfas, ces polluants dits éternels massivement utilisés par l’industrie.
« Les quantités de pesticides varient mais peuvent dépasser 0,1 microgramme par litre pour certains captages », apprend-on dans les études menées par le laboratoire d’hydrologie de Nancy. Un chiffre au-delà du seuil réglementaire pour les eaux minérales naturelles, alors même que ces eaux doivent être exemptes de bactéries, avant et après mise en bouteille. Des résidus d’engrais synthétiques azotés et phosphorés ont notamment été détectés, parfois dans un « permanent sur certains forages ».
Multiples signalements de contamination d’origine fécale
Dans leurs conclusions, les experts du Laboratoire d’Hydrologie de Nancy (LHN) recommandent aux autorités de mettre en œuvre un plan de surveillance renforcé des usines Nestlé, compte tenu de la « plusieurs signalements de contamination d’origine fécale »de « la présence chronique notable de micropolluants »et de « l’absence d’un paramètre permettant le suivi de la contamination virale de l’eau ». Ils expriment également leur volonté de ne pas formuler « aucune recommandation » pour les produits finis. Selon eux, les forages contaminés ne devraient plus être exploités et « conduire à la production d’eau en bouteille ».
En janvier dernier, le journal le monde et la cellule d’enquête de Radio France avait déjà fait état d’une tromperie de grande ampleur : de l’eau vendue comme « de la source » Ou « minéral naturel » subissaient en effet des techniques de purification interdites à ces catégories, mais utilisées pour l’eau du robinet, afin qu’elle puisse être consommée. En pleine connaissance des autorités. La veille de ces premières révélations, le numéro 1 mondial de l’eau, Nestlé Waters, reconnaissait avoir informé les autorités françaises en 2021 de son recours à des traitements ultraviolets et des filtres à charbon actif sur certaines eaux minérales – Perrier, Vittel, Hépar et Contrex – pour maintenir « leur sécurité alimentaire ».