1 Un départ « troublé »
« Les élections législatives à la veille des vacances ont semé la confusion » et « les Jeux olympiques ont fait que certains ont décidé de faire des voyages rapides à Paris ». Jean-Hubert Lelièvre, membre du conseil d’administration de Charentes Tourisme, dont il a été le coprésident charentais, est sans équivoque sur ces deux éléments qui donnent un caractère « unique » à la saison touristique 2024 dans les deux Charentes.
« Heureusement, nous avons un mois d’août normal : nous sommes complets tout le mois. »
A ces points conjoncturels s’ajoute une fin d’année scolaire tardive qui exaspère Alexandre Grenot, vice-président…
1 Un départ « troublé »
« Les élections législatives à la veille des vacances ont semé la confusion » et « les Jeux olympiques ont fait que certains ont décidé de faire des voyages rapides à Paris ». Jean-Hubert Lelièvre, membre du conseil d’administration de Charentes Tourisme, dont il a été le coprésident charentais, est sans équivoque sur ces deux éléments qui donnent un caractère « unique » à la saison touristique 2024 dans les deux Charentes.
« Heureusement, nous avons un mois d’août normal : nous sommes complets tout le mois. »
A ces points conjoncturels s’ajoute une fin tardive des cours qui exaspère Alexandre Grenot, vice-président en charge du tourisme à Saintes Grandes Rives, l’Agglo. « Ce n’est productif ni pour les élèves ni pour les enseignants. »
Lionel Quillet, président de la Communauté de communes de l’île de Ré, confirme que « juillet n’est plus un mois saisonnier comme avant, ce n’est plus un mois privilégié ». Pour lui, ce phénomène remonte « à un peu avant le Covid. Juillet commençait à être moins prisé. Mais le début du mois était toujours difficile jusqu’aux résultats du bac ».
C’est ce que confirme Jean-Luc Gouyer, gérant du camping Les Acacias à Rivedoux-Plage, qui compte 86 emplacements. « Le mois de juillet a été très difficile, nous avons pris beaucoup de retard. Nous avons eu entre 30 et 40 % de fréquentation en moins que les autres années. Les années se suivent et ne se ressemblent pas. C’est vrai que nous avons eu plusieurs mois de juillet assez difficiles, mais c’est peut-être aussi une combinaison de circonstances défavorables : le Covid, une météo désastreuse, des résultats de bac tardifs et, cette année, des élections, c’était du jamais vu ! Heureusement, nous avons un mois d’août normal : nous sommes complets tout le mois. »
2 Ajuster les prix aux budgets
Jean-Hubert Lelièvre met les pieds dans le plat : « Qu’on le veuille ou non, la France est devenue une destination chère. » Et il cite l’exemple de la fille d’un couple d’amis « qui est partie en Albanie et au Monténégro. Une destination low cost avec des paysages sauvages et préservés. » Jean-Hubert Lelièvre fustige aussi « le tourisme bashing » qui s’est installé.
« Ce qu’il faut comprendre avant tout, c’est que la clientèle n’est pas la même tout au long de l’été, constate Lionel Quillet. Avec les chiffres du week-end férié, on voit qu’on est en très léger recul en termes de fréquentation. Ce n’est pas seulement un problème de fréquentation, c’est un problème de consommation. Les gens ont freiné leurs dépenses, c’est un problème de pouvoir d’achat qui touche toute la France. Août compense, mais juillet est un mois différent en termes de clientèle et on se rend compte que certains prix ne correspondent pas à la demande. »
L’élu rétais a quelques pistes de travail : « Il faut travailler sur des packages pour que les gens puissent, avec un budget donné, se loger, se nourrir et profiter d’une activité culturelle. Je vois que les gens viennent avec un budget, et ils ne veulent pas le dépasser. Il faudrait peut-être leur proposer un budget dans lequel ils se sentent à l’aise, qui soit établi à la base. »
Ce n’est pas un hasard si, dans les terres, comme à Saint-Jean-d’Angély, le camping trois étoiles enregistre un « retour des tentes cet été ». Sibylle et Michel Paluzzano, les gérants, ont toujours pris soin de préserver des emplacements nus pour tentes et caravanes. Un choix qui pourrait s’avérer gagnant.
3 Septembre, le nouvel Eldorado
« Chaque année, septembre est de mieux en mieux. Même si cela dépend aussi de la météo. Cette année, septembre sera probablement meilleur que juillet, très clairement », estime Lionel Quillet, originaire de l’île de Ré.
Le même optimisme se dégage à La Flotte. « Le mois de septembre s’annonce très bien, nous avons déjà beaucoup de réservations, confirme Sandrine, directrice de l’hôtel deux étoiles l’Hippocampe. C’est une clientèle différente, souvent plus âgée, qui a planifié son séjour depuis longtemps. Ce n’est pas du dernier moment comme en juillet. » L’été indien, autrefois exceptionnel, se fait plus fréquent.
Le changement climatique n’est pas sans conséquence sur le calendrier des organisateurs. Le virus Covid avait imposé des jauges, il faut désormais prendre en compte tous les aléas météo. « Sur les quatre éditions d’Escapade sur le fleuve Charente, nous avons changé trois fois de dates. C’est fou. Cela pose question. Ne faudrait-il pas plutôt se positionner en septembre qu’en juin ? »
4 Les rebelles de l’intérieur
Si le littoral vit quasiment tout seul, à l’intérieur des terres, il n’est plus question de miser sur la pluie pour que les baigneurs s’habillent et se retirent dans des visites patrimoniales, etc. Sur le territoire de l’Agglo de Saintes, la stratégie est de vendre de la « tranquillité » en opposition à « l’effervescence du littoral. On ne peut pas rivaliser avec », explique Alexandre Grenot. « On n’a pas l’avantage de la mer donc on a pris l’habitude de s’adapter. Ce n’est pas une catastrophe s’il fait mauvais temps. On propose des choses, comme des randonnées, où il ne faut pas sortir son portefeuille tout le temps », déclare le vice-président en charge du tourisme, pour qui « la vie ne s’arrête pas le 15 août ».
Dans le sud du département en Haute-Saintonge, le directeur des offices de tourisme de Jonzac et de Haute Saintonge, Benoît Christen, a dénombré « pas moins de 299 événements entre la mi-août et la première semaine de septembre, avec des ateliers, des visites, des croisières, des randonnées, des concerts, des marchés, des expositions, des rencontres avec des producteurs ».
En Saintonge, l’offre de spectacles et d’événements semble également prendre de l’ampleur en cette dernière quinzaine d’août, et notamment ce week-end. Pour sa première édition, le festival Jazz & Bass, ce week-end, à Port-d’Envaux, a clairement choisi une date « sans trop de concurrence ». À Saintes, Transe Atlantique a pris la date proposée par la mairie. La directrice Raphaëlle Chovin estime que « ce n’est pas mal. Il y a encore des vacanciers et ça ne tombe pas sur la semaine de la rentrée. Il fallait surtout être loin des Francofolies de La Rochelle ».