Plus de seniors en entreprise ? « Oui, mais pas chez nous »
Carnet de bureau. Avant l’ultime séance de négociation entre les partenaires sociaux sur le « pacte de vie au travail » et l’emploi des seniors fixée au 8 avril, la plateforme numérique Review Jobs, spécialisée dans l’expérience salarié, a interrogé plus de 1 000 salariés du 9 au 12 mars. la place des plus de 55 ans dans leur entreprise. Respecté mais peu désiré, résume en deux mots leur jugement sur cette catégorie d’actifs.
Tous les salariés considèrent que les seniors sont plus impliqués et plus exemplaires qu’ils ne le pensent eux-mêmes. Ils les jugent compétents (76%) et prudents (69%). 44% les considèrent même créatifs dans leur travail. Une bonne image à première vue.
Mais paradoxalement, lorsque les questions portent sur l’augmentation du taux d’emploi des seniors, rendue nécessaire par le report de l’âge légal de la retraite à 64 ans, 30 % des jeunes de moins de 25 ans et 38 % des cadres trouvent que « C’est une bonne idée, mais pas ici ». Cela ne peut pas s’appliquer à leur profession, ni à leur entreprise, disent-ils.
Dans cette enquête publiée le 28 mars, 40% des salariés signalent un manque d’appropriation des nouvelles technologies par les plus de 55 ans, 31% des jeunes salariés les jugent incapables de s’habituer à travailler autrement (télétravail, projets collaboratifs), et 39% des les cadres supérieurs s’estiment également incapables de comprendre les attentes des plus jeunes. « Notre analyse est que les jeunes n’ont pas une vision très précise, car ils ont peu de seniors à proximité d’eux », relativise Nicolas Marette, le fondateur de Review Jobs. Dans 44% des entreprises consultées pour son étude, les seniors représentent moins de 10% des effectifs.
Dans certains secteurs d’activité
Ces signaux de tension dans les relations intergénérationnelles apparaissent dans un contexte de ralentissement de la dynamique de l’emploi. Les prévisions de recrutement de cadres supérieurs publiées mardi 2 avril par l’Association pour l’emploi des cadres (APEC) pour 2024 indiquent que la porte des entreprises a tendance à se fermer devant les plus âgés : « Le secteur privé envisagerait de recruter jusqu’à 20 220 cadres ayant plus de vingt ans d’expérience (6% de l’ensemble des recrutements) »soit 15% de moins qu’en 2023.
Ces cadres très expérimentés seraient « plus populaire dans les entreprises industrielles que dans les services », précise l’APEC. Autrement dit, le taux d’emploi des 55-64 ans que le gouvernement voudrait rapprocher de la moyenne européenne de 62,4% (contre 56,9% en France en 2022) serait plus réalisable dans certains secteurs d’activité plus ouverts. aux salariés plus âgés.
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