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Plus de fourmis que de cigales, quel est le rapport des Français à l’épargne ?

6 000 milliards d’euros. Oui, vous avez bien lu. 6 000 milliards d’euros, soit deux fois le montant de la dette abyssale (plus de 3 000 milliards) des administrations publiques françaises. C’est le montant total du « pécule », en somme, de l’épargne actuellement constituée par les Français. Un chiffre impressionnant que l’économiste Philippe Crevel, directeur du Cercle de l’épargne, précise et tempère.

« Ce chiffre, qui se situe en fait entre 5 000 et 6 000 milliards, ne fait pas de distinction entre les économies…

6 000 milliards d’euros. Oui, vous avez bien lu. 6 000 milliards d’euros, soit deux fois le montant de la dette abyssale (plus de 3 000 milliards) des administrations publiques françaises. C’est le montant total du « pécule », en somme, de l’épargne actuellement constituée par les Français. Un chiffre impressionnant que l’économiste Philippe Crevel, directeur du Cercle de l’épargne, précise et tempère.

« Ce chiffre, qui se situe en fait entre 5 000 et 6 000 milliards, ne fait pas de distinction entre l’épargne issue des produits d’épargne et cette autre épargne qui constitue le patrimoine immobilier par exemple (sur ce point, l’avis de l’économiste diverge de celui du cabinet de conseil et le cabinet d’audit PwC France qui parle aussi de 6 000 milliards hors immobilier, NDLR). Il n’en reste pas moins vrai que dans notre pays le taux d’épargne, c’est-à-dire le pourcentage du revenu mensuel épargné, s’élève à près de 18% », précise l’économiste.

Philippe Crevel, économiste et directeur du Cercle de l'épargne, analyse le rapport des Français à l'épargne.


Philippe Crevel, économiste et directeur du Cercle de l’épargne, analyse le rapport des Français à l’épargne.

Sud Ouest

« Cela fait de nous un champion d’Europe, mais pas LE champion. Les Suédois, les Allemands et les Autrichiens s’en sortent mieux, économisant environ 20 % de leurs revenus. Au niveau mondial, les Japonais s’en sortent aussi mieux que les Chinois, mais dans leur cas, c’est parce que l’épargne compense le manque de protection sociale », ajoute l’économiste.

Une tradition nationale

En France, les économies et les chiffres en témoignent. C’est bien plus qu’une simple habitude financière, c’est une tradition aux racines multiples. Des racines historiques d’abord, dues aux périodes d’instabilité économique et politique de son histoire comme les guerres, notamment mondiales. Des racines culturelles aussi avec une méfiance à l’égard de la dette, qui nous pousse à créer un « coussin » pour les moments difficiles. Des racines fiscales en ce qui concerne les dispositifs incitatifs via l’épargne réglementée (dont les conditions de fonctionnement, d’ouverture, le plafond de dépôt, etc. et le rendement sont fixés par les pouvoirs publics), sans risque et rémunératrice, comme le Livret A, le Plan d’épargne logement (PEL) ou le viager. assurance. Et enfin, l’enracinement patrimonial : la transmission de l’épargne d’une génération à l’autre est une pratique courante en France où, plus qu’ailleurs, les parents encouragent leurs enfants à épargner dès leur plus jeune âge, perpétuant ainsi la « tradition » de l’épargne.

« L’épargnant français recherche : la sécurité, la liquidité, pouvoir disposer de son argent quand il le souhaite et la rentabilité »

Mauvaise nouvelle pour la consommation et le pays ?

De nombreux économistes et responsables politiques voient l’épargne comme un frein à la consommation des ménages, qui constitue l’indicateur majeur de la bonne santé d’une économie car elle représente la principale source de croissance du pays. « La consommation est un indicateur important, mais dans un pays comme le nôtre, très désindustrialisé, elle concerne souvent des produits importés et s’avère néfaste pour notre balance commerciale », explique Philippe Crevel, qui constate un non-sens concernant la volonté affichée. les pouvoirs publics à voir les Français investir plus massivement dans les entreprises.

« L’épargnant français recherche : la sécurité, la liquidité, pouvoir disposer de son argent quand il le souhaite et la rentabilité. Le gouvernement, après l’avoir rendu plus attractif et rentable, peut-il reprocher à l’épargnant de préférer son livret A à 3% ou l’autre placement star : l’assurance-vie (cette manne, gérée par les assureurs représente près de 2 000 milliards économisés, ndlr) plutôt que de parier en bourse ? N’oublions pas que l’argent collecté via le Livret A finance notamment la construction de logements sociaux. Le fonds Euro, support financier garanti et rentable de l’assurance-vie, finance une grande partie de la dette de l’Etat », précise Philippe Crevel.

Sur nos comptes bancaires, des « économies » qui font perdre de l’argent

Malgré l’attractivité récente des produits d’épargne réglementés, selon la Banque de France, 500 milliards d’euros « dorment » encore sur nos comptes courants, les comptes de dépôt. Des sommes impayées qui, en raison du phénomène inflationniste (4,9% en 2023, 2,2% en avril 2024), représentent automatiquement une perte pour les titulaires de comptes. Avec les 2 000 euros restant sur un compte courant, aussi appelé compte bancaire ou compte courant, on ne peut plus acheter aujourd’hui la même chose avec le même montant qu’en 2022. « Si toutes les sommes thésaurisées dans les comptes courants étaient placées sur le Livret A ou des Livrets de développement durable, cela représenterait 15 milliards d’euros d’intérêts supplémentaires pour tous les Français », assure Philippe Crevel.

Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.
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