Depuis trois jours, les autorités sud-africaines ont repris le contrôle d’une mine d’or abandonnée dans laquelle des centaines d’orpailleurs illégaux vivaient dans des conditions extrêmes depuis des mois. Des dizaines de corps ont été remontés à la surface.
Le décompte qui a débuté ce lundi 13 janvier est macabre au-dessus de la mine d’or désaffectée en Afrique du Sud où ont été extraits 78 corps de mineurs illégaux. Un bilan qui pourrait en rester là, car les opérations de secours touchent à leur fin. « Deux volontaires sont remontés à la surface et nous ont dit qu’ils avaient fouillé le sous-sol et qu’il n’y avait plus de corps ni de personnes vivantes sous terre », a déclaré le chef de la police de la province du Nord-Ouest Patrick Asaneng lors d’un point de presse. Une dernière « opération de ratissage » est prévue ce jeudi matin, a-t-il ajouté.
Une véritable ville souterraine
Pendant trois jours, chaque aller-retour de la gondole, descendue par un treuil spécialisé dans le puits de Stilfontein, à environ 150 kilomètres au sud-ouest de Johannesburg, a entassé davantage de corps de mineurs à la surface.
Selon le décompte final de la police, au total, 246 mineurs sont sortis vivants de ce puits de 2,6 km de profondeur, qui ressemble à une ville souterraine, avant le début de l’opération. Les survivants sont souvent en mauvais état compte tenu des membres émaciés de ceux qui sont sortis de cette mine d’or.
REGARDER | Une vidéo a été diffusée montrant des mineurs illégaux sous terre à Stilfontein en état de détresse. La vidéo a été fournie par Mining Affected Communities United in Action, qui a récemment contacté la Cour constitutionnelle pour demander une intervention urgente à Stilfontein. pic.twitter.com/LZ0eftShkc
– Sowetan EN DIRECT (@SowetanLIVE) 13 janvier 2025
Un nombre incertain de mineurs illégaux étaient restés sous terre depuis des mois, trop faibles pour remonter par la seule corde qui leur permettait auparavant de remonter à la surface, selon plusieurs témoignages.
Un siège macabre
La police les a estimés à plusieurs centaines lorsqu’elle a commencé, il y a plus de deux mois, à limiter au minimum l’approvisionnement en eau et en nourriture du site. Cette stratégie visant à les chasser lui vaut aujourd’hui d’être accusé d’avoir causé la mort de certains de ces « zama zamas » (« Ceux qui essaient » en zoulou), comme on appelle les mineurs illégaux.
« Personne n’a empêché quiconque de sortir », a déclaré mercredi la porte-parole de la police, Athlenda Mathe. « En fournissant de la nourriture, de l’eau et des produits de première nécessité à ces mineurs illégaux, la police aurait soutenu les activités minières illégales et permis à la criminalité de prospérer. »
#sapsHQ (MISE À JOUR – Stilfontein) #Exploitation minièreillégale
Au deuxième jour des opérations, un total de 106 mineurs illégaux vivants ont été récupérés et arrêtés pour exploitation minière illégale. 51 ont été certifiés morts.La répartition des personnes arrêtées par nationalité est la suivante :
Mozambicains : 67
Ressortissants du Lesotho :… pic.twitter.com/KbiIVsrug1— Service de police SA \ud83c\uddff\ud83c\udde6 (@SAPoliceService) 15 janvier 2025
Une vidéo rendue publique par l’ONG Macua, qui défend les communautés touchées par les activités minières, montre ce qui semble être des dizaines de dépouilles entassées dans l’obscurité des galeries.
Des mineurs majoritairement étrangers
Plus de 1 500 mineurs illégaux, pour la plupart étrangers, ont été arrêtés sur place par la police depuis août. Parmi ceux qui sont ressortis vivants depuis lundi, « 128 personnes ont été confirmées comme étant originaires du Mozambique, 80 du Lesotho, 33 du Zimbabwe et seulement 5 d’Afrique du Sud », a détaillé le policier provincial Patrick Asaneng.
Les hommes émaciés sortis du puits mardi ont tous été soumis à une fouille au détecteur de métaux par la police pour s’assurer qu’ils ne rapportaient pas de pépites d’or du sous-sol. « Nous allons les enfumer et ils ressortiront », avait annoncé en novembre le ministre de la présidence, Khumbudzo Ntshavheni, provoquant des réactions d’indignation.
Sur ce site minier proche de l’État Libre, situé sur l’autre rive de la rivière Vaal à seulement 5 km, la nourriture et l’alcool parvenaient aux hommes sous terre avant l’opération policière, générant une économie assez informelle.
Des gangs à leur tête
Il existe des dizaines de milliers de ces « zama zamas » en Afrique du Sud et souvent sous le contrôle de bandes criminelles. Cela leur a valu une mauvaise réputation auprès d’une partie de la population sud-africaine.
Beaucoup sont étrangers – 98,5% des mineurs arrêtés sur le site de Stilfontein selon le ministre des Ressources minérales, Gwede Mantashe –, ce qui signifie encore plus d’intransigeance envers les « zama zamas » dans un pays où les flambées xénophobes sont récurrentes. «C’est une activité criminelle. C’est une attaque contre notre économie par des ressortissants étrangers », a insisté mardi le ministre.