Selon une étude partagée lundi 10 mars par l’Observatoire de l’emploi des entrepreneurs, ces destructions ont augmenté de 18% par rapport à 2023. Il y en aura «probablement davantage encore en 2025», ajoute le document.
Le chiffre donne le tournis. En 2024, 60.852 chefs d’entreprise ont perdu leur emploi. Un chiffre au plus haut depuis 2015, selon l’Observatoire de l’emploi des entrepreneurs, publié ce lundi 10 mars. Le nombre de ces pertes d’emploi en France a augmenté de 18% par rapport à 2023, montrent les données récoltées par l’association GSC, qui assure la protection chômage des chefs d’entreprise et indépendants, et le cabinet Altares.
Dans le détail, elles ont particulièrement augmenté dans les secteurs de la construction (+23,7%), des agences immobilières (+34,7%) et des transports/logistique (+29,3%), très exposés aux «tensions conjoncturelles». Ces chiffres coïncident avec la hausse des défaillances d’entreprises (sauvegardes, redressements ou liquidations judiciaires) : 67.830 l’an dernier, selon l’étude de janvier d’Altares, en hausse de 17% sur un an, dont 46.640 liquidations (+13%).
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Les défaillances ont progressé depuis 2022 sous le double effet d’un rattrapage post-Covid – période durant laquelle elles étaient relativement peu nombreuses grâce aux aides d’État massives -, et des incertitudes politiques et géopolitiques récentes. Les défaillances «enchaînent les records depuis des mois, les liquidations judiciaires (…) sont prédominantes, supprimant l’emploi de plus de 60.000 dirigeants en 2024 et probablement davantage encore en 2025», observe dans l’étude publiée lundi, Thierry Millon, directeur des études Altares. Un rapide coup d’œil sur l’activité des tribunaux de commerce confirme la tendance. Dans son baromètre sur l’année 2024, celui de Paris a constaté une hausse de 19% d’ouverture de procédures collectives (sauvegardes, redressement ou liquidation judicaire).
Selon l’étude de GSC et Altares, près des trois quarts des entrepreneurs en situation de perte d’emploi sont à la tête d’une TPE de moins de 3 salariés, tandis que la plus forte hausse (+30,2% en un an) concerne les dirigeants de TPE de 6 à 9 salariés. Une forte progression est ainsi observée chez les artisans commerçants (+18,3%) et les professions libérales (+ 16,6%). En revanche, la perte d’emploi des dirigeants d’entreprises de plus de 50 salariés recule de 19,8%.
Près d’un tiers des entrepreneurs affectés dirigeait une entreprise de plus de 10 ans. La perte d’emploi des plus de 60 ans progresse fortement (+33,2%). Les régions les plus impactées sont l’Île-de-France, la Normandie et les Pays de la Loire avec des progressions supérieures à 25%. Pour Thierry Millon, l’étude «tend à militer pour une gestion très proactive des risques». Les défaillances risquent par ailleurs de se multiplier en 2025, ajoute-t-il. Il faut informer les chefs d’entreprise «sur les filets de sécurité financiers à leur disposition», renchérit Hervé Kermarrec, président de la GSC. C’est précisément la vocation du contrat d’assurance volontaire souscrit par cette association, conçue en 1979 et administrée par les trois organisations patronales représentatives, Medef, CPME et U2P.
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