Santé

Plus de 39 millions de décès imputables à la résistance aux antibiotiques d’ici 2050

Il s’agit de l’une des maladies les plus graves attendues dans les années à venir. Plus que le paludisme ou le sida, la résistance aux antibiotiques tue 1 million de personnes chaque année, estime une vaste étude publiée dans la revue scientifique La Lancette Ce mardi, la première analyse approfondie sur le sujet au niveau mondial. Surtout, les chercheurs du projet  » thé Recherche mondiale sur la résistance aux antimicrobiens (GRAM) » prédire 39 millions de personnes tuées à cause de la résistance aux antibiotiques d’ici 2050, soit une augmentation de 70% par rapport à 2022 et 169 millions de décès indirects.

 » Ce sont deux scénarios possibles et le nombre de morts se situe probablement quelque part entre les deux.  » explique Tomislav Mestrovic, l’un des auteurs de l’étude et professeur associé à l’Université du Nord en Croatie.

Des résultats bien supérieurs aux 10 millions de décès annoncés par l’OMS pour la même période en novembre dernier. Pour rappel, la résistance aux antibiotiques est un phénomène qui consiste en la résistance des bactéries aux antibiotiques. Par exemple, la sTaphylococcus aureus est la bactérie qui cause le plus de décès en raison de sa forte résistance à la méthicilline.

Résultat : 130 000 décès dans le monde en 2021, contre 57 200 dix ans plus tôt. L’étude s’est concentrée sur 22 agents pathogènes, 84 combinaisons agent pathogène-médicament et 11 syndromes infectieux (dont la méningite, les infections sanguines et d’autres infections) chez des personnes de tous âges dans 204 pays et territoires.

Résistance aux antibiotiques : face à une nouvelle pandémie imminente, l’OMS exhorte le monde à tirer les leçons du Covid

Accélérer la recherche

Afin de réduire le nombre de décès, les chercheurs de l’étude soulignent l’importance de la prévention, notamment de la vaccination, mais aussi de la mise en place de garde-fous dans l’accès aux antibiotiques, afin d’éviter un recours massif sans l’indication d’un professionnel de santé. En novembre dernier, l’OMS notait que les raisons invoquées pour justifier la prise d’antibiotiques sont dans 24% des cas le rhume suivi des symptômes grippaux (16%), des maux de gorge (21%) et de la toux (18%). Des symptômes souvent causés par des virus et contre lesquels les antibiotiques n’ont aucune efficacité.

Santé : la France met 170 millions d’euros sur la table pour accélérer la prévention

Réduire l’usage de médicaments pour la croissance et la prise de poids chez les animaux est aussi un levier possible, selon les chercheurs. Selon l’OMS, la moitié des antibiotiques dans le monde sont destinés aux animaux et, de fait, finissent dans le corps humain après consommation.

Dernière solution : l’accélération de la recherche de nouveaux antibiotiques.

 » Le marché des antibiotiques étant beaucoup moins rentable que celui des médicaments sur ordonnance à long terme, comme les antihypertenseurs, les sociétés pharmaceutiques ont peu investi dans cette recherche. « , note l’Inserm dans un rapport réalisé cet été.

En 2020, une vingtaine de laboratoires se sont réunis avec pour objectif de mettre sur le marché 2 à 4 nouveaux antibiotiques d’ici 2030. Plus généralement, l’étude publiée dans La Lancette révèle qu’une amélioration de la gestion globale des infections et de l’accès aux antibiotiques pourrait prévenir 92 millions de décès entre 2025 et 2050.

De fortes inégalités entre les âges

Ce dernier met également en évidence les dynamiques diverses en matière de résistance aux antibiotiques selon les groupes d’âge. Ainsi, si les décès ont augmenté de plus de 80 % chez les plus de 70 ans entre 1990 et 2021, Elles ont diminué de 50 % chez les enfants de moins de cinq ans. Ceci grâce à des campagnes de vaccination plus importantes ces dernières années dans cette catégorie de population. Cette tendance devrait se poursuivre jusqu’en 2050 avec une diminution de moitié des décès liés à la résistance aux antibiotiques chez les enfants de moins de cinq ans d’ici 2050 tandis que les décès chez les personnes de plus de 70 ans devraient plus que doubler.

L’autre inégalité concerne la différence entre les régions du monde en fonction de leur revenu. Et pour cause, c’est en Asie du Sud, notamment en Inde et au Pakistan, que le nombre de décès liés à la résistance aux antibiotiques sera le plus élevé avec près de 11,8 millions de décès associés d’ici 2050. Ces inégalités pourraient encore se creuser, puisque le coût de la résistance aux antibiotiques est élevé. Au total, la résistance aux antibiotiques pourrait coûter plus de 100 000 milliards de dollars dans le monde.