Plus de 120 millions de personnes contraintes de fuir leur lieu de résidence fin avril : c’est l’estimation du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) dans son dernier rapport annuel publié jeudi 13 juin. à l’échelle mondiale, mais aussi la douzième augmentation annuelle consécutive, souligne l’agence onusienne.
En franchissant la barre des 120 millions, le nombre de personnes déracinées équivaut désormais à la population du Japon, 12e pays le plus peuplé du monde, précise le HCR. Cette augmentation « reflète à la fois la naissance de nouveaux conflits, la mutation de certaines situations existantes, ainsi que l’incapacité à résoudre des crises persistantes », note-t-il. À la fin de l’année dernière, le nombre de déplacements forcés s’élevait à 117,3 millions.
Le rapport annuel pour l’année 2023 présente les principales tendances statistiques en matière de déplacements forcés. Il comprend les dernières statistiques officielles sur les réfugiés, les demandeurs d’asile, les personnes déplacées à l’intérieur du pays et les apatrides, ainsi que le nombre de réfugiés rentrés chez eux.
► 1 personne sur 69 déplacée de force
L’augmentation à 117,3 millions de personnes déplacées d’ici fin 2023 représente une augmentation de 8%, soit 8,8 millions de personnes supplémentaires, par rapport à fin 2022.
Une personne sur 69, soit 1,5 % de la population mondiale, est désormais déplacée de force, note l’agence. « C’est presque le double du chiffre d’une personne déracinée sur 125 il y a dix ans »note-t-elle.
Parmi les 117,3 millions de personnes déplacées enregistrées l’année dernière, on compte 67,08 millions de personnes déplacées à l’intérieur du pays, 31,64 millions de réfugiés sous mandat du HCR, 5,97 millions de réfugiés palestiniens sous mandat de l’UNRWA, 6,86 millions de demandeurs d’asile et 5,76 millions de personnes ayant besoin d’une aide internationale. protection.
► Voyages liés aux conflits
Plusieurs facteurs sont à l’origine de l’augmentation des déplacements forcés à travers le monde. L’agence onusienne relève, entre autres, des persécutions, des violences, des violations des droits de l’homme ou des événements troublant gravement l’ordre public.
Mais ce sont les conflits qui ont contraint le plus grand nombre de personnes à quitter leur lieu de résidence à travers le monde. La guerre civile au Soudan depuis avril 2023 a provoqué plus de 6 millions de déplacements à l’intérieur du pays, et 1,2 million d’autres vers les pays voisins. C’est « l’une des plus grandes crises humanitaires et de déplacement au monde »souligne le HCR.
Dans la bande de Gaza, l’UNRWA estime qu’entre octobre et décembre 2023, jusqu’à 1,7 million de personnes (soit plus de 75 % de la population) ont été déplacées par le conflit entre Israël et le Hamas, certaines ayant été contraintes de fuir à plusieurs reprises.
La République démocratique du Congo compte 3,8 millions de personnes supplémentaires déplacées, et la Birmanie 1,3 million l’année dernière en raison des violents combats.
► 43,4 millions de réfugiés dans le monde
Le nombre de réfugiés (hors de leur pays) et d’autres personnes ayant besoin d’une protection internationale a augmenté de 7 % pour atteindre 43,4 millions en 2023. Le nombre de réfugiés a même triplé au cours de la dernière décennie, indique le HCR.
Un tiers de tous les réfugiés relevant du mandat du HCR viennent d’Afghanistan et de Syrie, avec 6,4 millions de personnes touchées dans les deux cas. 6,1 millions viennent du Venezuela et 6 millions d’Ukraine en guerre contre la Russie.
► 68,3 millions de personnes déplacées internes
Fin 2023, 68,3 millions de personnes étaient déplacées internes. Ils représentent 58% de toutes les personnes déplacées de force, souligne l’agence onusienne. Il estime le nombre de personnes déplacées internes au Soudan à 9,1 millions, 7,2 millions en Syrie et 6,7 millions en RDC.
Le nombre de personnes déplacées à l’intérieur du pays en raison de conflits ou de violences a augmenté de 10 % en un an, indique également le rapport.
► 75% des réfugiés dans les pays à faible revenu
Contrairement à l’idée fausse selon laquelle les réfugiés et les migrants se dirigent vers les pays riches, le HCR constate que 75 % des réfugiés vivent dans des pays à revenu faible ou intermédiaire. Près de sept réfugiés sur dix (69 %) sont hébergés dans les pays voisins.