Des manifestations à grande échelle se sont transformées en émeutes au Bangladesh.
Plus de 100 personnes sont mortes, tandis que la police a commencé à tirer à balles réelles sur les manifestants.
Les quotas d’embauche introduits dans la fonction publique sont parmi les raisons de la révolte.
La police anti-émeute déployée dans la capitale Dhaka a tiré à balles réelles sur les manifestants. Pendant ce temps, l’armée est déployée à grande échelle dans les villes du pays, après une nouvelle journée d’affrontements meurtriers. Au moins 115 personnes auraient été tuées depuis le mouvement de protestation qui a pris d’assaut le pays, déclenché par des manifestations étudiantes.
Une révolte contre l’injustice
Au Bangladesh, pays de 171 millions d’habitants limitrophe de l’Inde et de la Birmanie, les manifestations sont quasi quotidiennes depuis début juillet. Elles visent, entre autres, à mettre fin aux quotas d’embauche dans la fonction publique. Jugés injustes, ces quotas prévoient de réserver plus de la moitié des postes à des groupes spécifiques, notamment les enfants des vétérans de la guerre de libération du pays contre le Pakistan en 1971, tout en favorisant les proches du pouvoir.
C’est l’éruption du mécontentement latent des jeunes accumulé au fil des années.
C’est l’éruption du mécontentement latent des jeunes accumulé au fil des années.
Ali Riaz, professeur de sciences politiques à l’Université de l’Illinois
Cette crise sociale a progressivement évolué, devenant au fil des jours une crise politique pour la Première ministre. Elle se retrouve huée alors que des manifestations ont lieu dans les rues de Dhaka, mégalopole de 20 millions d’habitants. Des observateurs rapportent que la foule défile aux cris de « À bas le dictateur !
La situation aujourd’hui, « C’est l’éruption du mécontentement latent des jeunes accumulé au fil des années, en raison de la privation de leurs droits économiques et politiques »analyse Ali Riaz, professeur de politique à l’Université de l’Illinois. « Les quotas d’embauche sont devenus le symbole d’un système truqué »il ajoute.
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La Première ministre Sheikh Hasina, 76 ans, au pouvoir depuis 2009, est accusée d’avoir jeté de l’huile sur le feu la semaine dernière en comparant les manifestants à « collaborateurs » Le Pakistan, dans une référence insultante à la période de la guerre de libération de 1971, a été frappé par un couvre-feu décrété vendredi soir à minuit et le bureau du Premier ministre a demandé à l’armée de déployer des troupes. Une décision prise après l’échec de la police à contrôler les troubles. « Des centaines de milliers de personnes » Des affrontements ont eu lieu vendredi entre des policiers et les forces de sécurité dans la capitale Dhaka, a déclaré un porte-parole de la police.
Depuis les premiers décès mardi, les manifestants ont commencé à exiger la démission de Sheikh Hasina. « La frustration grandit au Bangladesh car le pays n’a pas connu d’élections nationales véritablement compétitives depuis plus de 15 ans »analyse Pierre Prakash, directeur de l’ONG Crisis Group Asie. « Sans véritable alternative électorale, les Bangladais mécontents n’ont guère d’autres choix que de manifester dans la rue pour faire entendre leur voix ».