« Plonger dans la mer froide a le même effet que la cocaïne »
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« Plonger dans la mer froide a le même effet que la cocaïne »

« Plonger dans la mer froide a le même effet que la cocaïne »
Pete Doherty, sur la plage de Saint-Jouin-Bruneval, près d'Etretat (Seine-Maritime), le 9 juillet 2024.

Retrouvez tous les épisodes de la série « Un château de sable avec… » ici.

Pendant longtemps, Pete Doherty a fait les délices de la presse people. Et pas seulement parce que le chanteur-guitariste au visage d’ange, qui a fondé le groupe de punk rock The Libertines avec son alter ego Carl Barât, a multiplié les escapades amoureuses dans la grande tradition du sex, drugs & rock’n’roll (sa liaison tumultueuse et mémorable avec Kate Moss). Mais surtout parce que l’abus de tout ce qui existe en matière de paradis artificiels lui avait fait goûter à maintes reprises cet enfer cher aux poètes maudits : la prison.

Le temps est révolu ? Le Pete Doherty d’aujourd’hui a des airs de gentleman farmer : 1,87 mètre de chair bien plantée dans ses bottes en caoutchouc, un visage rond sous sa casquette de tweed et un sourire paisible face aux embruns d’Etretat-la-bourgeoise, où il a élu domicile, en Seine-Maritime. « La nuit où Macron a dit : « Nous sommes en guerre contre le virus » (extrait de Covid-19, en 2020, en franglais dans le texte)nous avons quitté Paris avec ma femme et les chiens.

Son épouse est Katia de Vidas, un père d’origine grecque, producteur des films de Claude Lelouch, une mère née Mallet, nom d’une part non négligeable des habitants d’ici. « Maurice Leblanc appelait la mère de ma belle-mère la « fille aux yeux violets » »dit la chanteuse, que l’on retrouve, flanquée de deux sympathiques chiens, quittant une jolie maison que l’auteur d’Arsène Lupin ne renierait pas – un joli pavillon en brique surplombant la plage de galets et sa légendaire « aiguille creuse ».

Briser le « quatrième mur »

Chaque jour, Pete Doherty nage dans l’eau salée. Seul ou avec les Dauphines, un club de natation local qui défie les intempéries au nom des sirènes. Tous les jours, c’est-à-dire lorsqu’il ne compose pas, n’enregistre pas (The Libertines a sorti un quatrième album plus tôt cette année, Tout est calme sur l’esplanade Estacclamés par la critique, qui avait tendance à les enterrer un peu trop vite (neuf ans se sont, en vérité, écoulés depuis le dernier), ou à jouer dans quelque bar à la fortune du pot : « Mon objectif était de faire de la musique et de survivre, et nous sommes allés assez loin. »note l’homme qui n’a cessé, au détriment de sa santé, de briser avec panache ce qu’on appelle au théâtre le « quatrième mur », cette frontière invisible qui sépare l’artiste du public.

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Avec Pete Doherty, il n’y a quasiment plus de limites, on le comprend avec plaisir lorsqu’il commence à nous asperger dès notre entrée dans l’eau : « Bâtard ! Il fait froid ! Elle a froid ! » Nous sommes comme deux enfants le premier jour de colonie de vacances, nageant vers la mer, des étrangers unis par les éléments, l’eau environnante, les falaises imposantes, la tempête menaçante – un gros cumulonimbus avance lentement vers Le Havre au loin. « Plonger dans la mer le matin, surtout si l’eau est froide, est ce qui se rapproche le plus des sensations que l’on peut ressentir en prenant de la cocaïne ou de l’alcool, cela provoque le même effet créatif chez moi. »il assure sans fioriture ni provocation, une observation sobre.

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