Sciences et technologies

PLATO, le satellite qui pourrait détecter des planètes semblables à la Terre

« Dans les temps ». Pour l’heure, le calendrier du programme de télescope européen PLATO (PLAnetary Transits and Oscillations of stars) est respecté sept ans après son lancement en juin 2017 par l’Agence spatiale européenne (ESA). Et ce malgré la très grande complexité de ce satellite équipé notamment de 26 caméras. Une fois l’avionique et le module de service (SVM) livrés fin janvier 2025 par Thales Alenia Space (Cannes) à OHB, maître d’œuvre du programme, celui-ci commencera à être assemblé sur le site du groupe allemand à Oberpfaffenhofen.

Le satellite PLATO subira son examen final (Flight Acceptance Review) en mai 2026, puis sera attendu en décembre de la même année sur un pas de tir du Centre Spatial Guyanais (CSG) d’où il doit décoller à bord d’une Ariane 62. Il sera positionné autour du point de Lagrange L2 du système Soleil-Terre, à 1,5 million de kilomètres de la Terre, dans la direction opposée au Soleil.

Une mission à 750 millions d’euros

Cette mission, qui s’inscrit dans le cadre du programme « Cosmic Vision 2015-2025 » de l’ESA, pourrait répondre à l’une des questions les plus existentielles que se posent les humains : existe-t-il des planètes potentiellement habitables dans ces systèmes planétaires ? A défaut de répondre à cette question, PLATO contribuera probablement à améliorer les connaissances sur la formation et l’évolution des planètes et des systèmes planétaires. Enfin, cette mission pourrait éventuellement répondre à une autre question qui taraude les scientifiques, et plus particulièrement les astronomes : notre système solaire est-il unique ou existe-t-il d’autres systèmes planétaires identiques au nôtre ?

PLATO, un bijou technologique de 2,3 tonnes très coûteux (750 millions d’euros), a pour mission de détecter et d’étudier de nouvelles exoplanètes pendant au moins quatre ans (prolongation possible jusqu’à six ans et demi) grâce à des observations stables et à très long terme (deux fois, de 2 ans à 4 ans) d’étoiles brillantes. C’est le plus grand défi technologique de ce programme, explique Catherine Vogel, responsable du programme PLATO chez Thales Alenia Space (TAS).

Les 26 caméras observeront plus de 200 000 étoiles et rechercheront les planètes qui les entourent. Deux d’entre elles fonctionneront en « mode rapide » pour photographier les étoiles les plus brillantes et améliorer la précision de pointage. Elles prendront des images d’environ 5 % du ciel à la fois, en prenant des images toutes les 25 secondes, et toutes les 2,5 secondes pour les deux caméras rapides, pendant au moins deux ans par étoile cible. « PLATO sera la mission spatiale avec le plus grand nombre d’images jamais réalisées »explique TAS.

De telles observations pourraient donc permettre de détecter et de caractériser des planètes semblables à la Terre en orbite autour de leur étoile pendant une période allant jusqu’à un an. « Nous sommes dans une grande ère de découverte »se réjouit Catherine Vogel. Un programme qui intéresse au moins 28 Etats, qui participent au consortium PLATO, sous la responsabilité de l’Allemagne. La France, à travers le CNES, est l’un des quatre principaux contributeurs avec l’Allemagne, l’Italie et la Grande-Bretagne.

Premier catalogue de planètes confirmées

Pour relever ces défis colossaux, le satellite PLATO fournira des mesures détaillées du rayon (précision de 3%), de la masse (précision supérieure à 10%) et de l’âge (précision de 10%) de ces exoplanètes. Cela révolutionnera la compréhension de la formation de ces planètes, de leur habitabilité potentielle et de l’évolution des systèmes planétaires, explique TAS, qui a organisé lundi une visite à Cannes. La mission établira le premier catalogue de planètes confirmées et caractérisées, dont la densité, la composition et l’âge sont connus. Ce catalogue inclura des planètes situées dans la zone habitable d’étoiles semblables au Soleil.

Les découvertes de PLATO viendront compléter celles de Gaia, mission développée par l’ESA et lancée par Soyuz en 2013 depuis le CSG. Ce programme de l’agence européenne sera suivi par la mission Ariel de l’ESA, dont le lancement est prévu en 2029. Ce nouveau satellite observera un échantillon large et diversifié d’exoplanètes afin d’étudier leur atmosphère en détail.