planning serré, programme dense… candidats sous pression
Une semaine marathon pour les candidats au baccalauréat général et technologique. Ce mardi matin, ils travailleront sur l’épreuve de philosophie. Pas le temps de souffler, puisqu’ils passeront leurs deux épreuves de spécialité mercredi et jeudi ou vendredi après-midi. Les moins fortunés présenteront lundi leur grand oral, cette épreuve se déroulant entre le 24 juin et le 3 juillet.
Un calendrier d’événements plus serré que l’an dernier où les épreuves spécialisées avaient lieu en mars. Ce qui a fait réagir les enseignants. Notamment parce que les élèves s’étaient évaporés des lycées au troisième quadrimestre, car ils connaissaient environ 80 % de leur note finale au baccalauréat, avant même de passer les examens de philosophie et le grand oral. « Cette année, le jeu est loin d’être terminé », souligne Thibaut Poirot, membre de l’Association des professeurs d’histoire-géographie. « Parce que les épreuves finales comptent pour 60 % du baccalauréat (y compris les notes de l’épreuve de français anticipée) », rappelle-t-il. Le coefficient des épreuves de spécialité est de 16 pour chacune d’elles, celui de philosophie est de 8 en voie générale (4 en voie technologique), et celui du grand oral est de 10 en voie générale (14 en voie technologique). « On retrouve un schéma de baccalauréat plus traditionnel », commente Édouard Jeffray, directeur général de l’enseignement scolaire.
«Les profs terminaient l’année au forceps»
Mais cet horaire met les élèves sous tension, observe Gwenn Thomas-Alvès, présidente du syndicat des lycées USL : « Ils sont à cran et stressés. D’autant que certains n’avaient pas d’offre intéressante sur Parcoursup avant de passer leurs tests. » De plus, les programmes à revoir sont copieux, car les tests couvrent tous les chapitres. L’année dernière, avec les épreuves du mois de mars, les élèves avaient moins de notions à assimiler. « Le programme HGGSP (Histoire-Géographie, Géopolitique et Sciences Politiques) est très dense et nous devons préparer nos étudiants à deux types d’exercices. Cependant, nous avons perdu des heures de cours avec les ponts de mai. Les professeurs ont terminé l’année au forceps. Et ceux qui étaient absents et n’ont pas pu être remplacés ont finalement été en difficulté », indique Thibaut Poirot.
Benoît Guyon, coprésident de l’Association des professeurs de sciences économiques et sociales (Apses) estime également que le programme de sa spécialité est trop lourd : « Certains professeurs l’ont terminé à la va-vite en distribuant des polycopiés aux élèves et ont très brièvement préparé le candidats à la thèse. Ils avaient beaucoup de travail à faire en dehors des cours pour assimiler la fin du programme », estime-t-il. Et si les matières du baccalauréat concernent les derniers chapitres, le risque que les notes soient plus faibles existe bel et bien. « Parce que les candidats vont se retrouver dans des impasses dans leurs révisions », prédit Gwenn Thomas-Alvès.
Le grand oral, une grosse galère pour certains
Autre nouveauté qui stresse les candidats : les changements concernant le grand oral. Cette année, le temps de présentation du candidat sur son sujet passe à 10 minutes contre 5 l’an dernier. Après quoi il devra répondre aux questions du jury pendant 10 minutes. Cependant, le travail sur cette épreuve est passé au second plan : « Le programme à réaliser était si dense qu’il a nui à la préparation du grand oral », reconnaît Thibaut Poirot. « Dans certains lycées, il n’y avait pas d’heures dédiées à sa préparation, ni d’oraux blancs. À la fin du cours, certains élèves avaient à peine commencé à y travailler. Il faut donc s’attendre à une grande disparité dans les services», anticipe Gwenn Thomas-Alvès.
Une situation problématique, selon Benoît Guyon : « La capacité à s’exprimer oralement dépend souvent du milieu social dont on est issu. On sait qui sera le premier à être pénalisé. »