Hélène Gerhards, présidente jusqu’en janvier 2023 de la cour d’assises du Lot-et-Garonne et juge d’instruction en Corse de 2010 à 2016, est poursuivie dans le cadre d’une enquête concernant ses liens suspects avec un membre du banditisme corse.
Le procureur de Nice, Damien Martinelli, a justifié ses demandes de placement en détention provisoire notamment par sa volonté de « mettre fin aux troubles exceptionnels et persistants à l’ordre public provoqués par la gravité de l’infraction ».
Il a souligné que parmi les onze infractions retenues à ce stade figure le délit de faux en actes publics par personne dépositaire de l’autorité publique, sanctionné par le tribunal correctionnel départemental et, selon lui, « de nature à remettre en cause la nécessaire confiance dans l’autorité judiciaire.Les avocats d’Hélène Gerhards ont dénoncé samedi « la faillite absolue d’un incarcéré innocent ».
4 fois en 24 ans
Cette incarcération est en tout cas « extrêmement rare », confirme un magistrat occidental. Selon des recherches menées par l’AFP et des informations publiques sur le sujet, les juges ont pris cette mesure pour quatre magistrats judiciaires depuis l’an 2000, dans un corps qui comptait à l’époque environ 7 000 membres et 8 500 aujourd’hui.
En 2003, Jean-Louis Voirain, premier adjoint du parquet de Bobigny, est incarcéré dans une affaire de corruption. Il a passé huit mois en détention provisoire, avant d’être condamné en appel en 2011 à trois ans de prison, dont vingt mois, et à 30 000 euros d’amende.
En 2008, Patrick Keil, alors procureur adjoint de Montpellier, passe trois mois en détention provisoire, soupçonné de corruption. Connu auparavant pour avoir mené l’enquête sur l’affaire Festina de dopage dans le cyclisme, il a été condamné en 2012 à un an de prison avec sursis.
En 2011, un juge de Béthune, Pierre Pichoff, a été condamné à trois mois de prison pour corruption. Il sera condamné en appel en 2018 à cinq ans de privation de ses droits civiques et civils.
En 2014, un juge d’instruction de Mayotte, Hakim Karki, est mis en examen pour viol et condamné à quatre jours de prison. Jeudi, il a été condamné en appel à dix ans de prison.
« Rassurant pour la démocratie »
Patron du Syndicat de la Magistrature, Ludovic Friat n’a pas souhaité commenter le cas d’Hélène Gerhards. « Notre institution judiciaire fonctionne, sans exception, et c’est rassurant pour notre démocratie. » « Face aux craintes de corruption, il ne faut être ni alarmiste ni naïf mais être très vigilant face à la puissance, notamment financière, du crime organisé et du banditisme de drogue. »