place de la femme, transparence, nouveaux ministères… Ce que contient le document final
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place de la femme, transparence, nouveaux ministères… Ce que contient le document final

place de la femme, transparence, nouveaux ministères… Ce que contient le document final

Un geste rare, immédiatement salué par des applaudissements dans la salle Paul VI, au Vatican. Ce samedi 26 octobre, à l’issue des travaux du Synode sur la synodalité, le pape a annoncé que son document final serait publié tel quel, et qu’il ne serait pas accompagné d’une exhortation apostolique.

Le texte a en effet une valeur magistrale et peut « servir de guide »dit François. Fruit de trois années de consultations et de débats, cette synthèse de 51 pages et 155 articles propose une réforme de la gouvernance de l’Église, qui se veut plus participative. La Croix identifié 10 propositions concrètes faites par l’Assemblée. Sans être exhaustifs, ils donnent une idée précise des réflexions les plus abouties de ce Synode.

► Renforcer l’accès des femmes aux postes à responsabilité

Particulièrement scrutée, la question de l’ouverture du diaconat aux femmes a fait l’objet d’un revirement. Le sujet, qui avait été confié à un groupe de travail dédié, n’était pas présent dans le projet présenté lundi 21 octobre dans la salle Paul-VI. La mention du diaconat féminin réapparaît cependant dans le texte final : « Il n’y a aucune raison ni aucun obstacle qui devrait empêcher les femmes d’exercer des rôles de leadership dans l’Église : ce qui vient du Saint-Esprit ne peut être arrêté »dit le document, qui met beaucoup plus l’accent que les versions précédentes sur les « obstacles » auxquels les femmes sont confrontées dans l’Église.

Le paragraphe consacré au diaconat et à ces inégalités – l’article 60 – est celui qui a rencontré le plus d’opposition lors du vote final de l’Assemblée (97 contre, sur 356 participants) samedi 26 octobre. Tous les articles du texte ont été adoptés par deux tiers de l’Assemblée.

Cette dernière nécessite plus largement « que toutes les possibilités déjà prévues par le droit canonique en ce qui concerne le rôle de la femme soient pleinement mises en œuvre, notamment là où elles sont encore peu explorées « .

► Établir des règles de transparence en matière financière et de prévention des « abus »

Alors que la crédibilité de l’Église a été entachée ces dernières années par des scandales, le document final propose d’établir des règles visant à « encourager une culture de transparence » dans l’Église. Sans compromis « respect de la vie privée ou de la confidentialité des personnes »cela doit refléter le souci de plus de gestion « clair, loyal, cohérent et honnête », affirme le texte qui appelle à la mise en œuvre de plusieurs mesures concrètes, comme la production d’audits financiers annuels.

Des rapports, également annuels, devraient détailler les mesures prises pour protéger « mineurs et personnes vulnérables ». Le document propose en outre de généraliserr « formation spécifique » pour ceux qui travaillent en contact avec eux.

« Ministères et missions » Les dirigeants catholiques devraient être soumis à des évaluations périodiques. « La nouveauté, c’est qu’il ne s’agit plus de rendre compte uniquement à son supérieur, mais à l’ensemble de la communauté », soutient un théologien au Synode. Signe que cette dynamique de « responsabilisation » s’applique à tous les niveaux, le document évoque la possibilité d’un « évaluation périodique » de la Curie, qui pourrait « concernent également les représentants pontificaux ».

► Explorer un nouveau « ministère d’écoute et d’accompagnement » pour les laïcs

Les contours de cette possibilité « ministère laïc » ne sont pas encore définis. Certains membres de l’assemblée ont proposé de l’orienter sur la réception « de ceux qui sont en marge de la communauté ecclésiale, de ceux qui reviennent après s’être éloignés, de ceux qui sont à la recherche de la Vérité et qui souhaitent être aidés à rencontrer le Seigneur ». Durant cette séance, « deux lignes se dessinent entre les partisans d’une telle revalorisation de la dimension de l’écoute, et ceux qui jugent que cela doit rester la responsabilité de tous les baptisés » et ne nécessite pas de ministère spécifique, résume un père synodal. Ces « divergences », évoquées par le texte, nécessitent la poursuite du « discernement ».

Revenant sur la table à plusieurs reprises ce mois-ci, la proposition de créer un « ministère de la prédication » – qui aurait notamment permis à des laïcs, hommes ou femmes, de prononcer des homélies – n’a pas été incluse dans le texte final. Cependant, il a été mentionné dans leInstrument de travail, le document de travail qui sous-tend les échanges.

► Rendre obligatoires les conseils pastoraux et diocésains

Le document appelle à « le rendre obligatoire » la création, dans un rôle efficace, de conseils paroissiaux, diocésains ou même de leurs équivalents pour les affaires économiques. « Cela a été demandé à toutes les étapes du processus synodal. » rappeler aux rédacteurs, qui souhaitent que ces organes « peuvent jouer pleinement leur rôle, et pas seulement de manière purement formelle ».

Par ailleurs, la synthèse finale souligne qu’une « attention particulière » doit être inclus dans les termes de nomination des membres de ces conseils. « Lorsqu’une élection n’est pas prévue, indique le document, il convient de mettre en œuvre une consultation synodale qui exprime autant que possible la réalité de la communauté ou de l’Église locale. »

Sur ce point, le texte est devenu moins restrictif. L’instrument de travail recommandait en effet que plus de la moitié des membres de ces conseils ne soient pas choisis par le prêtre ou l’évêque. « La majorité des membres » les organes participatifs de l’Église locale ne devraient pas être nommés « par autorité (évêque ou prêtre), mais (…) choisi d’une autre manière pour représenter la réalité de la communauté ou de l’Église locale.

► Favoriser la tenue « régulière » de synodes diocésains

L’assemblée invite au développement de synodes diocésains, qualifiés d’instances « consultation régulière par l’évêque ». Ce dernier pourrait faire état de ses initiatives en matière de protection des mineurs, de finances, ou encore d’administration des biens. Le document recommande que ces consultations locales puissent avoir lieu « régulièrement, pas rarement. »

Une première version du document, qui La Croix a pu consulter, a recommandé l’organisation de ces événements chaque « trois à cinq ans ». Et surtout prévu de les rendre « obligatoire ». « Cet aspect a soulevé des résistances internes : ces procédures locales sont souvent lourdes et exigeantes sur le plan administratif ou humain dans les diocèses » justifie une source au Synode.

► Rappelons que les évêques « peuvent déléguer » et clarifier le rôle de leurs auxiliaires

Dans un sous-chapitre consacré au ministère de l’évêque, le texte rappelle la nécessité de « clarifier le rôle des évêques auxiliaires et élargir les tâches que l’évêque peut déléguer. » Plus largement, l’Assemblée synodale recommande d’offrir aux évêques « cours de formation continue » adaptés aux contextes.

Elle propose en outre que leur ordination épiscopale ait toujours lieu dans leur diocèse de destination – et non plus d’origine comme c’est encore la coutume dans certaines parties du monde. La proposition de constituer un «Conseil des évêques émérites», initialement envisagée, a été écartée cette semaine – même si le texte appelle à « valoriser » l’expérience de ces derniers.

► Former un Conseil des représentants des Églises orientales autour du Pape

Alors que les relations entre Rome et les représentants des Églises orientales s’avèrent parfois houleuses, le document propose la création d’un «Conseil des Patriarches et Archevêques et Métropolites majeurs des Églises catholiques orientales» autour du pape. Une manière de promouvoir « la communion » et « le partage d’un héritage liturgique, théologique, canonique et spirituel commun », décrit le texte, qui aborde la question délicate de « la migration de nombreux fidèles orientaux vers des régions de rite latin », au risque de « compromettant leur identité ».

Pour répondre à cette problématique, le texte appelle notamment à « renforcer autant que possible la collaboration entre l’Église latine et les Églises catholiques orientales ». Contrairement à ce qui était envisagé dans la version soumise au vote samedi 26 octobre au matin, le document final n’envisage pas de « extension de compétence » de la « Églises sui iuris » dans les diasporas où émigrent les fidèles.

► Organiser un Synode œcuménique sur l’évangélisation

En termes d’œcuménisme, le document imagine « des formes de consultation et de discernement sur des questions d’intérêt commun et urgent, comme pourrait l’être la célébration d’un Synode œcuménique sur l’évangélisation ». Une dynamique qui devrait être à l’œuvre dans les conseils paroissiaux et diocésains : « Il peut être approprié de planifier la participation (dans ces instances locales) de délégués d’autres Églises et communions chrétiennes, comme cela s’est produit lors de cette Assemblée synodale », dit le texte.

Le 1.700e anniversaire en 2025 du Concile de Nicée pourrait être l’occasion de nouveaux événements œcuméniques, tandis que la réflexion se poursuit autour du lancement «des initiatives audacieuses pour une date commune de Pâques». « Nous assistons véritablement à un changement de temps dans l’œcuménisme » acquiesce frère Alois, ancien prieur de la communauté de Taizé, qui note que « le sujet était très présent cette année » dans le sillage du document du dicastère pour l’unité des chrétiens intitulé « L’évêque de Rome », cité dans le texte.

► Créer un « observatoire ecclésial du handicap »

A l’ouverture de cette session d’octobre, ce thème n’était pas à l’ordre du jour. Cependant, le document envisage la création d’un « observatoire ecclésial du handicap », sans fournir de détails, et dit reconnaître « les capacités apostoliques des personnes handicapées qui se sentent appelées et envoyées comme agents actifs d’évangélisation ».

Le texte propose donc de « valoriser la contribution qui vient de l’immense richesse de l’humanité qu’ils apportent ». « Nous reconnaissons, voulait insister sur l’assemblée, leurs expériences de souffrance, de marginalisation, de discrimination, parfois subies au sein même de la communauté chrétienne, en raison de l’expression d’une compassion qui peut être paternaliste. »

► Plus de femmes dans les séminaires et « formation commune » entre prêtres et laïcs

« Tout au long du processus synodal, insiste sur la synthèse, la demande a été largement exprimée que les parcours de discernement et de formation des candidats au ministère ordonné soient configurés dans un style synodal. » Mais comment traduire concrètement ce « style synodal » dans les séminaires ?

Cela devrait impliquer « une présence significative de figures féminines, une insertion dans la vie quotidienne des communautés et une éducation en collaboration avec tous les membres de l’Église », suggère le document, avant d’appeler à une révision de la Ratio fondamentalis Institutionis sacerdotalis, en intégrant les exigences du Synode.

Enfin, le texte recommande de suivre une « une formation intégrale, continue et partagée » qui pourrait rassembler laïcs, clercs, séminaristes…, afin d’encourager une plus grande connaissance mutuelle et une plus grande collaboration.

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