Pilotes, contrôleurs aériens… Comment des milliers de passionnés ont recréé une aviation totalement virtuelle
Les membres de l’International Virtual Aviation Organization (IVAO) poussent le réalisme de la simulation de vol au maximum. Qualifications, procédures, heures de vol. Rien n’est laissé au hasard. Explications avec ces passionnés d’aviation virtuelle.
Alors que Microsoft Flight Simulator 2024 – qui se dévoile peu à peu – promet une immersion totale à ses futurs joueurs, certains n’ayant pas attendu son annonce pour pousser la simulation aérienne à son paroxysme. Au plus près de la réalité.
Cette chasse aux détails, les membres de l’International Virtual Aviation Organization (IVAO) le savent bien. Depuis plus de 25 ans, ils jouent aux pilotes et aux contrôleurs aériens sur les meilleures licences de vol du marché (Simulateur de vol Microsoft, X-Plane et même Préparer3D).
« C’est un peu le reflet de la société », s’enthousiasme Aurélien, 38 ans, à la tête de la branche française d’IVAO depuis janvier dernier. « L’association a pour objectif de proposer aux passionnés de simulation aéronautique un environnement très réaliste. »
« Cet environnement comprend des services de contrôle aérien en temps réel, toutes les informations relatives aux conditions de vol, la formation des apprentis pilotes de ligne, des contrôleurs aériens et une gamme d’événements communautaires », poursuit le passionné d’aéronautique.
Tout est dans le jeu, bien sûr. Même si cela change – ici – de dimension. « Le but est de pousser le réalisme au maximum », explique Aurélien, titulaire d’une licence de pilote privé (PPL) depuis ses 17 ans dans la « vraie vie ».
Des « qualifications » pour évoluer
Mais dans l’IVAO « on vise un public assez large », précise Élodie, qui gère la division française avec Aurélien. « Il y a mijote (joueurs habitués aux simulations, Note de l’éditeur) qui sont là pour se détendre et d’autres qui veulent vivre une véritable expérience de vol. «
Rien ne prédestinait ce chef de projet web de 35 ans à se plonger dans le monde fascinant de l’aviation virtuelle. Et il en va de même pour certains des 3 250 membres du département français d’IVAO.
À l’international, l’IVAO, créée en 1998, compte plus de 250 000 membres et presque autant de divisions qu’il y a de pays dans le monde, avec un âge minimum de 13 ans. « L’entrée est gratuite, on peut commencer à voler au sein de l’organisation sans heures de vol. Mais pour progresser, il faut passer des qualifications », ajoute Élodie.
Les « qualifications » permettent aux membres de l’organisation de devenir contrôleurs aériens ou pilotes virtuels. Il existe différents niveaux, tous conditionnés par la réussite d’un test à choix multiples (souvent en anglais) et d’un (ou plusieurs) examens pratiques.
« Cela demande de l’investissement. Mais après tout, on ne devient pas pilote ou contrôleur aérien sans diplôme. Ce sont des responsabilités », explique Aurélien, dont le père est pilote de ligne chez Air France.
Pour le mijote Pour ceux qui rêvent de devenir pilote de ligne virtuel, il est possible d’obtenir une licence de « pilote privé » (appelée « PP » chez IVAO) après 50 heures de vol en ligne. Elle sera suivie d’une qualification de « pilote privé émérite » (SPP) après 100 heures de vol sur simulateur. C’est l’équivalent de la qualification de vol aux instruments IR-ME (qui permet à ses titulaires de voler partout dans le monde).
Les plus expérimentés pourront tenter de passer l’examen de « pilote commercial » (CP), sorte de licence de pilote de ligne (ATPL), mais dédiée à IVAO, à partir de 200 heures de vol virtuelles. Un sacré défi.
Formation à la « vraie vie »
Les contrôleurs aériens virtuels ne sont pas en reste. La division française d’IVAO propose trois grandes qualifications. L’ADC, une licence de « contrôleur d’aérodrome » (piste et voies de circulation), accessible à partir d’un minimum de 50 heures en ligne en tant que contrôleur. L’APC, un examen pour devenir « contrôleur aérien d’approche » (100 heures). Et l’ACC, la qualification pour devenir « contrôleur aérien régional » (200 heures).
« On essaie de se rapprocher le plus possible des réglementations en vigueur dans la vraie vie, souligne Élodie. On a une grosse base de données qui est mise à jour régulièrement. Évidemment, tout ne peut pas être comme dans la vraie vie, il y a des adaptations pour le jeu. »
Ainsi, le METAR (rapport d’observation météorologique) des aéroports et aérodromes est mis à jour « toutes les 30 minutes », automatiquement. Et les SID/STARS/AIRACS (procédures de vol) sont mis à jour « tous les mois ».
« Il y a des profils qui se forment auprès des membres d’IVAO pour passer des qualifications en situation réelle, notamment les futurs contrôleurs aériens, reconnaît Aurélien. C’est là que la simulation prend tout son sens. »
Mais au-delà de cet apport réaliste, Élodie et Aurélien veulent mettre l’accent sur le côté humain d’une telle organisation. « Il y a plus de vie. L’immersion est totale, on communique avec de vraies personnes et non une intelligence artificielle », précise le premier. « Les gens qui volent sur Simulateur de vol Microsoft« Les gens qui parlent de nous sont souvent dans des discussions parallèles sur Discord, par exemple. Ce qui favorise l’inclusivité », conclut Aurélien.
Doyenne dans le secteur des réseaux de simulation de vol virtuel et de trafic aérien, IVAO est l’une des deux entités majeures avec VATSIM (Virtual Air Traffic Flight Simulation Network) à proposer ce type de service en simulations aériennes.